[Restaurant "La Mère Vittet" à Perrache]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRP00925 004
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
description Reportage photographique réalisé suite au décès d'Alice Vittet, le 14 février 1989. Adresse de prise de vue : Restaurant "La Mère Vittet", 26, cours de Verdun, Lyon 2e.
historique Dans son restaurant du cours Verdun, une dame d'un certain âge, depuis la table où elle est assise, porte un regard sévère autour d'elle. Le service, l'accueil fait au client-roi, ou encore un pli au bas d'une nappe. Rien ne lui échappe, intransigeante, elle régente tout : "Le travail doit être parfait". C'était encore hier. Bien plus qu'une maîtresse-femme, c'est la dernière "mère" de leur gastronomie que les Lyonnais viennent de perdre. La Mère Vittet. En 1918, la jeune Alice, du haut de ses treize ans, quitte son Isère natale pour Lyon, où elle est vendeuse aux établissements Reynier, spécialisés dans la vente des produits laitiers. Là, elle acquiert le sens du commerce, le contact avec le client et le talent pour composer les plateaux de fromages les plus savoureux. Consciencieuse dans son travail, Alice l'est sans aucun doute. Les clients la remarquent, tout comme ce garçon de courses amoureux, qui la demande en mariage. Pour le meilleur et pour le pire, elle épouse Henri Vittet. 1926, l'époque des projets, de l'enthousiasme partagé. Le couple s'installe à son compte, ouvrant, dans le quartier des Brotteaux, un magasin de beurre, oeufs et fromage, puis une fromagerie aux halles des Cordeliers, jusqu'à la fin de la guerre. Les époux Vittet ont décidément de la suite dans les idées. Et pourquoi pas un restaurant ? Ainsi achètent-ils, rue de la Bourse, le Café du Marché. 1945, l'année où Alice se lance dans la cuisine typiquement lyonnaise, l'année où tragiquement, elle perd son mari. De cette période, elle gardera en elle la pudeur, la retenue, mais aussi l'intelligence du coeur. Désormais rien ne compte plus que son fils et son travail. Le sens des affaires et peut-être le besoin de changer lui font acheter le bar du Majestic (devenu le Savoy), rue de la République. Les gones des années cinquante, particulièrement les étudiants en médecine se souviennent encore des chahuts qu'ils orchestraient chez la "petite mère" complice et adorée. La popularité, Alice Vittet l'a acquise en sillonnant la ville, de quartier en quartier, abordant toute sorte de clientèle, conservant la force de sa personnalité. Elle décide en 1956, de s'installer dans le quartier de Perrache, faisant du Café de Sage, le restaurant dont la renommée est indissociable de l'esprit lyonnais. Chez la mère Vittet, les clients viennent goûter la fameuse cuisine qui fait de Lyon la capitale de la gastronomie. Plus, ils viennent chercher la convivialité, un échange avec la mère qui, depuis la caisse, veille au bon déroulement des opérations. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le service est assuré par le roulement de deux équipes, en salle comme en cuisine. Mais le moment que préfère la Mère Vittet pour travailler, c'est tout de même la nuit, le genre de la clientèle est différent. Des artistes, des hommes politiques, le monde du spectacle, mais aussi "monsieur tout le monde" qui débarque du train avec un petit creux à l'estomac. Tous sont traités avec les mêmes égards, et le savent, une fois repus. Source : "Perrache perd sa mère" / Catherine Guinard in Lyon Figaro, 16 février 1989, p.44.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 18 négatifs.
note bibliographique "La Mère Vittet n'est plus" / M.C.C. in Le Progrès de Lyon, 15 février 1989. - "La Mère Vittet a quitté ses fourneaux" / Pierre Grison in Lyon Matin, 15 février 1989. - "Obsèques de la Mère Vittet" in Lyon Matin, 17 février 1989. - Wikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mère_(restauration) (consulté le 10-05-2016).

Retour