« Si vous faites un pas de côté maintenant, vous marcherez au pas de l’oie plus tard. Donnez à la caisse de guerre ». Comme nombre d’affiches de propagande américaines, cette incitation à la générosité pour financer l’effort de guerre joue la carte de l’humour. Moquant le célèbre pas cadencé [...]
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« Si vous faites un pas de côté maintenant, vous marcherez au pas de l’oie plus tard. Donnez à la caisse de guerre ». Comme nombre d’affiches de propagande américaines, cette incitation à la générosité pour financer l’effort de guerre joue la carte de l’humour. Moquant le célèbre pas cadencé adopté par l’armée prussienne au XIXe siècle, elle met en scène une oie coiffée de l’emblématique casque à pointe allemand, associant ainsi l’ennemi à la stupidité supposée de l’animal. L’affiche joue également sur le sentiment de culpabilité du citoyen qui chercherait à fuir ses devoirs patriotiques. L’importance de l’argent en tant que nerf de la guerre ne s’est jamais autant démontré qu’au cours du premier conflit mondial, au cours duquel les dépenses publiques atteignent des proportions colossales. La mobilisation du concours des citoyens non combattants, ceux qui constituent « l’arrière » ou encore le « front intérieur », devient donc une obligation capitale pour tous les belligérants. Bien qu’entrés tardivement dans la guerre, les Etats-Unis engagent des dépenses militaires largement supérieures à celles des autres belligérants. Elles atteignent la somme de 1450 millions de dollars par mois à partir de mai 1918, l’armée américaine étant la mieux payée, la mieux armée et aussi celle dont le transport est le plus coûteux. La mobilisation de l’économie américaine ne s’arrête pas là. Elle participe directement au financement de l’effort de guerre contre les puissances centrales par le prêt d’un total de 9,5 milliards de dollars aux pays alliés, aux premiers rangs desquels le Royaume-Uni et la France. Au final, on estime à 32 milliards de dollars le coût financier de la Première Guerre mondiale pour les Etats-Unis d’Amérique. Le conflit entraîne un bouleversement économique dont les conséquences sont encore visibles de nos jours. Débiteurs de l’Europe jusqu’en 1917, les Etats-Unis en deviennent les créanciers. Face à des nations européennes exsangues émerge de l’autre côté de l’Atlantique une superpuissance dont le rôle sur la scène internationale ne cessera de croître.
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