[Coupole de l'église orthodoxe russe Saint-Nicolas]

[Coupole de l'église orthodoxe russe Saint-Nicolas]
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localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPTL0257 06
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
descriptionAdresse de prise de vue : Eglise orthodoxe russe Saint-Nicolas, 5, rue Sainte-Geneviève, Lyon 6e.
historiqueLes orthodoxes russes de toute la région sont satisfaits : la coupole de leur église Ssint-Nicolas dans la petite rue de la Viabert à Lyon est en effet toute belle. La peinture, qui après sept ans commençait à s'écailler, a été refaite et son bleu brille maintenant comme un ciel de Provence dans ce quartier effectivement très calme mais un tantinet grisâtre. Pour ne pas investir dans un échafaudage dans le seul but de passer quelques coups de pinceau, le père Igor a profité de l'occasion pour fixer sur la coupole deux rangées d'étoiles. Un bon alibi pour se permettre une incursion dans l'architecture religieuse des orthodoxes russes. L'église Saint-Nicolas n'a pas vraiment de style. Elle a été achevée en 1945, après dix années de travaux pour remplacer le local en bois qui avait brulé en 1936. La véritable fonction de ce lieu de culte est donnée par la forme de sa coupole, celle d'un oignon planté à quatorze mètres de haut sur un clocher complètement rectangulaire. Ce n'est pas Moscou et encore moins Sainte-Sophie de Constantinople que l'on peut contempler dans le sixième arrondissement, mais un détail de culture religieuse, très respectueux des traditions. Pourtant, la coupole n'est pas tellement utile en extérieur. Elle est seulement essentielle pour la voûte qu'elle dessine à l'intérieur. A Saint-Nicolas, la voûte est absente. La coupole exprime au dehors la symbolique des églises orthodoxes russes : le Ciel sur la Terre. Voilà pourquoi elle est bleue. Mais pourquoi repose-t-elle sur une forme en tambour, ouverte sur ses côtés par de longues fenêtres ? Celles de Saint-Nicolas sont fausses. Elles jouent encore de leur aspect extérieur pour revenir sur une tradition millénaire : faire reposer la coupole sur un tambour ajouré afin d'éclairer l'intérieure de l'église par ces ouvertures latérales, et donner de la lumière à la fresque qui représente toujours le Christ sur la voûte. Comme il n'y a pas de voûte, il n y a pas de fresque dans l'église Saint-Nicolas. La coupole concentre dans la solitude tout ce que normalement il devrait y avoir dans l'édifice qu'elle domine. Comment ne pas comprendre l'extrême pauvreté de cette religion, à mille lieux de la Russie blanche, des Balkans et de la Turquie, là où son expression est la plus belle. C'est dans ces pays que s'explique la forme en oignon de la coupole. Désireuse d'avoir son identité architecturale, la Russie orthodoxe a laissé évolué cette forme vers le haut avec le risque d'en faire une flèche et d'interdire ainsi toute possibilité d'une voûte intérieure. La forme bombée permet donc à la coupole de s'élever tout en préservant la présence respectueuse de la voûte en son sein. A l'inverse, quand la forme bombée prenait trop d'importance, le champ de bleu devenait trop vaste, désagréable pour l'oeil. Bien que la coupole de Saint-Nicolas ne soit pas très grande, les étoiles ont été plantées pour exprimer encore plus le ciel. Elles sont à huit branches, comme le veut l'art chrétien primitif. Avec elles, la coupole et les étoiles, l'église orthodoxe russe de Lyon ne se met pas vraiment au diapason de l'architecture lyonnaise dont le principe est de ne surtout pas faire paraître à l'extérieur ce qu'il y a à l'intérieur. Au contraire, elle concentre la symbolique de son architecture en son sommet, pour oublier que ses murs intérieurs ne sont pas entièrement recouverts des fresques symboliques que l'on retrouve habituellement dans les oeuvres architecturales de ce culte chrétien. Source : "La coupole de l'église Saint-Nicolas" in Lyon Figaro, 13 octobre 1987, p.11.

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