[Jacques Tardi, dessinateur de bandes-dessinées]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPTP3666 04
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
description Vue prise depuis le quai des Célestins (Lyon 2e), rive gauche de la Saône, à hauteur du Pont Bonaparte.
historique Les 5 et 6 février 1988, Jacques Tardi signe ses albums de bande dessinée à la librairie Expériences, rue du Petit-David (Lyon 2e). Mais gares aux apparences : le père d'Adèle Blanc-Sec et le dessinateur de Nestor Burma n'est pas un héros de roman noir. "Tout à fait anarchiste". Lorsqu'on lui pose la question, même tendance à renchérir. Défilent alors les images de ses personnages anti-militaristes dans "La Véritable histoire du soldat inconnu", "Le trou d'obus", "Adieu Brindavoine" et, d'une manière plus générale, l'ensemble de son oeuvre. Ses propos s'inscrivent dans la même perspective : "Mon grand-père corse, venu sur le continent pour la guerre de 14-18, fut toujours un révolté, refusant le curé à l'article de la mort". "Il semble que l'envie de génocide fasse partie du permanent de l'homme" ou : "On vit, on meurt, et je crois plus au coup de rouge qu'à la religion, simple support à l'imaginaire". Pourtant, Jacques Tardi fait plutôt figure de moraliste. N'attendant rien d'après la vie, il veut en profiter. Beaucoup moins ours que l'image complaisamment colportée sur lui ne le montre, il ne dédaigne pas ses semblables. La preuve, c'est ce quartier très foisonnant de Paris où il a établi ses pénates. La preuve, ce sont ces quatre enfants chiliens adoptés contre vents et marées. La preuve, c'est son plaisir à se retrouver dans un bistrot à regarder et entendre les gens. Souvent la cigarette à la bouche, il lui arrive aussi de prendre un cigare après avoir bien mangé. Imprégné de littérature populaire et ayant passé une partie de son enfance dans une Allemagne à la fois encore détruite et déjà en train de se redresser, il demeure très sensible à tout fantastique. Sans accorder une croyance absolue à la science, il est quand même fasciné par elle. Auteur qui se veut proche du peuple sans tomber dans le populisme ou la démagogie, il veut exploiter "le merveilleux scientifique" issu du XIXe siècle, mais avec un regard ironique. A dire vrai, Tardi, comme tous les auteurs, ne s'intéresse guère à la vie des gens heureux : "Je suis plus stimulé par des ambiances tristes". S'il prend de préférence des personnages des années 1910, c'est pour mieux montrer combien "la guerre de 1914 rendit dérisoires leurs occupations antérieures". Et de s'élever à des considérations historicisantes sur "l'événement considérable" que fut cette Grande Guerre et sur toutes les conséquences qu'elle entraîna jusqu'à nos jours. Cela lui permet de s'affirmer aujourd'hui avant tout européen, car il estime que notre continent a trop souffert du "cloisonnement" dans lequel le Traité de Versailles l'a enfermé. Du coup, celui que l'on croyait désintéressé de la chose publique se met à exprimer ses souhaits et ses préférences. Lui que, de loin, on aurait assimilé à un soixante-huitard attardé - position que sa femme ne peut souffrir - se passionne alors pour notre devenir. Ce n'est donc certainement pas un hasard si il a le projet de réaliser, justement avec son épouse, une longue bande dessinée s'articulera autour de... l'Europe ! C'est peut-être sa manière de "canaliser sa violence". Source : "Tardi l'anarchiste qui aime la vie" / Gihé in Lyon Figaro, 6 février 1988, p.55.
note bibliographique Wikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Tardi (consulté le 30-09-2016).

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