[La pompe de la place Grolier]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0546 S 0214
technique 1 photographie négative sur verre : noir et blanc ; 21 x 27 cm
historique Pompe Grolier. Claude Marion, architecte ; Savy & Pitance, entrepreneur ; 1804-1806. Démolie en 1913.
historique Pour approvisionner le quartier en eau et décorer la place, la municipalité lyonnaise confie à Claude Marion (1746-18I7), architecte de la division du midi de 1803 à 1805, le projet d'une pompe monumentale dont il donne le dessin et le devis estimatif le 25 vendémiaire An XIII (17 octobre 1804). L'adjudication des travaux est ouverte le 14 brumaire (4 novembre) et, le 9 frimaire, l'entreprise Savy & Pittance s'engage à construire le monument pour la somme de 10.300 francs, avant le 1er messidor An XIV (20 juin 1806). En 1865, ce monument est dans un état critique. A. Desjardins propose de le restaurer. Le 3 mai I870, il fournit un devis mais la guerre éclate et la restauration est renvoyée aux calendes grecques. Le 5 août 1874, A. Hirsch met au point un nouveau projet de restauration, sans plus de succès. La fontaine survit jusqu'au XXe siècle. Mais après la mort du docteur Gailleton en 1904, la municipalité décide d'élever un monument à sa mémoire sur la place Grolier. La pompe est embarrassante, cependant les premiers projets ne comportent pas sa démolition et au cours de la séance du Conseil municipal du 22 juillet 1907, le nouveau maire, Augagneur, juge bon de la conserver : "Elle n'est pas merveilleuse, mais c'est une pièce intéressante qu'il y a lieu de ne pas faire disparaître." Le temps passe, les avis changent. En décembre 1912, il n'est plus question que de la conserver provisoirement. Gérard, Directeur des Cultures, doit aménager sur la place un jardin destiné à compléter le monument ; la fontaine l'embarrasse et en janvier 1913, il déclare : "Cet édifice [...]fait perdre au spectateur placé sur le pont de l'Université la vue d'une grande partie du monument Gailleton [...] Examiné dans le détail il se trouve dans un état de délabrement extrême, les pierres en sont profondément rongées, atteintes d'une lèpre hideuse, les colonnes sont prêtes à tomber, l'une d'elles a été consolidée avec un pâté conique de mortier qui jure encore davantage qu'une pièce neuve sur la guenille d'un miséreux. Cette fontaine n'est qu'une ruine [...]". L'architecte de la ville penche aussi pour la démolition, mais (heureuse époque!) il "craint le public". Le maire finalement se rallie "à la majorité" et dans un rapport de février 1913 déclare bravement que cette fontaine ne présente aucun intérêt artistique ou archéologique... Elle est de plus dans un état de délabrement complet ; sa restauration serait coûteuse... sa disparition s'impose donc". Le projet de démolition prévoit cependant que la fontaine sera démolie avec soin dans l'hypothèse où l'administration déciderait sa réédification en un autre point de la ville. C'est ce qui est fait le 13 juin 1913 : Guillemain, conducteur des travaux de la ville, fait déposer les éléments démontés du monument "au dépôt fermé cours Charlemagne, à l'angle du cours Bayard. Il en coûte 608,21 francs. Source : Le monument public français : l'exemple de Lyon / Gilbert Gardes, 1986 [BM Lyon, 6900 E2 GAR].
note à l'exemplaire Claude Marion décrit lui-même, en 1804, le monument : "Cette fontaine d'une masse à peu près carrée sera isolée et située au milieu de la place, sur une grande marche saillante qui servira à l'écoulement des eaux. Aux angles de cette marche seront posés des chasse-roues. Cette marche servira d'empâtement à un double socle en pierre de taille à quatre faces, au-dessus duquel s'élèvera en retrait la masse de la fontaine, aussi en pierre de taille et qui sera couronnée par une corniche avec sa frise, surmontée d'un socle et d'un double gradin. La principale face de cette fontaine, du côté du Rhône (est), sera décorée au-dessus des deux socles d'une niche et d'un petit bas-relief placé dans un renfoncement pratiqué au-dessus de la niche. Un jet d'eau sortira par la bouche d'une tête de mascaron, placée sur le deuxième socle. Sur la face opposée (ouest) et dans la partie correspondante à l'emplacement de la niche on pratiquera l'ouverture de la porte par laquelle doit se poser le mécanisme de la pompe et au-dessus sera fixé le point d'appui du balancier. Les deux faces latérales, au nord et au midi, seront ornées chacune de deux colonnes isolées en marbre avec leurs bases et leurs chapiteaux. Les chapiteaux seront en congellation. Ces colonnes seront supportées par la saillie de deux socles inférieurs et couronnées par une frise et une corniche surmontée d'un fronton triangulaire sans aucun ornement. Au-dessous des deux colonnes et à hauteur du premier socle sera posé un bachat carré recevant l'eau que jettera une tête de mascaron placée sur le deuxième socle. Entre les deux colonnes sera creusée une petite voussure formant coquille, de laquelle tomberont des congellations". Le projet de restauration de 1874 conserve au monument son aspect général mais enrichit sa décoration en introduisant dans la niche de la façade une nymphe avec une urne et un dauphin et en sculptant un nouveau bas-relief sur le motif de deux chevaux marins affrontés, un peu comme la frise du monument funéraire de Glanum. Source : Le monument public français : l'exemple de Lyon / Gilbert Gardes, 1986 [BM Lyon, 6900 E2 GAR].

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