"Poussez la roue ! Un effort de plus et nous sommes arrivés". Cette affiche éditée par des banques franco-italiennes établies en Argentine appelle à la souscription à l’emprunt français de la Libération de 1918. Située sur le seul continent habité où la guerre est absente, l’Argentine, à [...]
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"Poussez la roue ! Un effort de plus et nous sommes arrivés". Cette affiche éditée par des banques franco-italiennes établies en Argentine appelle à la souscription à l’emprunt français de la Libération de 1918. Située sur le seul continent habité où la guerre est absente, l’Argentine, à l’instar de la plupart des autres pays d’Amérique latine, reste cependant en retrait au cours de la Première Guerre mondiale. N’ayant aucun intérêt direct à défendre sinon la conservation de ses relations commerciales avec l’ensemble des pays européens, elle est restée neutre du début du conflit jusqu’à sa fin. Les positions gouvernementales évoluent peu à peu vers une neutralité active en faveur de l’Entente, se transformant elle-même en bienveillance vis-à-vis de Paris et Londres en janvier 1918, lors de la signature d’un traité commercial favorisant l’approvisionnement des Alliés. En l’absence d’études significatives sur le sujet, il reste cependant délicat de décrire les contours de l’opinion publique argentine à l’égard de la guerre. Des intellectuels argentins prennent la plume afin d’assurer les Alliés du soutien de l’opinion de leur pays, arguant de la proximité culturelle avec les nations latines. La France fait alors figure de phare démocratique et culturel pour la jeune nation sud-américaine, tandis que l’importante communauté italienne disséminée à Buenos Aires et dans le reste du pays joue un rôle non négligeable dans cette prise de position. Manuel Carles, professeur à l’Université de Buenos Aires, rappelle ainsi au cours de la guerre que "l’Argentine épousa la cause alliée par amour de la France. En somme, l’esprit public était prédisposé en faveur de la France, quels que fussent ses ennemis. […] avec l’Italie, dans une guerre contre l’Autriche. Les sentiments nationaux furent donc acquis à l’Entente dès le début". Il convient néanmoins d’appréhender avec prudence ce propos émanant d’une brochure éditée pendant la guerre par le "Groupement des Universités & Grandes Ecoles de France pour les relations avec l’Amérique latine", dont le but est évidemment de s’assurer toute aide extérieure contre l’ennemi germanique.
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