[Chantier de fouilles archéologiques de la place...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon
technique 1 photographie numérique : couleur
historique Après plus d'un an de fouilles archéologiques préventives et la découverte d'une foultitude de mobiliers (céramiques, objets métalliques, de cuir et de bois) datés du XIIIe au XVIIIe siècles et d'une embarcation construite sous le règne de Louis XIV, le site de fouilles préventives de la place Benoît-Crépu à Saint-Georges fait de nouveau l'objet de toutes les attentions. Depuis la semaine dernière plus précisément, et la mise à jour d'un bateau antérieur au IIIe siècle après J.-C. "Exceptionnelle" aux dires de tous, cette découverte qui laissait présager, selon Grégoire Alaya, chef de projet de l'Inrap chargé du suivi des fouilles, la présence d'une autre embarcation, a donné lieu, contre toute attente, à l'exhumation de deux autres bateaux. Vraisemblablement construits eux aussi à la période antique, ces deux barques à fond plat, composées d'éléments en bois de chêne et de sapin assemblés par cloutage, revêtent une importance particulière, peu d'éléments archéologiques de ce type ayant été mis à jour en France jusqu'alors. "Cette découverte est un exemple concret de la batellerie fluviale gallo-romaine, ce qui est assez rare", confirmait [le 20 octobre 2003] Grégoire Alaya. D'ailleurs à Lyon, pourtant capitale des gaules, la plus grosse trouvaille de ce type remonte à la fin des années 1990, lorsque des équipes d'archéologie préventives en fouille sous la place Tolozan avaient exhumé une épave gallo-romaine datée du Ier siècle. Une rareté qui confère à ces pièces antiques, particulièrement bien conservées, une richesse historique sans pareille. En effet, si depuis le début des fouilles, les découvertes successives enfouies dans les différents niveaux de lit de la Saône ont apportés aux archéologues et spécialistes des compléments d'informations permettant de reconstituer, à partir de sources historiques existantes, l'évolution de la berge de la Renaissance à nos jours, la mise à jour des dernières épaves constitue à elle seule une véritable avancée historique. "On avait aucune source documentaire ou iconographique sur cette zone avant le XVIe siècle", insiste l'archéologue en charge du site avant d'ajouter : "L'existence de ces embarcations va apporter de nombreuses informations sur Lyon à cette époque" (Ie, IIe et IIe siècles). Mais quel genre de secrets s'apprêtent donc à livrer ces trois barques enfouies les unes à côté des autres dans une épaisse couche de sédiments ? Seule une analyse approfondie pourra le dire, affirme-t-on ici et là, mais d'ores et déjà certaines hypothèses ont été échafaudées. En effet, la taille de ces trois bateaux, longs en moyenne de 15 mètres et larges de 2,50 mètres, laisse à penser qu'ils étaient jadis utilisés pour le transport de cargaisons importantes sur les eaux intérieures du pays, pouvant avoisiner les quatre-vingts tonnes. Leur présence à cet endroit précis des berges, "dans un environnement naturel peu stable" pourrait ainsi signifier, selon les archéologues, qu'à l'époque gallo-romaine le quartier Saint-Georges bénéficiait de son propre port ou - et c'est une autre hypothèse - d'un simple débarcadère réservé aux livraisons ponctuelles. De toute évidence et quelle que soit la véritable utilité de cette partie du lit de la Saône, l'activité commerciale de Lyon, seulement imaginée jusqu'alors sur la colline de Fourvière, descendait jusqu'au quartier Saint-Georges. Pour en savoir un peu plus sur l'architecture fluviale à l'époque antique et connaître avec précision l'usage fait autrefois de ces bateaux, il faudra désormais attendre que ces trouvailles, véritables témoins archéologiques, révèlent la totalité de leurs informations gravées dans leur bois depuis l'Antiquité. Une étape essentielle qui devrait être confiée dans les semaines à venir au Laboratoire Arc Nucléar de Grenoble, spécialisé dans l'étude, la conservation et la restauration des vestiges. D'ici là, le public lyonnais est invité à découvrir de plus près ces trois dernières découvertes, à l'occasion d'une journée porte-ouverte organisée [le 25 octobre 2003]. Peu de temps après, les trois pièces fluviales, exposées au risque de dessèchement et d'altération, seront découpées par tronçon puis transportées à Grenoble, pour un séjour de restauration d'une durée non définie. Et si tout le monde s'accorde à reconnaître le grande impact muséologique de ces vestiges, nul ne peut prévoir aujourd'hui l'année à laquelle ils seront présentés au public entièrement rénovés. À titre de comparaison, cependant, l'embarcation trouvée jadis sous les pieds du patineur repose toujours à l'heure actuelle dans les bacs du laboratoire grenoblois. Source : "Les barques livrent leur secret" / Elisa Frisullo in Lyon Figaro, 21 octobre 2003, p. 4.
note bibliographique La couzonnaire de Saint-Georges : hommage à Prosper Mérimée, écrivain et archéologue / Grégoire Ayala, Chantal Derycke, Patrick Vighetti, 2004 [BM Lyon, 6900 Z1 AYA].

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