9, avenue Félix-Faure

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0979 005 00383
technique 1 photographie numérique : couleur
description Inscription(s) sur l'image : "Le 1er janvier 1762 / dans cette maison / dite logis de l'Abondance, / un Lyonnais digne de mémoire / Claude Bourgelat a fondé la première / de toutes les Ecoles Vétérinaires" (plaque mémorielle).
historique Plaque mémorielle inaugurée dans sa forme primitive en avril 1890.
historique Claude Bourgelat naît à Lyon, le 27 mars 1712. Sa famille qui le destine à la carrière du barreau, le fait partir pour l'Université de Toulouse. Bourgelat sait si bien profiter des leçons des professeurs qu'il est bientôt maître dans une science qui fait le désespoir du plus grand nombre des élèves, et est même en état de plaider avec succès devant le parlement de Grenoble. Un jour, il gagne une cause : il l'a soutenue, convaincu qu'il a pour lui les droits de l'équité ; mais bientôt il acquiert la certitude qu'il a été trompé, il vole au parlement assemblé, il sollicite l'annulation de l'arrêt. En vain il prie, les juges sont sourds. Il va lui-même rayer son nom du tableau des avocats. Cette leçon est amère et Bourgelat quitte Grenoble. Dans sa jeunesse, il avait aimé passionnément les chevaux : il décide d'entrer dans un régiment de cavalerie. Ses études se portent tout entières sur le cheval ; il lit de nombreux traités imprimés sur ce bel animal. Aucun ne fixe plus son attention que les écrits de Jacques Soleysel, et ce que celui-ci entreprit pour fonder une école, combattre les préjugés et placer l'étude vétérinaire sur la route des sciences. Bourgelat entrevoit la possibilité de faire mieux encore. Il se livre à l'examen critique des faits observés par les anciens et remonte à l'origine des erreurs grossières de tous les genres. C'est par la voie expérimentale qu'il veut les détruire. Il fait de nombreuses dissections, non seulement sur le cheval, mais encore sur les autres espèces d'animaux domestiques, et une fois maître en cette partie, il sollicite et obtient la place de chef de l'Académie d'équitation de Lyon. Claude Bourgelat publie en 1747 un traité complet d'équitation et le succès de cet ouvrage lui vaut un grand nombre d'élèves. Il donne ensuite, ses "Eléments Hippiatriques" [BM Lyon, 346906], dans lesquels il se montre aussi habile anatomiste qu'écrivain élégant, aussi bon praticien qu'expérimentateur infatigable. Diderot et d'Alembert publient alors l'Encyclopédie et l'appellent à eux pour lui confier tout ce qui a rapport avec la Médecine Vétérinaire. Il ne borne point ses vues à la médecine du cheval ; il les étend à celle de tous les animaux domestiques. Notre auteur fait paraître plusieurs autres ouvrages. En 1761, l'autorisation est donnée à Bourgelat d'ouvrir dans les faubourgs de Lyon, la première école vétérinaire et les cours qu'il donne attirent de nombreux élèves. Une seconde école est fondée à Alfort, près de Paris et la direction lui en est confiée, le gouvernement de celle de Lyon, passant aux mains de l'abbé Rozier. Bien que dotant la France des écoles vétérinaires, bienfait que l'Europe s'empresse d'adopter, Bourgelat est si mesquinement encouragé par l'Etat qu'il doit hypothéquer sa médiocre fortune pour répondre à tout ce que nécessite la fondation de l'enseignement dans un établissement nouveau. Il ne reçoit pas d'honoraires et on ne lui accorde qu'une somme totale de cinquante mille francs payée en six années. Claude Bourgelat décède à Paris, le 3 janvier 1779, laissant sa famille dans la gêne et dans la dure nécessité de solliciter des secours du gouvernement.
historique Parmi les institutions dont Lyon peut à juste titre s'enorgueillir, il en est une qui mérite qu'on s'y arrête : c'est l'Ecole vétérinaire. Notre ville a été le berceau de cet enseignement dont l'utilité primordiale n'est plus discutée aujourd'hui. C'est un Lyonnais qui, le premier, eut le sentiment de la place importante qu'il devait occu per, et c'est grâce à lui qu'une fois de plus la France a été l'éducatrice des nations. Les premières études de Claude Bourgelat ne semblaient pas cependant le destiner à ce rôle de fondateur de l'Ecole nationale vétérinaire de Lyon. Septième enfant d'une famille de négociants dont le chef, Pierre Bourgelat, marchand de soies, fut échevin de la ville, le jeune Claude fit tout d'abord son droit, fut reçu avocat à l'Université de Toulouse, et s'inscrivit au barreau de Grenoble. On prétend que, dégoûté d'avoir gagné une cause injuste, il dit adieu à Thémis pour entrer chez les mousquetaires. C'était cependant moins le métier des armes qui l'attirait que le cheval, pour lequel il avait toujours eu une prédilection marquée. Il devint en tous cas un écuyer si consommé qu'il obtenait en 1740 le brevet de directeur de l'Académie de Lyon. "Depuis Solleysel, dit M. le professeur Arloing dans une intéressante notice qu'il lui a consacrée, jamais aucun maitre d'équitation n'avait joui en France d'une faveur aussi considérable. Les étrangers, surtout les Anglais, le proclamèrent le premier écuyer de l'Europe. Frédéric-le-Grand le consulta sur la meilleure manière de conduire la cavalerie dans une charge." A peu près, vers la même époque, il publiait un ouvrage qui lui donnait une autre notoriété, celle d'écrivain, en même temps qu'il mettait en valeur ses connaissances approfondies du cheval. C'était le Nouveau Newkastle du "Traité de Cavalerie" qu'il devait compléter dix ans plus tard par ses "Eléments d'hippiatrique" ou "Nouveaux principes sur la Connaissance et sur la Médecine des chevaux". Entre temps, il s'était lié assez étroitement avec deux chirurgiens dont l'un est illustre, Pouteau et Charmeton. Sous leur direction, il se livra pendant plusieurs années à la dissection et à l'étude anatomique du cheval et d'autres animaux domestiques. Ces travaux le passionnèrent à tel point, et il les poursuivit si consciencieusement qu'il pouvait écrire dans ses Eléments d'hippiatrique, que les livres publiés jusque là sur la médecine du cheval ne renfermaient que des préjugés populaires et des fautes grossières. Aucun de ceux qu'intéresse l'hippiatrique, ajoutait-il n'acquerra le degré d'instruction suffisant, tant qu'il n'y aura pas d'écoles pour les instruire. Cette idée, Bourgelat la travailla, la creusa si bien, qu'après bien des démarches, des sollicitations, il finit par obtenir du roi l'autorisation d'ouvrir une école pour le traitement des maladies des bestiaux. L'arrêt qui porte la date du 4 août 1761, accordait au fondateur une subvention de 50.000 livres. L'école s'ouvrit le 1er janvier 1762. Le 25 février, elle comptait 5 élèves, à la fin de l'année, 38 ; l'année suivante, le chiffre en atteignait 80. Elle s'était installée dans les bâtiments assez vastes d'une hôtellerie ayant pour enseigne : "A l'Abondance" située dans le faubourg de la Guillotière, à peu près sur l'emplacement qu'indique actuellement la jonction de la rue de Vendôme et de la grande-rue de la Guillotière. Elle devait y rester jusqu'à la Révolution. Longtemps auparavant, cependant, on avait songé à transférer l'Académie vétérinaire dans un autre local en raison de l'insuffisance de son installation. Les dégradations subies pendant le siège de Lyon rendirent ce transfert indispensable. Dans le courant de frimaire, an V, on se décida pour la maison des Deux-Amants, ancien monastère datant de 1675. L'emplacement étant insuffisant, on dut empiéter sur le claustral des Cordeliers de l'Observance, qui était contigu. Mais cette installation ne se fit pas en un jour et ce n'est qu'en 1840 que l'Ecole fut définitivement en possession de ses limites actuelles. Peu après commencèrent les travaux de restauration confiés à l'architecte Chabrol ; ils furent terminés en 1860. En 1764, l'Ecole avait reçu le titre d'Ecole royale vétérinaire, et Bourgelat avait été nommé directeur et inspecteur général de toutes les écoles établies ou à établir. Par une loi de germinal an III, l'Ecole devint définitivement un établissement national. Avant la Révolution, une autre école, celle d'Alfort, avait été créée sur le même modèle. En 1818, celle de Lyon se voyait reléguée au rang d'école de seconde classe et Alfort seul eut le droit de conférer le diplôme de médecin-vétérinaire. Une ordonnance de 1825 rétablit l'égalité ; à la même date, une troisième école était fondée à Toulouse. Depuis 1866, l'enseignement est réparti de la même façon dans les trois établissements. Le budget de l'Ecole avait été, dans les débuts, assez minime. Il constituait néanmoins une charge assez lourde pour Bourgelat. En dehors, en effet, de la subvention fournie pour la création de cet établissement, son directeur ne reçut aucun traitement. Généreusement il abandonna à l'oeuvre qu'il avait créée, le revenu de la ferme des fiacres de la ville qui lui avait été concédé, et lorsqu'en 1765, il quitta Lyon pour présider à la fondation de l'école d'Alfort, il demanda au roi que ce revenu fût définitivement attribué à l'entretien de l'Ecole de Lyon, ce qui fut accordé par un arrêt de 1768. A ce moment, le budget de l'Ecole véterinaire se montait à 24.000 livres. Aujourd'hui [en 1907], il dépasse 310.000 francs. Certes, l'Ecole actuelle n'est pas exagérément spacieuse, surtout si on la compare aux installations modernes. Mais enfin, son agencement a été parfaitement compris et il suffit de la parcourir rapidement pour se rendre compte que le plan de l'architecte Chabrol a été très judicieusement établi. On a, depuis, installé des laboratoires nouveaux, des salles nouvelles ; ce sont là des perfectionnements nécessités par le développement croissant de l'Ecole. Mais les dispositions générales, la physionomie première, sont restées les mêmes. Quand on franchit la grille séparant l'avant-cour du quai Pierre-Scize, on a devant soi la cour d'honneur, qui a assez belle allure avec ses galeries en arcades. Au centre se dresse la statue de Bourgelat par Fabisch, installée en 1876. Dans le corps de bâtiment de gauche se trouvent la salle du Conseil, les services de chimie ; à droite, le réfectoire. Les salles d'études. les services de physiologie, laboratoire d'histologie, service d'histoire naturelle et les très importantes collections de zoologie sont répartis dans les étages supérieurs. En arrière du corps de bâtiment qui forme le fond de la cour d'honneur et dans l'axe de l'entrée principale, se trouve le grand amphithéâtre. Le corps de bâtiment de gauche sépare la cour d'honneur d'une vaste cour rectangulaire, la cour de clinique. En contournant les corps de bâtiments qui la bordent, on arrive à une troisième cour, la cour des infirmeries, la plus connue du public qui fréquente l'Ecole. C'est, en effet, dans les bâtiments assez bas qui l'entourent, que sont installés les animaux en traitement ou en observation. L'enseignement donné à l'Ecole vétérinaire dure quatre ans. Les élèves sont admis au concours et doivent être munis du diplôme de bachelier. Ils sont, après admission, répartis entre les trois écoles. A la tête du corps professoral, se trouve un homme qui est le digne continuateur des Bourgelat, des Rozier, des Lecoq et des Chauveau, un savant aussi éminent que peu discuté, chose rare ; nous avons nommé M. le professeur Arloing dont nos lecteurs connaissent les importants travaux sur la tuberculose bovine. L'enseignement est réparti en dix chaires, possédant chacune un professeur et un chef des travaux. Celui-ci est chargé de la préparation des leçons et des exercices pratiques, et cette tâche n'est pas petite, car une très grande place est donnée à l'Ecole vétérinaire, et avec juste raison, à l'expérimentation à la "manipulation". M. Arloing a pu dire hautement de ce corps enseignant qu'il n'en était peut-être pas "qui, eu égard à son faible effectif, ait produit un plus grand nombre de travaux et obtenu un si grand nombre de récompenses académiques." Il a rendu à la science des services incomparables et la région du Lyonnais, tout spécialement, doit lui être reconnaissante. Par la véritable propagande que l'Ecole a faite dans les campagnes, elle a contribué d'une façon très effective à l'amélioration du bétail et cela sans tapage, sans éclat, ce qui est la vraie manière des hommes utiles à la société. Source : "L'Ecole vétérinaire de Lyon" / Jean Pagès in Le Salut Public, 30 octobre 1907.
note bibliographique Les plaques commémoratives racontent Lyon / Jean-Marc Mourier et Michel Morandet, 2017 [BM Lyon, 6900 Z0 MOU].

Retour