"La Saône", de Guillaume et Nicolas Coustou

"La Saône", de Guillaume et Nicolas Coustou
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0910 001 00238
technique1 photographie numérique : couleur
historiqueEn 1686, le consulat lyonnais commande une statue équestre de Louis XIV, destinée à trôner au centre de la nouvelle place Louis-le-Grand, aujourd'hui place Bellecour. La place, le monument équestre et les façades des bâtiments les entourant sont dessinés par Robert de Cotte, premier architecte du roi. La statue, réalisée par Martin Desjardins, est livrée à Lyon en 1701 et inaugurée en 1713. En 1714, le maréchal de Villeroy, gouverneur du Lyonnais, commande deux allégories en bronze de la Saône et du Rhône aux sculpteurs Nicolas et Guillaume Coustou. Ces sculptures monumentales - pesant respectivement 1,5 et 2 tonnes - sont destinées à orner le piédestal de la statue équestre de Louis XIV. En 1721, les bronzes sont installés sur les flancs d'un piédestal monumental en marbre sculpté par le Lyonnais Marc Chabry et agrémenté de trophées en bronze évoquant l'industrie de la soie. Durant la Révolution française, la statue équestre de Louis XIV est fondue et transformée en canons. "Le Rhône" et "La Saône" sont sauvés par le maire de Lyon, Louis Vitet, et mis à l'abri dans l'atrium de l'hôtel de ville. En 1825, une nouvelle statue équestre, réalisée par François-Frédéric Lemot, est inaugurée place Bellecour. Lemot obtient que "Le Rhône" et "La Saône" ne soient pas réinstallés à ses côtés. Ainsi, ils ne rejoignent la place Bellecour qu'en 1957, à l'initiative du maire de Lyon, Édouard Herriot.
historiqueD'origine lyonnaise, les sculpteurs Nicolas et Guillaume Coustou ont accédé aux plus grandes commandes pour les demeures royales et les églises parisiennes, sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV. Issus d'une lignée de sculpteurs sur bois lyonnais, Nicolas et Guillaume Coustou quittent tous deux Lyon très jeunes. Ils rejoignent à Paris leur oncle Antoine Coysevox, sculpteur d'origine lyonnaise qui dirige alors l'Académie royale de peinture et de sculpture. Devenus membres de l'Académie royale, les deux frères participent aux prestigieux travaux de décoration des châteaux de Versailles et de Marly, ainsi qu'à ceux de grandes églises parisiennes telles que la cathédrale Notre-Dame, Saint-Louis-des-Invalides, Saint-Roch et Saint-Paul-Saint-Louis. Ils ont rarement collaboré à une même oeuvre, mais se sont associés pour la création des allégories de la Saône et du Rhône, auprès desquels ils posent avec fierté dans leurs portraits peints par Jean Le Gros et Jean-François Delyen. De manière allégorique, les frères Coustou représentent la Saône sous les traits d'une jeune femme et le Rhône sous ceux d'un homme d'âge mûr. Comme ils l'ont fait précédemment au château de Marly (Yvelines), ils renouent avec une tradition remontant à l'Antiquité, illustrée par les sculptures antiques représentant le NiL ou le Tibre sous la forme de dieux-fleuves. Cet usage s'est poursuivi jusqu'à nos jours, comme en témoignent de nombreuses oeuvres.
historiqueDerniers exemples de sculpture monumentale en bronze du 18e siècle encore à l'air libre dans l'espace public et accessibles de plain-pied, "La Saône" et "Le Rhône" ont subi des dégradations qui les ont grandement fragilisés. En juin 2021, leur état critique a justifié leur mise à l'abri au musée des Beaux-Arts. Les deux oeuvres ont fait l'objet d'une restauration comprenant dépoussiérage, décrassage, élimination des graffiti, inscriptions et autocollants, mais aussi des produits de leur corrosion et enfin protection de leur surface. La très grande qualité plastique de "La Saône" et du "Rhône" des frères Coustou, alliée à la perfection de leur fonte, en font de véritables chefs-d'oeuvre de la sculpture française au tournant du 18e siècle. Ces pièces sont d'autant plus précieuses que la quasi-totalité des oeuvres érigées sur les places royales aux 17e et 18e siècles ont été détruites à la Révolution. Hormis les "Quatre Captifs" de Martin Desjardins du musée du Louvre, qui figuraient sur le piédestal de la statue pédestre de Louis XIV, à Paris, place des Victoires, "La Saône" et "Le Rhône" sont seuls à subsister de ces ensembles monumentaux. L'entrée dans les collections de "La Saône" et du "Rhône" vient enrichir le fonds de sculptures du 18e siècle [du Musée des beaux-Arts de Lyon], qui compte d'importantes oeuvres dues à des figures majeures de la sculpture française telles qu'Antoine Coysevox, Jean-Antoine Houdon ou encore le Lyonnais Joseph Chinard. Jusqu'à présent, le travail des frères Coustou n'était représenté au musée que par une seule oeuvre de Guillaume Coustou, le buste en marbre de François Paul de Neuville de Villeroy, fils du commanditaire de "La Saône" et du "Rhône" en 1714. Source : Fiche "Focus oeuvre", département des sculptures anciennes du Musée des beaux-Arts de Lyon.

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