Née en 1753 en Alsace et issue d’un milieu populaire, rien ne destinait Catherine Hubscher, d’abord repasseuse, cantinière et blanchisseuse, à être un jour l’épouse d’un maréchal de France. Elle se marie en 1783 avec François Joseph Lefebvre, sergent aux gardes françaises. La Révolution puis l’ascension de Bonaparte vont bouleverser la vie du couple. Le nouvel empereur élève en mai 1804 à la dignité de maréchal l’ancien sergent des armées royalistes. Son épouse devient par la même occasion madame la maréchale Lefèbvre. D’un tempérament haut en couleur, elle ne laisse pas indifférents ses interlocuteurs de par son verbe haut et fleuri. Son franc-parler est tout aussi affirmé et elle ne manque pas de dire tout haut ce qu’elle pense, fût-elle face à d’éminents personnages comme Talleyrand ou l’empereur lui-même. Ses manières populaires gênent très vite au sein de la cour impériale, mais elle garde la faveur de Napoléon qui apprécie sa franchise naturelle. Il n’en fallait pas plus pour que le personnage suscite l’imagination des écrivains. Victorien Sardou et Emile Moreau créent une pièce à succès en 1893 en donnant à Catherine Hubscher le surnom de "Madame Sans-Gêne", appelé à une grande fortune. Edmond Lepelletier adapte le spectacle en roman l’année suivante et Jules Chéret crée pour l’occasion une affiche où figure le personnage principal, précieusement vêtu et représenté sous les traits de la comédienne Réjane qui interprétait le rôle dans la pièce de Sardou. C’est avec cette composition que l’actrice gagna sa popularité, et sa prestation fut qualifiée d’incomparable par les critiques unanimes. Pour une fois, Napoléon se contente du second plan de l’affiche, représenté assis dans une semi-pénombre, comme pour laisser éclater la personnalité et l’ascendant qu’exerce sur lui "Madame Sans-Gêne".

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