[Ancien siège social d'Aventis-Pasteur à Gerland]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon
technique 1 photographie numérique : couleur
description Adresse de prise de vue : Siège Avantis-Pasteur, 58, avenue Leclerc, Lyon 7e.
historique Depuis trois ans à Lyon, le ministère des Finances a enchaîné des opérations immobilières pour le moins hasardeuses, en ces temps de rigueur budgétaire prônée par le gouvernement. Le 10 avril 2000, Bercy achète pour près de 5 millions d'euros l'ancien siège social d'Aventis-Pasteur à Gerland. Assis en bordure du Rhône, l'immeuble de huit étages doit accueillir la Direction régionale de la concurrence, consommation et répression des fraudes (DRCCRF) et la chambre régionale des comptes. En trois ans, ni l'une ni l'autre n'y mettront les pieds. La Répression des fraudes a préféré s'installer avenue Thiers dans de luxueux locaux dont le loyer annuel atteint 550.000 euros. De son côté, la chambre régionale des comptes continue de débourser 500.000 euros par an pour rester rue Garibaldi. [Le 28 octobre 2003], l'immeuble de Gerland a été vendu aux enchères pour un montant de 5,85 millions d'euros. Soit un bénéfice apparent de 1 million d'euros, rapidement englouti par une seule année de loyer de la DRCCRF et de la chambre régionale des comptes. Le ministère des Finances semble s'être réservé de beaux déficits devant lui à Lyon.
note à l'exemplaire Une acquisition immobilière à Gerland sans lendemain et des loyers élevés dans les IIIe et VIe arrondissements : en ces temps de rigueur budgétaire, le ministère des Finances fait un peu figure d'arroseur arrosé entre Rhône et Saône. Alors que le gouvernement Raffarin tente de freiner des quatre fers les dépenses publiques, une récente série d'opérations immobilières de Bercy pour le moins hasardeuses pourrait faire tache à Lyon. Le 10 avril 2000, la Direction du personnel et de la modernisation de l'administration (DPMA) du ministère des Finances achète l'ancien siège social d'Aventis-Pasteur situé avenue Général-Leclerc, en plein Gerland. Assis en bordure du Rhône, le bel immeuble doit accueillir la Direction régionale de la concurrence, consommation et répression des fraudes (DRCCRF) et la chambre régionale des comptes. En trois ans, ni l'une ni l'autre ne mettront les pieds dans les 6400 mètres carrés du bâtiment de huit étages. L'opération a pourtant un coût : 4,73 millions d'euros. Auxquels se greffent des frais d'architecte, le prix des hypothèques et le coût d'un appel d'offre européen. Sans compter les charges correspondant à l'entretien (chauffage, éclairage, gardiennage, télésurveillance...) d'un bâtiment sans habitant, trois années durant. La note, salée, dépasserait les 5 millions d'euros, selon le Syndicat national unitaire (SNU). Fraîchement arrivé à Bercy, Francis Mer, ministre de l'Economie et des Finances, décide de mettre un terme à ce non-sens financier en août 2002. [Le 28 octobre 2003], l'immeuble a été vendu aux enchères à un anonyme pour la somme de 5,85 millions d'euros. La mise à prix avait été fixée à 5,8 millions - autant dire que l'ancien siège d'Aventis n'a pas suscité beaucoup d'effervescence. En théorie, le ministère des Finances vient de réaliser une belle plus value de 1,1 millions d'euros. Et sort financièrement indemne de cette acquisition fantomatique qui, en fin de compte, n'aura servi personne et à personne. Mais voilà : la DRCCRF, qui n'a donc pas quitté son ancien immeuble de la rue Sala - dont elle était propriétaire - pour Gerland, a emménagé en juillet [2003] dans de nouveaux locaux sis avenue Thiers dans le VIe arrondissement de Lyon. De propriétaire, la DRCCRF passe locataire et devra débourser annuellement la somme rondelette de 550.000 euros (hors charges) pour son loyer. A quoi il faut ajouter les travaux d'aménagement, l'installation informatique et les quelques modifications inévitables que nécessitent une délocalisation de cette ampleur. "On aurait pu trouver quand même moins cher", persifle un fonctionnaire lyonnais. "Oui, on a de la place, la climatisation, une belle baie vitrée... Mais d'un point de vue de citoyen, c'est inadmissible. C'est de l'argent public et l'on s'en fout ! C'est ce que l'on appelle la routine administrative. A Paris, personne ne regarde. C'est du gâchis", continue-t-il, désabusé. De son côté, la chambre régionale des comptes, dont la mission - rappelons-le - est de vérifier l'hygiène de la gestion de l'argent public, ne bouge pas d'un centimètre. Elle décide de rester dans ses vieux locaux de la rue Garibaldi. "Il y a pourtant urgence, commente le président Bernard Levallois. Nous sommes dans du provisoire depuis vingt ans ! Nous sommes les derniers dans ce cas-là en France". A l'inverse de la DRCCRF, la chambre régionale des comptes, qui aurait pu devenir propriétaire si elle s'était installée à Gerland, demeure locataire. Elle continue ainsi de payer un loyer de 500.000 euros chaque année. A la charge, bien sûr, du contribuable. Un bref calcul permettra donc de constater que le bénéfice de 1,1 million d'euros engendré par la vente aux enchères d'hier matin est englouti par une seule année de loyer cumulé de la DRCCRF et la chambre régionale des comptes. Le ministère des Finances semble s'être réservé de beaux déficits devant lui à Lyon. Sources : "Les mauvais calculs de Bercy" / Fabrice Arfi in Lyon Figaro, 29 octobre 2003, p.1-2.

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