[Université Lyon II Lumière. Vote pour la procédure...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon
technique 1 photographie numérique : couleur
historique Le 3 novembre 2000, le conseil d'administration de Lyon II a demandé à une large majorité au président Bruno Gelas d'entamer une procédure d'annulation de l'épreuve de soutenance du DEA de l'éditeur Jean Plantin, condamné en juin 2000 pour contestation de crimes contre l'Humanité. Celle-ci se fonde sur une irrégularité constatée, soit l'absence d'un des membres du jury à cette soutenance. Après la prudence et les hésitations, le souci de clarification a prévalu à l'université Lumière qui reconnaît donc un manque de vigilance dans la délivrance d'un diplôme mais ne veut pas que l'on puisse mettre en doute son engagement dans la lutte contre le négationnisme. En mai 2000, le même vote du conseil d'administration n'avait pas été suivi d'effet, mais le contexte polémique avait, depuis, conduit à trop d'amalgames et contraint Lyon II à sortir d'une réserve toute universitaire...
historique Politiquement et stratégiquement, il y a certainement eu erreur dans la gestion du dossier de l'affaire Plantin de la part de l'université Lyon II. A force d'atermoiements, de silences, les prudences de l'université Lyon II ont pu passer comme une protection, un repli sur soi très féodal, - on a parlé de mandarinat - un refus d'autocritique et ont prêté le flanc aux interprétations les plus diverses. Les accusations ont été parfois virulentes et même exagérées, mais néanmoins l'université Lumière aurait gagné à adopter une ligne de conduite claire dès le départ. Car on a eu souvent l'impression dans cette affaire, de piétiner, alors que Jean Plantin, condamné en juin pour contestation de crimes contre l'Humanité fait paraître régulièrement de nouveaux numéros de sa revue négationniste. Le conseil d'administration s'est tout de même prononcé hier à une large majorité pour le lancement d'une procédure en annulation du DEA. Après expédition des affaires courantes, le débat a commencé à 15 h 15 et ne s'est achevé que deux heures plus tard. Sur quarante-deux votants, trente-neuf ont voté pour, deux contre et une abstention. Le CA a donc demandé officiellement au président de l'université "de procéder à l'annulation de l'épreuve de soutenance de mémoire du diplôme de DEA de Jean Plantin en raison d'une irrégularité constatée, affectant la soutenance au regard des textes alors en vigueur (absence d'un des membres)". La demande d'annulation se base en effet sur une irrégularité dans le déroulement de la soutenance puisqu'il manquait un des membres du jury. Un diplôme n'est reconnu comme définitif qu'une fois retiré son attestation. Pour le DEA, il en va comme pour le bac. Or, Jean Plantin n'a pas encore retiré son diplôme ce qui rend possible la procédure mais rend également possible un recours en contentieux de Jean Plantin qui peut réclamer à l'université des dommages et intérêts puisque l'irrégularité est due à un dysfonctionnement de l'université elle-même. En votant pour, l'université Lyon II engage donc un vrai combat de procédure dont l'issue n'est pas certaine. Mais elle ne veut plus que son engagement contre le négationnisme soit suspecté. Au-delà, elle accepte enfin de faire un mea culpa concernant un manque de vigilance qui a permis la délivrance de ce DEA, sans pour autant remettre en cause la qualité globale des diplômes délivrés par l'université. Au début de l'affaire la seule sanction effective avait été la démission du directeur de DEA de son poste. Quant au jury, il est bon de rappeler qu'il est certes souverain, mais justement parce qu'il est souverain il est plus que d'autres, engagé de façon déontologique à respecter les règles. Il n'est pas au-dessus des lois... En reconnaissant son erreur, certes un peu tardivement, Lyon II espère sortir sinon grandie du moins lavée de toute opprobre dans cette affaire. Rappelons que le même vote avait eu lieu en mai dernier, mais le président Bruno Gelas n'avait pas suivi la demande du Conseil d'administration. Les spécialistes du ministère lui avait fait entendre que l'annulation ne tiendrait pas et il y avait une certaine réticence de l'universitaire à se lancer dans une procédure d'annulation d'un diplôme, "l'un des actes les plus graves que l'université ait à commettre : sauf à s'inscrire dans des procédures de sinistre mémoire commanditées par un pouvoir ou une idéologie". D'autre part, Bruno Gelas évoquait une sorte d'acharnement contre Lyon II, où fait rage une sorte de combat idéologique entre anti-négationnistes qui est loin d'aider à la clarification du débat. Pourquoi a-t-on réexaminé la situation hier ? La polémique et la pression se sont accentuées. A la rentrée, les associations SOS racisme, l'Unef-ID, l'UEJF, le cercle Marc Bloch, et Ras l'front ont déposé un recours en annulation devant le tribunal administratif du DEA obtenu par Jean Plantin à Lyon II. Par ce recours, ces associations ont fortement critiqué l'attitude de l'université et particulièrement Lyon II et ont forcé le président à réagir. Dans une lettre aux personnels de l'université datée du 3 octobre, le président Bruno Gelas avait annoncé son intention de soumettre à nouveau devant le conseil scientifique puis le conseil d'administration de l'université, le lancement d'une procédure en annulation du diplôme de Jean Plantin. Car, comme l'a constaté un peu tardivement Bruno Gelas, "dans le contexte actuel de vive polémique, cette position aboutit à un contresens total qui va jusqu'à remettre en cause l'engagement actif de l'université Lyon II et de ses présidents successifs contre le négationnisme". Sources : "Clarté à l'université Lumière" / Agnès Benoist in Lyon Figaro, 4 novembre 2000, p.5.

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