[Chevet de l'église Saint-Nizier]

[Chevet de l'église Saint-Nizier]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon
technique1 photographie numérique : couleur
historiqueElle passe pour le plus ancien sanctuaire chrétien de la Gaule : saint Pothin lui-même, premier évêque de Lyon, aurait réuni là, dans la clandestinité, les adeptes de l'Eglise primitive. Légende, pieuse légende sans doute ! L'église Saint-Nizier n'en reste pas moins l'un des plus beaux exemples d'architecture gothique sacrée lyonnaise. Ainsi que le symbole d'un sanctuaire cher aux bourgeois de l'époque médiévale, qui s'assemblaient là face au pouvoir religieux de l'archevêque résidant de l'autre côté de la Saône, en la primatiale Saint-Jean. Certitude de l'histoire : un premier sanctuaire est tôt élevé là, déjà restauré sous Charlemagne. Dédié à Nizier, saint évêque de Lyon sur le tombeau duquel auraient eu lieu des miracles, l'église abrite un chapitre de chanoines dont l'archevêque Louis de Villars fixe en 1305 le nombre à seize. L'édifice actuel est construit à partir du XVe siècle, mais les longs travaux sont encore retardés par la guerre de Cent ans. La Renaissance colle sur la façade un porche central en demi-voûte à caissons, très belle pièce longtemps attribuée à l'architecte lyonnais Philibert Delorme. En 1646, la Ville autorise le clergé à faire élever des boutiques de rapport "depuis le clocher jusqu'à la place de la fromagerie". En 1793, les chanoines chassés, les boulets républicains incendient l'église lors du siège de Lyon. Le lieu devient dépôt de farine avant d'être rendu au culte et de connaître toute une série de réparations, l'installation de boutiques au chevet, la suppression du cimetière qui bordait le sanctuaire à l'Est. En 1855, l'inévitable architecte Claude-Anthelme Benoît rajoute à la façade un pignon central et la complète par une deuxième tour, celle du Sud, en faux gothique de pierre. Le XXe siècle commença... par ne pas faire grand chose. Il fallut attendre 1968 (quelques années avant l'occupation du lieu par les prostituées en colère, épisode qui suscita force commentaires à l'époque) et la chute d'une pierre détachée de la voûte, qui écrasa une paisible chaise en bois, pour que l'on se décidât enfin à entreprendre des travaux, supportés par moitié par l'Etat et par la Ville de Lyon. C'est ainsi que la superbe nef au gothique flamboyant, retrouva toute sa beauté. L'extérieur dut attendre 1992 et le lancement de la restauration complète de la façade principale répartie en deux tranches : la première, d'un montant de 6 millions de francs, visaient les parties hautes, la seconde, pour 1,5 million de francs concernait les parties basses, en particulier le délicat portail central auquel fut rendu tout son éclat. On s'aperçut alors que l'indiscret clocher Sud, celui en simili-gothique mais en vraie pierre de Tournus commis par Benoît, menaçait ruine. Il fallut promptement le consolider pour 1,5 million de francs. L'endémique chantier continua au fil des ans : 1995 pour le ravalement du transept Nord, 1996 pour le ravalement de la partie haute du chevet (avec reconstitution de plusieurs gargouilles décrépites), 1997 pour celui du transept Sud. Puis il fallut bien achever la restauration de la partie orientale de l'édifice, via les couvertures des sacristies le bordant sur la rue Président-Edouard-Herriot. Un chantier conduit à partir de 1999 et qui vient de s'achever. Une nouvelle fois, les maîtres-artisans de l'entreprise Comte se sont employés à dresser l'inventaire des dégâts, à sauver les pierres point trop abimés et à changer celles qui n'étaient pas conservables. L'Etat étant devenu pingre, la Ville dut désormais assurer 60% de la dépense, sur un coût total voisin de 3 millions de francs. Restait à achever le travail mené depuis près de dix ans, en restaurant les boutiques conservées le long du chevet, lieu désuet où les vieux marchands de timbres et de vêtement avaient cédé la place à une sandwicherie peu ragoûtante qu'il fallut convaincre au départ. D'un montant de 2,6 millions de francs, le chantier a décliné les habituels gommages, ragréages, changements de pierre et autres compléments de sculptures disparues, sous l'autorité de l'architecte des Monuments historiques, Didier Repellin et de l'architecte chargé des travaux, Laurent Volay. Grâce à trois impostes des anciennes boutiques conservées sur la partie longeant la rue de la Fromagerie, l'on put reconstituer les portes et les huisseries des boutiques, réalisées par les menuiseries Vigne et la serrurerie Baur. Du plus pur style troubadour comme on l'aimait à l'époque romantique ! Derrière quatre portes pleines, l'on a même réussi a dissimuler les indiscrètes bornes et armoires EDF, France Télécom et tutti quanti, qui défiguraient la place voisine. Enfin, la fontaine accolée au mur de l'église a été remise en eau, la vasque défectueuse changée, l'évocation du compositeur lyonnais Jean-Marie Leclair, né tout près, regravée dans la pierre... même si l'on a cru devoir faire l'économie (bien lyonnaise) d'une dorure du texte. Dans quelques jours, un fleuriste devrait prendre possession de l'ensemble des boutiques devenu un tout cohérent. Après quoi, il conviendra de revenir à l'intérieur du bâtiment : les vitraux crient misère, le chauffage, obsolète, est complètement hors normes, sans parler des chapelles... Source : "Quand le gothique flamboie" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 27 juin 2001, p.30.

Retour