[Inauguration de la Grande mosquée de Lyon]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT2781B 24
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
description Adresse de prise de vue : Grande mosquée de Lyon, 146, boulevard Pinel, Lyon 8e.
historique Un Charles Pasqua en chaussettes qui mange des dattes et boit du lait de chamelle, l'image est peu banale. Un ministre de l'Intérieur qui se fait remettre les clés d'une mosquée, le symbole est encore plus inhabituel. C'est ainsi qu'à débuté la cérémonie d'inauguration de la grande mosquée de Lyon. Et si le ministre de l'Intérieur, chargé des cultes, était venu apporter la caution de la République, il a également réclamé des garanties en échange. Ainsi a-t-il placé son discours sous le double signe "du respect mutuel et de la compréhension réciproque". "L'islam est aujourd'hui une réalité française", a déclaré le ministre de l'Intérieur "parce que c'est pour une grande part une religion de français". Charles Pasqua a ainsi appelé de ses voeux la structuration de la communauté musulmane, à l'instar de ce que connaissent les autres religions et "qu'elle suscite en son sein, librement, des institutions représentatives pour les pouvoirs publics". Parce que la grande mosquée de Lyon est un signal pour les musulmans, que son grand mufti a vocation à faire autorité, leur influence peut être déterminante en ce sens. Le Cheik Abdelhamid Chirane, et avant lui le président de l'Aclif, Rabah Khéliff, ont eux aussi dans leur discours souhaité ce rayonnement fraternel d'un islam tolérant et rassembleur. Le ministre de l'Intérieur a égaiement saisi l'occasion de son appel pour souhaiter que soit rattrapé le temps et que soit proposé aux musulmans un concordat avec la France, accord qui se fonderait "pour la France sur la reconnaissance d'une réalité musulmane composée en majorité de citoyens français, et pour l'islam, de l'acceptation pleine et entière de la réalité française, c'est-à-dire de ses principes laïcs et républicains". Ces principes et ces valeurs de l'Etat français, le ministre de l'Intérieur les a longuement rappelés. Laïcité, respect, justice, tolérance et droits de l'Homme ont martelé son discours. Mais il y a un principe sur lequel Charles Pasqua a longuement insisté, celui de "la conception de l'Homme que la République place au-dessus de tout, puisque c'est son principe fondateur", référence à peine voilée. "Ou bien on accepte cette exigence morale des droits de l'Homme, ou bien on se met en marge de la communauté nationale", a mis en garde le ministre de l'Intérieur. "La France exige sans doute davantage que d'autres pays occidentaux, que le développement séparé des communautés, qu'elles soient religieuses ou ethniques, ne heurte pas. Nous avons, nous, une autre conception de notre communauté nationale, et nous n'entendons pas en changer. Ceci impose tout d'abord que les mêmes lois s'appliquent à tous ceux qui vivent sur notre territoire, et ces lois concernent la vie publique et la vie civile. Les musulmans de France, mais aussi les fidèles des autres religions, catholiques, protestants, juifs, orthodoxes, hindouistes, bouddhistes, respectent cette loi depuis toujours, qui leur interdit cependant des pratiques ou des coutumes qui ont cours ailleurs. Il est possible, il est même d'une certaine façon légitime, que certains considèrent qu'ils ne peuvent pas vivre ou exalter leur foi ainsi qu'ils le souhaiteraient sur notre territoire. Il leur faudra dans ce cas aller pratiquer là où c'est possible. Votre jurisprudence elle-même ne dit-elle pas : à celui qui est maître d'un territoire, tu dois obéissance?", a rappelé le ministre. de l'Intérieur. Avant d'affirmer que "la France n'est pas une terre de mission, encore moins un espace à conquérir". Si Charles Pasqua a situé son intervention dans un cadre national demandant à chacun de veiller "ensemble à ce que l'exaltation de quelques-uns ne nuise pas à l'harmonie de tous, et que l'arbre intégriste ne cache pas la forêt de cet islam modéré", Michel Noir avait balisé le terrain. En rendant hommage au combat sage des comités de riverains, mais en montrant du doigt ceux qui "brûlent du désir d'agiter les peurs autour de l'intégrisme islamique et d'accuser de mainmise de l'étranger. C'est vous, monsieur le Grand Mufti, qui leur répondrez en démontrant que l'islam est une religion de l'amour de l'autre, et que votre attachement aux valeurs républicaines et aux lois en vigueur est infrangible ". En fin de matinée et à l'issue d'une joyeuse pagaille méditerranéenne où les personnalités avaient bien du mal à se frayer un passage tant la foule des invités voulait approcher de près, la mosquée était rendue aux fidèles pour la première prière de consécration de la mosquée. Plus de 2 500 fidèles invités, là aussi triés sur le volet, qui dès avant la fin de l'inauguration officielle se pressaient déjà au portail de la mosquée. [Le 1er octobre 1994], celle-ci sera ouverte à l'ensemble des musulmans. Source : "Tolérance et fermeté" / Frédéric Poignard in Lyon Figaro, 1er octobre 1994, p.1.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP07040C.
note bibliographique "Agitations d'avant inauguration" / Frédéric Poignard in Lyon Figaro, 12 septembre 1994, p.2. - "L'heure de vérité au pied du Minaret" / Frédéric Poignard in Lyon Figaro, 30 septembre 1994, p.1-3. - "La grande famille" / Nathalie Blanc in Lyon Figaro, 1er octobre 1994, p.3.

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