Peintre formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, Lucien Métivet apprend le métier de lithographe dans l’atelier de Fernand Cormon, aux côtés de Toulouse-Lautrec dont il devient l’ami. Les deux artistes fréquentent ensemble les cabarets de Montmartre, puisant là une matière propre à la création. C’est dans l’illustration de presse que Métivet s’illustre, en collaborant à de nombreuses revues comme L’Assiette au beurre, Le Monde moderne ou Le Rire. Son incursion dans le domaine de l’affiche est peu prolifique, et celle qu’il dessine en 1896 pour Eugénie Buffet compte parmi ses meilleures créations. Né en Algérie en 1866, cette chanteuse fait carrière dans les music-halls les plus célèbres de l’époque. Surnommée la "cigale nationale" ou le "caporal des poilus" pendant la Première Guerre mondiale, elle est incarnée en 1954 par une autre chanteuse, Edith Piaf, dans le film de Jean Renoir French Cancan, hommage du fils de l’un des peintres les plus illustres de l’époque à l’univers de la nuit parisienne fin-de-siècle. Dans cette lithographie, l'une des trois que Métivet dessinera pour Eugénie Buffet, l'artiste représente la chanteuse dans une posture inhabituelle pour les affiches de cabarets. Elle n’est pas figurée sur la scène, dans l’exercice de son talent, mais dans la rue, environnement de prédilection chanté par les artistes populaires. Métivet la dessine se promenant, les mains dans les poches, et le cou protégé d’une écharpe rouge attirant l’attention du spectateur, dans une ambiance hivernale merveilleusement restituée. La neige et le ciel rose que l'on devine glacial constituent une invitation à rejoindre la chaleur du cabaret.

réduire