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La Boîte à Fursy

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    Chansonnier familier des cabarets de la butte Montmartre, Henri Fursy participe en 1895 à la fondation du Tréteau de Tabarin. Après une brouille avec son associé, il rachète le fameux Chat noir après la mort en 1897 de son [...]

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    Chansonnier familier des cabarets de la butte Montmartre, Henri Fursy participe en 1895 à la fondation du Tréteau de Tabarin. Après une brouille avec son associé, il rachète le fameux Chat noir après la mort en 1897 de son fondateur Rodolphe Salis. Après avoir rebaptisé le cabaret La Boite à Fursy, l’homme de spectacle fait appel à son ami Jules Alexandre Grün pour en faire la promotion.

    À cette époque, le jeune artiste, dont la précocité en avait fait le plus jeune peintre exposant au Salon – en 1886, âgé seulement de dix-huit ans – a déjà trouvé son style en lithographie. Utilisant principalement trois couleurs, le blanc, le noir et le rouge pour les contrastes qu’elles permettent, il se fait une spécialité de l’affiche de cabaret, dans lesquelles des femmes légères côtoient des sergents de ville ou des noceurs à la mine réjouie. Pour cette affiche réalisée en 1899 pour son camarade, Grün réussit dans une géniale composition le tour de force de vanter le sujet principal, à savoir le chansonnier-directeur, en le montrant de dos.

    Il est vrai que le public faisant face à Fursy chantant – lui-même reconnaissable à ses fines moustaches – loin d’être anonyme, vaut toutes les publicités pour le cabaret. De gauche à droite figurent en effet au premier rang le secrétaire d'État aux Colonies britannique Joseph Chamberlain et le Président d’Afrique du Sud Paul Kruger, dont les nations respectives s’opposaient alors dans la guerre des Boers. Viennent ensuite la toute jeune reine des Pays-Bas Wilhelmina et le prince de Galles, fils de la reine Victoria et futur roi d’Angleterre sous le nom d’Édouard VII. On peut reconnaître au second rang Alphonse de Rothschild, l'ex-président du Conseil Henri Brisson et celui de la République Émile Loubet. Au troisième rang, légèrement renfoncé, Grün s’est lui-même représenté à côté du commandant Jean-Baptiste Marchand en tenue d’officier, célèbre pour son rôle dans l’affaire de Fachoda, incident diplomatique ayant failli engendrer une guerre entre la France et le Royaume-Uni l’année précédente. À son côté figure la célèbre courtisane Liane de Pougy suivie du président de la Chambre des Députés Paul Deschanel. Enfin, au dernier rang, le visage à demi caché derrière celui de Grün, se reconnaît à sa longue barbe blanche le roi de Belgique Léopold II, connu pour son goût de la fête parisienne. On peut voir à droite du souverain Pierre Waldeck-Rousseau, président du Conseil au moment de la parution de l'affiche. Vient ensuite, reconnaissable à sa barbiche et à sa volumineuse mèche, le polémiste nationaliste et anti-dreyfusard Henri Rochefort, surnommé « l’homme aux vingt duels et trente procès », qui était parvenu à s’échapper du bagne de Nouméa en 1874. À son côté se trouve Caroline Otero, dite la Belle Otero, une des « grandes horizontales » les plus illustres de l’époque. À droite de cette dernière se tient enfin le chansonnier et homme de spectacle Paulus.

    Avec une facétie parfaitement assumée, Grün a réuni dans ce public quelques-unes des personnalités les plus fameuses de l’époque, connues pour les relations de rivalité ou de franche hostilité qu’elles pouvaient nouer les unes avec les autres. La Belle Otero, qui collectionnait les joyaux comme les aventures avec les plus riches fortunes du moment, archétype de la femme fatale surnommée la « sirène des suicidés », partageait avec Liane de Pougy une haine réciproque ainsi que la particularité d’avoir compté comme amant Léopold II et le prince de Galles. Ce petit monde cohabite en toute gaieté avec d’autres ennemis intimes que sont le secrétaire d'État britannique aux Colonies Joseph Chamberlain et Paul Kruger, réunis côte à côte.

    Il fallait bien le talent de Fursy, sinon celui de Grün, pour rassembler dans le cabaret montmartrois un si prestigieux aréopage de célébrités ! Notons pour conclure que le pianiste devait parfaitement maîtriser son répertoire, si l'on juge la surprenante position de sa partition...

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    La Boîte à Fursy par Grün, Jules-Alexandre (1868-1934)
    Bibliothèque municipale de Lyon (AffM0120)

    Droit d'utilisation : Domaine public, Licence Ouverte-Open Licence

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