La lutte contre l’alcoolisme se renforce au cours de la Première Guerre mondiale. Si le fléau affecte les cantonnements et les usines, contribuant à rendre improductifs ses victimes, la consommation excessive d’alcool entrave également l’effort de guerre national. L’alcool est en effet un élément nécessaire à la fabrication de la poudre B armant les obus du fameux canon de 75 de l’armée française. Mélangé à l’éther, il permet de dissoudre le coton et le collodion, composants principaux de cette poudre. 4000 hectolitres d’alcool étaient employés quotidiennement, nécessitant des importations conséquentes, d’où la nécessité redoublée d’économiser vins et spiritueux. Chavannaz a dessiné plusieurs affiches pour des ligues antialcooliques dont celle éditée par l’Union des Françaises contre l’alcool. En opposant la figure ombrageuse du soldat rasé, arborant une décoration militaire qui semble être la médaille commémorative de la bataille de la Somme, se tenant droit dans une attitude de fermeté, à celle du civil mal rasé, avachi contre un lampadaire et semblant demander l’aumône, elle dénonce la dépravation et la déchéance physique engendrées par le fléau liquide.

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