[Entretien avec le candidat Raymond Barre]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTP0774 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
description De gauche à droite : Alain Buhler, directeur de Lyon Figaro, et Raymond Barre, candidat à l'élection présidentielle de 1988. Adresse de prise de vue : Permanence de Raymond Barre, cours Vitton, Lyon 6e.
historique Lundi 8 février 1988, 11 heures. Raymond Barre annonce sa candidature aux élections présidentielles au Palais des Congrès de Lyon. Puis il va déjeuner en famille chez la mère Brazier. A 15h30, il reçoit trois journalistes de "Lyon-Figaro" à sa permanence du cours Vitton. Pour un entretien de quatre-vingt-dix minutes. C'est sa première interview de candidat. Costume gris à fines rayures, chemise bleue... derrière son bureau, le député de Lyon est détendu. Comme peut l'être celui qui vient de se lancer dans "l'aventure" présidentielle. Début difficile pour cet entretien. Raymond Barre, fidèle à son style un peu bourru, esquive les premières questions. Puis il entre dans le jeu d'une discussion à bâtons rompus, presque exclusivement consacrée aux grands problèmes de société : morale et politique, bénévolat, communication... Le candidat explique notamment qu'il a pris sa décision en 1984 et qu'il a été "confirmé" dans ses intentions en 1986, par les sondages lui accordant de bons scores, malgré ses positions anti-cohabitationnistes. Raymond Barre explique également qu'il se sent en phase avec cette fameuse "génération morale". Et note au passage que la société actuelle, "de plus en plus technicienne" provoque "un malaise des âmes". Ce qui, pour lui, justifie "un retour aux sens des valeurs". Se déclarant favorable à un développement de "l'action associative fondée sur le bénévolat", le député de Lyon évoque aussi le conflit entre morale et politique. En se plaçant dans un registre de responsabilité. Raymond Barre précise qu'en politique "le compromis ne doit pas tourner en compromission". Une allusion dans cette interview à son attachement pour la ville de Lyon où il "a reçu le baptême du suffrage universel". Le candidat parle également des médias. Sans détour, il affiche un certain mépris et une certaine crainte vis à vis de cet "univers" de la communication : "J'ai une telle habitude de ce qui s'y passe que j'ai fini par perdre toute raison d'étonnement... C'est un monde que je préfère laisser abandonné à lui-même. Et je ne voudrais jamais y mettre le petit doigt". Pas question, cependant, pour lui, d'envisager la moindre épuration s'il arrivait au pouvoir. Ni dans les médias, ni dans l'administration. Conclusion de cette heure et demie d'entretien avec une référence au pape Jean-Paul Il, aux "valeurs métaphysiques qui constituent le meilleur comportement dans une société moderne". Et Raymond Barre cite l'Ecclésiaste pour souligner que "sur cette terre tout est vanité". Mais le candidat à l'élection présidentielle ajoute : "la joie de l'âme est dans l'action". Source : "Raymond Barre à bâtons rompus" / Propos recueillis par Alain Buhler, Philippe Brunet-Lecomte et Jeanine Paloulian in Lyon Figaro, 10 février 1988, p.1-6.
note bibliographique Lyon Figaro, 9 février 1988, p.1-3.

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