[Jean-Alain Hiver, proviseur du Lycée du Parc]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon
technique 1 photographie numérique : couleur
historique A la tête du lycée du Parc depuis la rentrée 2000, Jean-Alain Hiver veut redonner aux Rhônalpins le goût de la classe prépa dans cet établissement prestigieux qui fait parfois peur aux Lyonnais, tandis que d'autres, venus de toute la France, s'y précipitent. Jean-Alain Hiver, nouveau proviseur du lycée du Parc, a les classes prépas dans la peau. Débusquer et former la future élite du pays, c'est une tâche qui ne le rebute pas. Au contraire. Après avoir mené une carrière au profil original, alternant les séjours dans des lycées français à l'étranger notamment à Tunis ou comme chargé de mission aux services culturels de l'ambassade de France au Kenya et des postes de proviseur adjoint au lycée Champollion de Grenoble ou au lycée Kléber de Strasbourg, il n'a pas eu le temps de s'ennuyer... Et s'il s'est porté candidat au poste de chef d'établissement du prestigieux lycée lyonnais c'est précisément parce qu'avec ses trente divisions, c'est le plus grand établissement de France à égalité avec le lycée Janson-de-Sailly à Paris. Il propose d'ailleurs une gamme très complète de classes prépas, scientifiques, littéraires et commerciales. Avec ses mille deux cents inscrits en classe prépa et ses six cents seconds cycles, le Parc est un lycée à l'atmosphère très particulière. Puisque pour un lycéen, on compte deux élèves de prépas, l'émulation ne peut que régner. "On y trouve une ambiance de travail, de sérieux et de saine détente. Au contact quotidien des prépas, les lycéens dédramatisent et prennent de l'ambition". Originaire de l'Indre, ancien élève de l'ENS Saint-Cloud en section sciences, agrégé de Sciences physiques et Chimie, Alain Hiver a posé son regard sur un lycée "qui fait partie de l'histoire lyonnaise, à laquelle les Lyonnais tiennent énormément. Lyon attend du Parc qu'il soit son établissement phare, d'autant qu'il y a ici tout ce qu'il faut pour avoir des performances et des résultats comparables à Louis-Le-Grand ou Henri IV". Au sein de l'établissement, on doit clairement distinguer le lycée, d'une part, qui obéit au recrutement de secteur et accueille les collégiens de Vendôme et Bellecombe, plus 20% hors secteurs par le jeu des options. D'autre part, les classes prépas venant de trente-cinq départements et, paradoxalement, pas assez de Rhône-Alpes... Car le proviseur a mesuré aussi, notamment à l'occasion des journées portes ouvertes organisées [le 27 janvier 2001], à quel point le lycée du Parc faisait peur... C'était stupéfiant". C'est comme si "la réputation d'excellence du Parc lui nuit un peu dans l'entourage proche. Ce qui est un peu paradoxal car j'obtiens des crédits de la Région", commente le proviseur. "A Lyon, on trouve toujours quelqu'un pour raconter une histoire effroyable sur le Parc, qui date, en fait, d'il y a dix ou quinze ans", constate Jean-Louis Hiver. "On colporte une fausse image". Mais localement, les élèves et leurs parents n'osent pas s'adresser au Parc. "[EN 2000], sur six cents élèves, deux cent trente étaient originaires du Rhône. Une légende circule, comme quoi il n'est pas la peine de présenter un dossier au Parc sans mention très bien au bac", s'insurge par exemple le proviseur. Or il inscrit cette rumeur en faux. Une réputation qui fait par exemple que La Martinière a trois fois plus de candidats issus de l'académie que le lycée du Parc... Un établissement dont les classes prépas ont par ailleurs la cote montante. Effet paradoxal, le lycée du Parc peut parfois devenir moins sélectif qu'un bon établissement de province à la réputation moins prestigieuse. Tout étudiant peut en tout cas actuellement tester ses chances d'être pris dans toutes les prépas de France, grâce à un formulaire identique pour tous "le conseil personnalisé pour une candidature à l'entrée dans une classe préparatoire aux grandes écoles". [En 2000], le lycée du Parc en avait reçu deux mille. Jean-Alain Hiver semble clair dans ses perpectives d'avenir pour le lycée voisin de la Tête-d'Or. "Je ne cherche pas à faire du chiffre, le lycée du Parc n'a pas besoin de faire ses preuves, il les a déjà faites. L'établissement a un rôle de service public. Je ne vais pas éliminer un élève moins bon à partir du moment où on a accepté un élève on passe un contrat moral avec lui, on ne l'élimine pas". Certes, certains élèves "nous quittent au premier trimestre, ils ont parfois un très fort potentiel, mais n'acceptent pas les contraintes, la demande de travail très régulière de la classe prépa". Les chiffres sont consultables sur le site web du lycée. Tout comme le taux de réussite par classes prépas. En revanche le passage en seconde année se fait pour la grande majorité des inscrits. La majorité des départs intervenants au cours du premier trimestre de la première année. Car beaucoup de jeunes bacheliers obtiennent aujourd'hui leur diplôme sans trop forcer et pour eux le contraste est d'autant plus saisissant. Notre difficulté aujourd'hui, c'est qu'il y a toujours la même proportion de bons élèves, mais sans goût et appétence pour le travail". Aussi, le souhait de Jean-Alain Hiver est d'élargir le cercle de recrutement du lycée du Parc. "Il est tout à fait important pour nous de débusquer les futures élites de la nation, ou qu'elles soient". "Des perles sont à trouver dans des établissements modestes, des élèves aux potentiels extraordinaires. Il faut qu'ils aient l'idée de venir ici". Certains viennent déjà du lycée d'Oullins, d'autres de Villefranche. Mais la tâche du nouveau proviseur sera de réconcilier le Parc avec les Rhônalpins... Source : "Le paradoxe du lycée du Parc" / Agnès Benoist in Lyon Figaro, 31 janvier 2001, p.7.

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