A la mémoire de Gabriel Roux (1853-1914)

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0910 001 00229
technique 1 photographie numérique : couleur
description Inscription(s) sur l'image : "A la mémoire de / Gabriel Roux / 1853-1914 / Professeur agrégé / directeur du bureau d'hygiène / de la Ville de Lyon / pionnier de la découverte / des antibiotiques" (plaque mémorielle). Adresse de prise de vue : hall d'entrée des services d'hygiène urbaine , 60, rue de Sèze, Lyon 6e.
historique Plaque mémorielle inaugurée par Louis Pradel, maire de Lyon, le 7 avril 1962.
historique Les registres de l'état-civil d'Issoire (Puy-de-Dôme) consignent, à la date du 1er mars 1853, la naissance de Jacques, Germain, Gabriel Roux. Le père occupe la fonction de contrôleur des contributions directes à Villefranche (Aveyron) tandis que le grand-père maternel est greffier de la justice de paix d'Issoire. Nommé bientôt à Lyon, le contrôleur s'installe dans la métropole rhodanienne où ses trois fils sont élèves du Lycée Ampère. Reçu bachelier ès-lettres et ès-sciences en 1871, Gabriel Roux s'inscrit à l'Ecole de Médecine située, à cette époque, rue de la Barre. Lauréat de l'Externat en 1872, il est également major de sa promotion d'internat en 1875. Son biographe, le Médecin-Général Camelin, note qu'après avoir passe sa thèse de doctorat en médecine au cours de l'année 1879, Gabriel Roux s'installe dans le Puy-de-Dôme Ardes-sur-Couze. La santé du jeune praticien résiste mal à la dure condition du médecin de campagne. En 1884, sur les instances de sa jeune épouse, il est de retour à Lyon où il emménage rue Duhamel. Il suit alors sa vocation en professant à l'Enseignement professionnel du Rhône et à l'Ecole de la Martinière, tout en occupant les fonctions de chef de travaux de clinique médicale la Faculté de médecine de 1886 à 1892. "Les temps sont durs. Une fille est née au jeune ménage, note le Médecin-Général Camelin. Le salut vient de la Mairie"... En effet le Maire de Lyon, Gailleton, précurseur en la matière, a décidé de créer dans sa ville un bureau d'hygiène. Un concours est institué dont Gabriel Roux sort victorieux après de longues et de difficiles épreuves. Aménagé rue Bât-d'Argent, en face du Lycée Ampère et de la maison où vécut Chalier, dans un immeuble de quatre étages que Guignol baptise "l'Hôtel du Veau municipal", à cause de l'Inspection des viandes de boucherie dont les locaux occupent le même bâtiment, le bureau d'Hygiène permet à Gabriel Roux de donner pleinement sa mesure. Reçu agrégé pour les sciences naturelles au concours de 1892, Gabriel Roux assure son enseignement à la Faculté tout en s'occupant, dans ses foncions administratives, de la surveillance bactériologique des eaux, de la création de crèches pour nourrissons et en luttant aussi courageusement... contre les logements insalubres des concierges. Penché sur des cultures de bacilles typiques d'Eberth, Gabriel Roux constate, au cours de l'année 1897, qu'un de ces bouillons, souillé par une moisissure, est détruit en partie par celle-ci. Tout de suite, l'antagonisme des microbes et des moisissures s'impose à son esprit. Avec Ernest Duchène, élève a l'Ecole de Santé militaire, il inocule simultanément au cobaye des cultures de microbes pathogènes pures et des mélanges, de la même souche de coli, attaqués par le penicillium glauqum. Les résultats sont positifs. Les cobayes ayant reçu du bacterium coli, meurent en quelques heures, ceux qui ont été inoculés avec de la moisissure et du coli survivent. Ernest Duchène soutient alors en 1898 une thèse, aujourd'hui célèbre, traitant de la "Contribution à l'étude de la concurrence vitale chez les microorganismes ; antagonisme entre les moisissures et les microbes." La découverte de la pénicilline est là dans ces travaux clairvoyants. Hélas Gabriel Roux ne poursuit pas la voie qu'il vient d'ouvrir concernant l'influence des moisissures sur les microbes pathogènes. Il faudra attendre 31 ans pour que Fleming publie son mémoire "sur l'action antibactérienne d'un penicillium" et marquer le pas jusqu'à la deuxième guerre mondiale, pour que les propriétés bactéricides du penicillium notatum soient utilisées afin de lutter contre l'infection des plaies de guerre. Candidat en 1906 à la chaire d'Histoire naturelle de la Faculté de médecine et de pharmacie de Lyon, Gabriel Roux se voit évincé par le professeur Jules Guiart malgré l'estime de ses collègues. Il a quitté Perrache, dès l'année 1902, pour s'installer, à Francheville, chemin des Mures. Eloigné, souvent par la maladie, de son laboratoire de la rue Bât-d'Argent, il entre en conflit avec l'Administration municipale. Edouard Herriot, le jeune Maire qui vient de succéder à Augagneur, l'oblige à prendre sa retraite pour raison de santé. Il se retire à Champeix, dans le Puy-de-Dôme, où il poursuit ses recherches. Nommé chevalier de la Légion d'Honneur en 1914, il est chargé de mission médicale par le Préfet de son département lors de la mobilisation générale. Il ne poursuit pas longtemps sa tâche. Frappé subitement par le destin, il s'éteint le 9 octobre 1914, sans connaître la portée universelle des observations lucides qui l'ont mis sur la voie d'une des plus grandes découvertes thérapeutiques du XXe siècle.
note bibliographique Résultats que peut produire un bureau municipal d'hygiène (15 ans de fonctionnement à Lyon) / rapport par le docteur Gabriel Roux, 1906 [BM Lyon, 140502]. - "Gabriel Roux ou pourquoi la pénicilline ne fut-elle pas découverte à Lyon" / A. Camelin in Lyon médical, numéro spécial, décembre 1969, p.177-184 [BM Lyon, 950086].

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