La Brasserie Dupuis à la Croix-Rousse

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0910 001 00079
technique 1 photographie numérique : couleur
description La Brasserie Dupuis à la Croix-Rousse, par Louis Carrand, 1881. Huile sur toile, 40,5 x 32,1 cm. S. b. dr. : "L. Carrand". Lieu de conservation : Voiron, musée Lucien-Mainssieux (inv. MMV.1958.2.270). Vue prise lors de l'exposition "Théâtres et cafés : peintures et décors à Lyon, 1840-1930", Villefranche-sur-Saône, Musée Paul-Dini, 12 octobre 2014-8 février 2015 (catal. no.25).
historique Leur simple nom évoque plus d'un demi-siècle de souvenirs lyonnais et particulièrement croix-roussiens : Henri-Claude (1853-19..) et Charles Dupuis (1877-1933), brasseurs de père en fils, fondateurs avec l'appui de la société des brasseries Hoffher de la grande brasserie, sis 136-140 boulevard de la Croix-Rousse. La Brasserie Dupuis se composait d'une immense pièce servant à la fois de salle de brasserie et de spectacles où l'on donnait tous les jours des concerts qui attiraient les artistes de renom comme les musiciens de talent. De grands jardins s'étendaient sur l'arrière, le long la rue Raymond, permettant d'y dresser un podium lors des chaudes soirées d'été. La Brasserie Dupuis fut longtemps l'une des principales salles de Lyon où se donnèrent, des années 1880 à la veille de la Première Guerre mondiale, tant de fêtes populaires, de rencontres associatives et de réunions politiques. Dans les années d'avant guerre, au temps des chopes à quatre sous et des choucroutes à quarante-cinq centimes, la Croix-Rousse était la butte Montmartre lyonnaise et la Brasserie Dupuis un joyeux cabaret, lorsqu'il prenait l'envie aux Lyonnais d'échapper à ceux du centre-ville, trop embués, ou de prendre l'air frais du plateau. On y chanta souvent les rengaines de l'époque ("Ah ! Mademoiselle Rose...", "Viens, Poupoule !"), autour des piles de bocks qui ne coûtaient pas cher, des rires et des baisers. Mais au-delà de ces évocations légères qui s'attachent aux murs de l'ancienne brasserie, ce sont bien les réunions politiques - dont quelques-unes sont restées légendaires - qui ont marqué ce lieu où l'on fabriquait des conseillers municipaux et des députés en série. Pierre Waldeck-Rousseau, Georges Clémenceau, Jean Jaurès, Aristide Briand, René Viviani, Victor Augagneur s'y sont fait entendre tour à tour devant des foules immenses et enthousiastes, sans oublier Paul Deroulède et Jules Lemaître du temps de la Patrie française ou Marc Sangnier pour le Sillon, ni même les royalistes de l'Action française : Charles Maurras, Eugène de Lur Saluces, Henri Vaugeois, Flourens, Eugène Delahaye, le félibre Arnavielle ou Jules Lemaître. Ainsi, certaines réunions furent l'occasion, chez Dupuis, de merveilleuses joutes oratoires et, sur le boulevard, de sensationnelles bagarres... Comme celle du 7 mai 1911 qui vit les Camelots du Roi finir la soirée à la mairie toute proche où se trouvait alors le poste de police ! La brasserie Dupuis connut un immense succès. Jean Sarrazin (1833-1914), dit "le poète aux olives", en était l'une des figures pittoresques. En 1912, la mode des cafés-concerts persistant, les propriétaires firent construire, dans le jardin adjacent, la salle de spectacle Printania-Concert. Puis la guerre est venue. La Brasserie Dupuis, réquisitionnée comme hôpital complémentaire, fut rattachée à l'hôpital militaire Villemanzy (16 août 1916-3 février 1919), avant de devenir un cinéma célèbre en son temps, le Chanteclair, qui exista à cet emplacement jusqu'en 1986. Quant à la famille Dupuis, elle alla s'établir à Fleurie, dans le Rhône... Fin d'une époque.
note à l'exemplaire Nom original du fichier : IMG 2866.
note bibliographique Le Salut Public, 12 mai 1933. - "Une page d'histoire lyonnaise" in Le Passe Partout, 21 mai 1933. - "Souvenirs lyonnais : [sur Charles Dupuis]" / Lugdunensis in La République Lyonnaise, 27 mai 1933. - Cafés et brasseries de Lyon : architecture et décor des cafés et brasseries de Lyon des origines à 1914 / Hélène de La Selle, 1986, p.91, repro. [BM Lyon, 6900 E2 LAS]. - Chroniques Croix-Roussiennes / Georges Rapin, 1987 [BM Lyon, K 128653].

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