2, place Saint-Paul

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0979 005 00290
technique 1 photographie numérique : couleur
description Inscription(s) sur l'image : "Dans cette maison / entre 1795 et 1832 / vécut et joua / Laurent Mourguet / créateur de Guignol" (plaque mémorielle).
historique Plaque mémorielle inaugurée le 7 mai 1960.
historique Premier enfant de Benoit Mourguet, marchand-fabricant en soierie et de Jeanne-Marie Trigon, Laurent Mourguer est baptisé à Lyon, par le vicaire de Saint-Nizier, le 3 mars 1769. La tradition familiale le destine comme ses six frères et soeur au métier de la soie. Dès l'âge de quinze ans, Laurent est apprenti chez son père. Doué, il se révèle vite bon ouvrier. Il approche de sa vingtième année, lorsqu'il trouve sa fenotte dans la maison même où il habite rue Saint-Georges. C'est le 22 novembre 1788 que le curé de Saint-Georges célèbre le mariage de Laurent et de Jeanne Esterle, fille de vigneron de Sainte-Foy-lès-Lyon. Une nouvelle dynastie de Mourguet vient de naître, qui compte bien, à son tour, se destiner à la soierie. Les années troublées qui suivent en décident autrement. En 1790, c'est la naissance de leur premier enfant, mais la révolte gronde. Les métiers ne battent pas et le pain devient rare. La fabrique chôme, la disette s'accentue et l'hiver augmente la détresse des canuts. Au début de l'année 1795, le ménage Mourguet s'installe au 2, place Boucherie Saint-Paul. Laurent Mourguet n'est pas homme à attendre des jours meilleurs. Sa décision est prise, il devient marchand forain, parcourt le Lyonnais et s'exerce au gré des foires et fêtes de village, à la vente de remèdes et autres baumes miraculeux. Dès 1797, Mourguet opère en plein vent les patients qui se présentent à lui avec une mâchoire douloureuse. Pour attirer la clientèle, il adjoint à son officine de dentiste un petit théâtre de marionnettes. Mourguet découvre sa véritable vocation. Pour l'instant, il ne s'agit que d'imiter ce qui se fait ailleurs. Polichinelle, Pierrot, Colombine ou Pantalon, tels sont les partenaires qu'il fait évoluer dans son petit théâtre de toile. Les marionnettes prennent bientôt une place de premier plan. Elles sont sa vie, il leur donne toute son âme et tout son coeur de canut lyonnais. En avril 1804, Laurent Mourguet monte un humble théâtre de marionnettes clans les jardins du Petit Tivoli. L'installation est des plus sommaires. A la saison suivante, Mourguet s'installe au Jardin Chinois, en face même des jardins du Petit Tivoli. Cette année-là, il crée Gnafron, premier personnage du théâtre lyonnais de Guignol. Mourguet met dans la bouche de ce regroIleur au nez rubicond, des expressions locales, qui font la conquête du public canezard. L'hiver suivant, il installe au rez-de-chaussée de son domicile, place Boucherie-Saint-Paul, le premier théâtre sédentaire. Le programme est varié, marionnettes, ombres chinoises et le "Père Thomas", ami et complice, assure les intermèdes en chantant des airs connus. Le succès rencontré par Gnafron lui montre la voie il suivre, et c'est sans doute à son portrait qu'il va sculpter Guignol, dans les années 1805 à 1808. D'année en année, le monde de Guignol se dessine. Madelon, la douce canuse, Canezou, l'avare propriétaire, Cadet, garçon niais et ami de nos deux compères, Tardiveau, le voisin, Madame Grosminet, la douairière de la rue du Boeuf, et le docteur Mollasson. D'emblée, la popularité de Guignol s'impose, et il y a foule dans la petite salle de la place Saint-Paul. Accompagné du "Père Thomas", Mourguet parcourt les quartiers de la ville et les environs de Lyon. En 1820, Laurent Mourguet constitue sa troupe. Avec ses deux enfants, Etienne et Rose-Pierrette, assisté du futur mari de Rose-Pierrette, Claude-Louis-François Josserand, il se produit à Villefranche, Thizy, Amplepuis, Tarare... Guignol triomphe. De 1830 à 1840, Mourguet, aidé de son ainé et de son gendre, exploite la première salle permanente, le Café du Caveau des Célestins. Pour autant la troupe continue de se produire dans la région et revient même périodiquement dans certaines agglomération. En 1840, hardes et meubles sont chargés sur un bateau et c'est par le Rhône que Laurent, son épouse et leur petit-fils, Michel Josserand, gagnent Vienne, ville où il décide de s'installer pour y terminer sa vie. Il laisse ainsi à sa famille le soin d'exploiter le Café du Caveau des Célestins. C'est rue des serruriers que les Mourguet demeurent et comme il faut bien vivre, Laurent obtient l'autorisation d'ouvrir un théâtre de marionnettes rue des Clercs. Avec satisfaction, ce dernier voit se développer sa petite industrie artistique à laquelle il compte demander le pain de ses vieux jours. Laurent Mourguet "saltimbanque", décède rue des Clercs à Vienne (Isère), le 30 décembre 1844 à l'âge de 75 ans.
note bibliographique Les plaques commémoratives racontent Lyon / Jean-Marc Mourier et Michel Morandet, 2017 [BM Lyon, 6900 Z0 MOU]. - La vie modeste et tourmentés de Laurent Mourguet / Prosper Gien, 1943 [BM Lyon, 461747].

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