42, montée Saint-Barthélemy

42, montée Saint-Barthélemy
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localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0979 005 00301
technique1 photographie numérique : couleur
descriptionInscription(s) sur l'image : "Pauline Marie / Jaricot / fondatrice / de la / propagation de la Foi, / du Rosaire Vivant, / Oeuvre N-D des Anges / pour les ouvriers. / Erigea / cette chapelle / en 1839. / Ant[oine] Chenavard arch[itecte]" (plaque mémorielle).
historiquePlaque mémorielle inaugurée le 12 octobre 1941 par le Cardinal Gerlier.
historiquePauline Marie Jaricot naît à Lyon, rue Tupin, le 3 thermidor de l'an VII (21 juillet 1799), septième enfant d'une famille aisée dont le père, Antoine, est plieur en soie. Elle va connaître une enfance heureuse. Après la mort de sa mère alors qu'elle n'a que 17 ans, elle fait voeu de chasteté et décide d'aider les autres, encouragée par son frère qui est séminariste à Saint-Sulpice et se prépare à partir en mission en Chine. Elle fonde en mai 1822 l'association de la Propagation de la Foi, par laquelle l'Eglise finance encore aujourd'hui dans le monde 1200 églises issues de la mission. En 1826, elle fonde "Le Rosaire vivant" qui se développe également à l'étranger er reçoit le soutien du pape Grégoire XVI en 1832. Cette même année 1832, Pauline Jaricot conforte son association en achetant une maison sur la colline de Lorette afin d'y regrouper des compagnes "filles de Marie", pour répondre aux obligations de l'association. Comme d'autres chrétiens, elle va être sensible à la triste condition des ouvriers et notamment des canuts qui vont se soulever. Rêvant d'une cité ouvrière où les ouvriers seraient justement rétribués pour des horaires convenables, elle achète en 1845 les hauts-fourneaux de Rustrel (Vaucluse). Engageant ses fonds et ceux de petits épargnants qui lui font confiance, elle est la principale victime lorsque l'entreprise échoue. Victime de son conseiller Allioud et du maitre des forges Gustave Perre, elle est condamnée en justice et ses biens sont saisis. jusqu'à la fin de sa vie, elle va lutter pour rembourser les dettes dont elle se sent responsable allant jusqu'à créer sur sa propriété de Lorette, en 1852, un chemin à péage pour accéder à la terrasse de Fourvière. Tout cela sera insuffisant et Pauline Jaricot meurt le 9 janvier 1862 dans l'indigence et l'abandon. Elle est enterrée au cimetière de Loyasse (Lyon 5e). Le 18 juin 1930, Pie XI signe le décret officiel d'introduction de la cause de Pauline Jaricot en béatification. L'exhumation du corps a lieu le 13 février 1935 et les restes sont déposés dans l'église Saint-Nizier près de l'autel de la Vierge (transept sud), son coeur se trouve dans l'église Saint-Polycarpe (Lyon 1er). Le 25 février 1963, Jean XXIII proclama Pauline "vénérable". La béatification et la canonisation sont attendues.
historiqueDes quais de la Saône, vous pouvez voir sa silhouette, à mi-coteau de Fourvière, entre l'Antiquaille et les Lazaristes, au-dessus de la cathédrale Saint-Jean. Gravissez la montée Saint-Barthélemy. A main droite, après avoir dépassé les jardins du Rosaire, vous rencontrez un robuste corps de logis à tourelle qui domine la route : c'est là. La maison s'appela jadis hôtel de Bréda. On a écrit que des Juifs hollandais établis à Lyon y avaient installé une synagogue. Elle appartint plus tard au chanoine Deville, prévôt de l'église collégiale de Saint-Just, vicaire général de l'archevêque de Lyon Alphonse de Richelieu. Lorsque le roi Henri III vint à Lyon, il résida à Belle-Grève, dans la maison de campagne des gouverneurs de Lyon, et une partie de sa suite fut logée à la Bréda. Henri IV, de passage à Lyon en 1595, descendit aussi chez le comte de Mandelot, gouverneur de la ville. Parmi les personnages qui l'accompagnaient dans son voyage et qui allèrent habiter à la Bréda figurait la belle Gabrielle d'Estrées, amie du roi. Ce souvenir dut lui revenir à la pensée lorsqu'il revint à Lyon en 1600 et que, du seuil de la cathédrale Saint-Jean, où il venait de célébrer ses noces avec Marie de Médicis, il revit en face de lui, au-dessus des toits du quartier Saint-Jean, le logis de la Bréda. Le petit château vécut par la suite sans histoire et traversa sans grand dommage les jours de la Révolution. Ses occupants durent être alors aux premières loges pour assister aux bombardements de la ville par boulets rouges et aux manoeuvres des troupes de l'armée d'investissement campée aux Brotteaux et à la Guillotière. La vieille maison appartenait à la famille Frèreiean lorsque, en 1833, elle fut achetée par Mlle Pauline-Marie Jaricot qui avait projeté d'y installer un foyer religieux et charitable. Le nom de Notre-Dame-deLorette fut donné au logis de la Breda. Mlle Jaricot devait y résider insqu'à sa mort, survenue le 9 janvier 1862. On sait que l'oeuvre principale de cette Lyonnaise au coeur généreux avait été la création de la Propagation de la Foi qui devait prendre par la suite un si prodigieux essor. On sait aussi que cette fille d'un vendeur de soie, née rue Tupin, baptisée à Saint-Nizier, enterrée à Loyasse, et dont le coeur repose dans une chapelle de Saint-Polycarpe, consacra son inlassable activité aux oeuvres sociales : "C'est en vain, écrivait-elle, qu'on essaie de moraliser le peuple en s'adressant à son esprit. Soulagez, aimer premièrement, et moralisez après." Trop de Lyonnais ignorent sa vie et le douloureux calvaire que cette sainte femme gravit. Que ne lisent et relisent-ils le bel ouvrage consacré à Pauline Jaricot par cette autre Lyonnaise de noble talent, trop tôt disparue, Mme E. Sainte-Marie Perrin, femme de l'architecte de Fourvière, morte il y a quatre semaines. Nous détachons de cette oeuvre la description du logis : "La maison Bréda était presque un château en ce temps où toute la montagne du Forum lyonnais était encore une vaste campagne cultivée, avec des prés, des arbres et, tout en haut, une petite chapelle votive, Fourvière, au clocher pointu, entouré de son cloître et de quelques maisons. Le logis de Lorette se trouve exactement sur une ligne qui monterait de la vieille église primatiale de Saint-Jean à Fourvière. Il est très haut sur la pente et typiquement lyonnais. Sa construction hybride, un corps de logis, une tour, deux terrasses, porte encore des vestiges d'un passé charmant d'architecture : une miniature d'arche gothique, à peine grande comme une fleur de pierre sculptée, une fenêtre à meneaux qui garde encore ses vieux carreaux verdâtres et sa ciselure d'encadrement du temps de la Renaissance, les grilles de son escalier et de ses terrasses, et cet escalier même qui, suivant toutes les traditions locales, occupe la tour, Vieux logis agréable qui dut être élégant. [...] C'est en ces crépuscules de l'hiver, quand la nuit tombe tôt, et c'est la nuit, au coeur de l'été, qu'il faut voir de là-haut cette populeuse cité s'exhaler en fumées, s'exprimer en bloc de pierre et en chemins humains ; qu'il faut suivre, toujours clairs dans les ombres, les rubans d'acier de ses fleuves, partageant les quartiers de la ville et s'en allant se nouer où elle cesse. A la tombée du jour, étage par étage, sur la presqu'île plate où les parois abruptes de la Croix-Rousse, s'allument les feux innombrables, les lampes des chambres et des ateliers. Palpitations dans la brume de ces astres mortels, pour quelques heures. Tout est silence, poésie et spiritualité". Les pires souffrances morales, les plus douloureuses misères matérielles furent réservées à Mlle Jaricot dans son logis de Lorette. Par une des dernières nuits de sa vie, Pauline fit pousser son lit jusque vers Lyon : "Les maisons, sous la lune, pressent leur petite masse jusqu'à former ces ilots en forme de nid que les hardies ceintures des deux fleuves, vers le Dauphiné, la Savoie, dont les crêtes invisibles ne sont qu'une ligne pour le rêve, des lumières timides tracent de brefs chemins". A une communauté d'Ursulines de Sainte-Philomène installée ensuite dans la résidence de Lorette succédèrent des capucins du monastère des Brotteaux. Les décrets de mars 1881 les chassèrent. Par la suite le vieux bâtiment devint maison d'habitation. Un jour viendra peut-être, et il est permis de souhaiter qu'il ne se fasse pas trop attendre, où la demeure témoin des infortunes Pauline-Marie Jaricot sera transformée en un musée consacré à la grande Lyonnaise fondatrice de la Propagation de la Foi. Les pèlerins descendus de Fourvière par la montée Saint-Barthélemy ou le chemin du Rosaire y viendraient en foule. En attendant, une plaque rappelant que cette maison, devant laquelle trop de gens passent indifférents, fut témoin de la vie et de la mort d'une Lyonnaise fondatrice d'une des plus grandes oeuvres modernes de propagande, pourrait être scellée à peu de frais sur les pierres de la façade. Source : "Au temps du passé. Les vieux logis lyonnais : la maison de Pauline Jaricot" / Du Vernay [Martin Basse], 1928.
note bibliographiqueLes plaques commémoratives racontent Lyon / Jean-Marc Mourier et Michel Morandet, 2017 [BM Lyon, 6900 Z0 MOU]. - Lorette : une maison historique sur les pentes de Fourvière / Fernand de Lanversin, 1930 [BM Lyon, SJ V 598/23].

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