16, rue Victor-Hugo

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0979 005 00168
technique 1 photographie numérique : couleur
description Inscription(s) sur l'image : "En mars 1941, dans cet immeuble, fut créé / le mouvement lyonnais de Résistance / "France d'Abord" / dirigé par Georges Cotton, / chef national, / décédé le 20 avril 1951 / et le C[olone]l Schwarzfeld, arrêté à / Caluire le 21 juin 1943 mort en déportation. / Jean Moulin, le G[énér]al Delestraint / ont eu un P.C. dans l'immeuble" (plaque mémorielle).
historique L'ensemble immobilier comprenant le 16, rue Victor-Hugo, le 27, rue Sala et le 11, rue Boissac se prêtait bien à la clandestinité car, par le premier étage, on pouvait passer d'un immeuble à l'autre. Les terrasses qui couvraient les trois immeubles offraient également cette possibilité. Jean Moulin et le général Delestraint venaient, soit au 16, rue Victor-Hugo dans les bureaux de la régie où les allées et venues constituaient un paravent, soit dans l'appartement du 8e étage du 27, rue Sala.
historique Cotton, Georges. - Originaire d'une famille protestante, il est soutien de famille dès l'âge de quatorze ans. Appelé au service militaire en octobre 1912, il participe aux combats de la Grande Guerre (Lorraine, Marne, Verdun, Champagne puis Orient à partir de juin 1917). Il revient à la vie civile en octobre 1919 après sept ans passés sous les drapeaux. Il constitue alors la "société nationale de propriétés d'immeubles" et fait construire plusieurs ensembles locatifs ainsi que les premiers immeubles en copropriété avec la réalisation de l'ensemble 16, rue Victor-Hugo - 11, rue Boissac - 27, rue Sala. Pendant l'entre-deux guerres, il milite dans les "Croix de feu". En août 1939, il est mobilisé comme commandant d'armes à Uzès. Lors de la signature de l'armistice, il fait enterrer des armes pour les soustraire à l'ennemi. Après un appel à la dissidence lu à la BBC, il fonde "France d'abord" en 1940 et l'organise afin de fournir des informations et des services au "Réseau Armor" et à l'OSS (Office of Strategic Services). Le colonel Emile Schwarzfeld rejoint le mouvement en 1942 et devient membre du comité de direction. Adjoint à l'état-major du général Delestraint, Georges Cotton met à la disposition de celui-ci et de Jean Moulin un appartement de trois pièces dans l'immeuble qu'il gère 27, rue Sala. Il met également en place, en liaison avec Moulin, un tribunal d'enquête en vue de juger les agents de la collaboration et prépare le mode de fonctionnement des tribunaux d'exception et de la cour spéciale. Arrêté par la Sureté nationale le 6 novembre 1942 puis par la gestapo le 18 mai 1943, il décline l'offre qui lui est faîte de gagner Londres, après sa remise en liberté. Il est à nouveau interpellé par la Gestapo puis par la Milice une quatrième fois le 25 avril 1944 avec son épouse Marcelle (1904-1959) et son fils de neuf ans. Il réussit à s'évader avec les siens le 15 mai 1944 et continue à agir jusqu'à la Libération. Il est alors un des six membres du comité insurrectionnel de la zone sud. Son frère Marcel (1901-1954), architecte, a également été membre de "France d'abord" et a effectué de nombreux travaux techniques pour les MUR, échappant de peu à l'arrestation ainsi que son épouse Marthe. Sa soeur Marguerite (1895-1974), responsable de la location des appartements de la régie immobilière, a procuré des appartements à des Juifs en provenance de toute la France.
historique Schwarzfeld, Emile. - Né le 5 décembre 1885 à Paris (5e), fils de Elias, docteur en droit et de Julie Loebel, domiciliés 7, rue Soufflot. Marié en 1911, à Paris (11e) avec Laetitia Rebecca Weill, un fils. Diplômé de l'école supérieure d'électricité et licencié en mathématiques, Emile Schwarzfeld (alias : Clair) est mobilisé en août 1914 comme sous-lieutenant d'infanterie. Il est blessé à deux reprises en octobre 1914 et fin août 1918 et a subi une attaque au gaz en août 1917. De retour à la vie civile avec le grade de capitaine, il est ingénieur pendant l'entre-deux-guerres. Directeur des Etablissements Thomson-Houston et conseiller pour le commerce extérieur, il est mobilisé en septembre 1939 comme lieutenant-colonel. Commandant d'une brigade de chasseurs alpins puis chef du IIIe bureau à l'état-major de la 5e armée, il rencontre à ce titre le général De Gaulle. Prisonnier des Allemands à partir du 25 juin 1940, il est interné en Allemagne jusqu'au 11 août 1941. Agent de la Résistance après son retour de captivité, il contacte plusieurs officiers en vue de constituer une armée clandestine dont il a étudié la fonction et les buts militaires. La synthèse de ces réflexions est exploitée par Jean Moulin et le général Delestraint lors de leur rencontre à Londres avec le général De Gaulle et le commandement britannique en vue de la création de l'Armée secrète. Après avoir été sollicité par "Libération", il rejoint le mouvement "France d'abord" en janvier 1942. Membre de son comité directeur, il en assure la direction avec son fondateur, Georges Cotton. Il organise un service de renseignement civil et militaire, un service radio avec André Serf et Paul Buffet et apporte son aide et ses idées au mouvement "Combat" pour le "Noyautage des administrations publiques" (NAP). A plusieurs reprises, il échappe de peu à l'arrestation, notamment le 8 novembre 1942 lorsque des inspecteurs de la Sureté nationale perquisitionnent les bureaux de "France d'abord", 16, rue Victor-Hugo. Adjoint du général Delestraint dès le début de 1943, il est pressenti par Jean Moulin pour remplacer son chef, arrêté à Paris, à la tête de l'Armée secrète. Il est interpellé à Caluire le 21 juin 1943 lors de la réunion qui devait statuer sur cette nomination du chef de l'Armée secrète. Interné à Montluc puis déporté "Nuit et Brouillard" (NN) le 9 mars 1944 au camp du Struthof, à Natzwiller, il est, par la suite, conduit à Bruttig (Allemagne). Il y décède sous les yeux de André Lassagne (1911-1953), autre participant de la réunion de Caluire. Son épouse Laetitia, née le 15 avril 1892 à Paris, l'a assisté dans son combat pour la Résistance. Elle met à disposition l'appartement familial, 4, cours Vitton, pour des réunions clandestines et donne son aide à des évadés politiques. Elle n'hésite pas, le lendemain des arrestations de Caluire, à se rendre au bureau de son mari pour récupérer des papiers compromettants. Son appartement sera pillé par les Allemands et elle devra alors se cacher sous une fausse identité. Leur fils unique Jean-France, né le 14 août 1914 à Paris, ingénieur puis lieutenant de chasseurs alpins avant de s'occuper de liaisons radio pour "France d'abord", sera tué à Grenoble le 24 février 1944. Le frère du colonel trouvera également la mort pendant l'occupation.
note bibliographique Les plaques commémoratives racontent Lyon / Jean-Marc Mourier et Michel Morandet, 2017 [BM Lyon, 6900 Z0 MOU]. - Lieux secrets de la Résistance : Lyon, 1940-1944 / Serge Curvat, Denise Domenach-Lallich et Chantal Duprat-Odet [...], 2015 [BM Lyon, 6900 Z8.2 LIE]. - Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours : 2824 engagements / Bruno Permezel, 2003 [BM Lyon, 6900 Z8.2 PER].

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