[Procès Klaus Barbie : salle de rédaction pour la presse]

[Procès Klaus Barbie : salle de rédaction pour la presse]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPT1002A 02
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historiqueLe procès de Nikolaus dit Klaus Barbie s'est déroulé du 11 mai au 4 juillet 1987 devant la Cour d'Assises du département du Rhône, au Palais de Justice de Lyon. C'était la première fois en France que l'on jugeait un homme accusé de crime contre l'humanité. Les charges retenues contre Barbie concernaient trois faits distincts : la rafle opérée à Lyon le 9 février 1943 à l'Union Générale des Israélites de France (UGIF), rue Sainte-Catherine ; la rafle d'Izieu du 6 avril 1944 ; la déportation de plus de 600 personnes dans le dernier convoi parti le 11 août 1944 de Lyon à destination des camps de la mort. Au terme de huit semaines d'audience, Klaus Barbie est condamné le 4 juillet 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité. Il décède le 25 septembre 1991 à la Prison Saint-Joseph à Lyon.
historiqueIls arrivent ! Depuis le 7 mai 1987, Lyon est envahi par les représentants de la presse internationale. On attend entre six et neuf cents journalistes pour couvrir le procès du "bourreau de Lyon". John Stevens est arrivé de Londres, où il est correspondant permanent du journal australien "The Age of Melbourne" (La deuxième ville du pays : on l'appelle le Lyon de l'Australie). Sa première impression : la surprise de voir les rues désertes, en ce long week-end du 8 mai. "Où sont les Lyonnais?'. A peine arrivée, l'équipe australienne a demandé un rendez-vous au sénateur-maire ("Who is he ?), et balisé le terrain pour de nombreuses interviews. Pas le temps de penser à autre chose qu'au procès : John Stevens repart le 13 mai. Peut-être reviendra-t-il au moment du verdict. Même sérieux chez l'équipe de la télévision suisse RTSR. Ils sont venus à six, pour rendre compte des premières audiences, jusqu'à la même date. "On va se contenter de comptes-rendus des audiences, explique Jacques Zanetta, qui assure les reportages en Français. Il ne faut pas trop en mettre. Même ici, les gens de la rue ne paraissent pas très Intéressés. Alors en Suisse...". Il suffit de se balader dans les ruelles du Vieux-Lyon pour se croire transporté sur le chantier d'une nouvelle tour de Babel. A la terrasse d'un bouchon de la place Saint-Jean, une équipe de la télévision américaine NBC devise bruyamment. Deux rues plus loin, un groupe de Suédois déambule, caméra à l'épaule, à la recherche d'une image. Vingt-six pays sont représentés. Le plus fort contingent, hormis la presse nationale, est fourni par les Américains. Il faut dire que chaque chaine à envoyé plus de quarante journalistes et techniciens. Viennent ensuite les Allemands les Britanniques, mais aussi les Suédois, Japonais, Israéliens, etc. Seul le continent africain n'est pas du tout représenté. Quant aux pays de l'Est, ils sont venus en force : Polonais, Hongrois, Allemands de l'Est, et l'équipe de la télévision soviétique qui arrive le 10 mai. Pour accueillir tout ce monde, la municipalité a bien fait les choses. L'Office du tourisme s'est occupé de réserver des chambres correspondant aux goûts des journalistes. Difficile de trouver une chambre libre dans les trois et quatre étoiles du centre-ville ! Au Sofitel, on annonce que près de cent trente des cent quatre vingt quinze chambres de l'hôtel sont occupées par la presse. Même le Cour des Loges a été pris d'assaut : une vingtaine de chambres ont été réservées. A plus de mille francs la nuit, seuls les plus fortunés ont fait ce choix. Le palais Saint-Jean a été transformé en centre de presse. Tout est prévu, de la terrasse avec vue sur la Saône, ornée d'une belle tente rayée de vert et blanc jusqu'à une quantité impressionnante de matériels de transmission (cabines téléphoniques à carte et à pièces, standard ouvert douze heures par jour, télex, télécopieurs, photocopieurs, machines à écrire, etc.). Carole Dufour, attachée de presse de l'Hôtel de Ville, est chargée de veiller au bien-être des "gens de la presse". Au palais Saint-Jean, elle remet à chacun une petite mallette noire contenant des brochures pratiques ("Lyon gourmand", note expliquant le fonctionnement de la Cour d'assises, lieux de cultes et de loisirs, plan de la ville), et une montre "carrefour international". Un souci constant, répondre à toutes les exigences. Le 8 mai au matin, le journaliste Ladislas de Hoyos voulait survoler la ville. II n'avait ni autorisation, ni appareil. A dix-sept heures, son hélicoptère passait au-dessus du palais de Justice. Par ailleurs, presque toutes les équipes de télévision demandent à faire le circuit Montluc-rue-Sainte-Catherine-Caluire-prison-Saint-Joseph. A chaque fois, un guide les accompagne. "Nous ne cherchons pas à détourner les journalistes du procès, explique Carole Dufour. Contrairement à ce qui s'est passé pour la visite du Pape, ils auront de larges plages de temps libre. Si ils veulent faire autre chose, nous sommes à leur service. Nous ne voulons pas les obliger il faire des papiers sur Lyon. Mais si, après le procès, ils rentrent dans leur rédaction en disant : il faut retourner à Lyon, il y a des choses intéressantes à voir, alors la mairie aura fait son travail". Source : "Ladislas et les autres" / Philippe Bordes in Lyon Figaro, 9 mai 1987, p.6.

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