[Galerie de tapis Samani, rue Auguste-Comte, à Lyon]

[Galerie de tapis Samani, rue Auguste-Comte, à Lyon]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon
technique1 photographie numérique : couleur
descriptionAdresse de prise de vue : Galerie Samani, 7, rue Auguste-Comte, Lyon 2e.
historiqueChaque année, René Samani nous re-raconte l'histoire. Il était une fois des nomades, il était autrefois des grands khans et dans un Orient de déserts ou de palais se sont noués les fils des tapis. Chaque année, on croit la connaître l'histoire et pouvoir sauter un épisode. On a tort. De ses réserves, l'antiquaire de la rue Auguste-Comte extrait pour chacune de ses expositions des pièces qui éclairent des thèmes et des logiques différentes. Il choisit un siècle d'or, une géographie précise, une cohérence et la magie à chaque fois opère. Cette fois, il a adopté le désordre, suivi les pérégrinations d'un seul homme qui eut à composer avec les aléas des chemins, des mers et des guerres : Marco Polo. Et l'idée tient la route, les recoupements s'opèrent puisque, pour le Vénitien d'un XIIIe siècle finissant, comme pour le Lyonnais d'aujourd'hui, il s'agit bien d'ouvrir les yeux de leurs contemporains. Lu par tous les grands voyageurs et des sédentaires incrédules, le "Livre des merveilles du monde" a élargi l'univers. Le mirifique récit de Marco Polo, qui n'est pas de sa plume et qui parfois rêve les paysages plus qu'il ne les parcourt, s'inscrit aux frontières du tangible et de l'imaginaire, tisse le vrai et la légende dans un même mouvement. Or, un tapis est fait d'identiques matières. De la laine, de la soie pour le concret de la chose ; la suite étant affaire de construction mentale sur laquelle viennent interférer les traditions et les usages. Ainsi, [du 26 octobre] et jusqu'au 24 novembre [2001], la boutique Samani est celle des merveilles d'un monde. Le voyage commence aux portes de l'Empire Ottoman, fait halte à Laïas, frôle l'Arménie, descend jusqu'aux confins du détroit d'Ormuz, chemine vers le Haut Afghanistan sur les plateaux du Pamir, traverse le désert de Gobi et s'achève en Chine. Depuis que les Polo, père, oncle et Marco sont passés par là, sept siècles ont trituré les territoires, fait transiter des savoirs d'une tribu l'autre et seule la science d'un grand négociant permet de démêler ce qu'un "gul" ou motif doit aux Beloutch ou aux Mauri. René Samani sait cela, il croit aussi qu'embargos, intégrismes, talibannisme ou post maoïsme n'arasent que de façon transitoire la créativité des ateliers. Comme si le "tapis vrai" était éternellement promis à avoir le dernier mot sur un marché de collectionneurs au long cours. Tous les exemplaires exposés illustrent cette profession de foi. Les somptueux et leurs veloutés de soie, les usés, les décolorés et même ces kilims de caravane qui défient les modes et le temps. Source : "La boutique des merveilles du monde" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 26 octobre 2001, p.5.

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