[Cuivrerie de Cerdon (Ain)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0758 FIGRPT0257 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historique Les habitants du petit village de Cerdon, situé dans la région de l'Ain, rivalisent d'astuces et d'initiatives pour revitaliser leur canton. Dans les années soixante-dix, l'un d'entre-eux, Maurice Goy, a ressuscité la cuivrerie de son pays, vieille de cent trente ans et qui fonctionne avec un moulin à aubes. Depuis, la fabrique, entièrement restaurée, compte plus de vingt-cinq ouvriers qui utilisent le matériel d'époque resté sur place, en parfait état de fonctionnement. Un chiffre d'affaires qui ne cesse d'augmenter, des cars entiers de touristes qui se bousculent sur le parking sont les signes indubitables du succès de l'opération. Car la cuivrerie-orfèvrerie de Cerdon, c'est toute une histoire... Maurice Goy connaît cette usine depuis toujours. Quand il était adolescent, il venait y travailler pendant les vacances. Puis, comme tous les jeunes de sa génération, il s'est exilé en ville pour suivre ses études. L'attachement affectif de l'homme à ces vieux bâtiments est certain. Il en a fait l'historique. La cuivrerie de Cerdon, installée dans un vieux moulin bâti sur le "ruisseau de la Suisse", a été fondée en 1854, par les trois cousins de la famille Main, chaudronniers à Cerdon. Une roue à aubes assure le fonctionnement des machines à polir. Puis, dès 1860, la dizaine d'ouvriers dinandiers va faire ses premier pas vers le progrès du machinisme. "Les employés, explique Maurice Goy, sont à ce moment là mi-vignerons, mi-ouvriers. Habitués à dompter le cuivre, entre leurs tas et leurs marteaux, la première machine qu'ils vont découvrir est le martinet. C'est l'ancêtre de l'usine. Quand on est arrivé, elle était là, il ne manquait rien. C'est un ensemble de six marteaux actionnés par un système de roues dentées, elles-mêmes entraînées par une roue à aubes". Le progrès continue... Une quinzaine d'années plus tard, le balancier à friction fait son entrée dans les locaux, puis les tours à repousser. En 1900, la cuivrerie de Cerdon agrandit sa forge de six foyers. Réputée dans la France entière comme à l'étranger, elle compte près de quatre-vingts ouvriers. Les trois quarts de sa production sont destinés aux pays de l'Afrique du Nord. "C'était surtout de la vaisselle, des théières, des plateaux. Par la suite, l'usine est entrée de plein fouet dans l'ère moderne avec l'arrivée d'une machine venue tout droit des USA. Elle a permis d'effectuer en trois secondes un travail qui demandait cinq heures". La grandeur de la cuivrerie et la population de Cerdon ne résistent cependant pas aux deux guerres mondiales ni à l'exode rural des années cinquante et soixante. En 1973, le descendant des fondateurs, le troisième de la génération vend aux Algériens l'entreprise malade, qui ne compte plus que dix ouvriers. Les repreneurs n'ayant pu redresser la situation, six ans plus tard, la liquidation est prononcée. Maurice Goy est directeur d'un centre socio-professionnel lorsqu'il rachète avec un associé, l'usine vouée à l'abandon. Avec quelques ouvriers, il restaure l'ensemble de la fabrique et son matériel. Bientôt, il quitte son emploi pour la cuivrerie. "Maintenant l'usine tourne comme avant. Mais elle répond aussi aux impératifs économiques de notre époque, car nous devons plus produire qu'avant. Alors, sur les mêmes machines d'antan, nous avons adjoint un outillage moderne. Par ailleurs, comme l'usine est unique en son genre - elle tourne à l'eau -, nous l'ouvrons aux visiteurs, tout au long de l'année". Maurice Goy exploite en effet l'attrait touristique de son usine originale. N'est-il pas l'adjoint à la mairie de Cerdon, chargé du Tourisme... Sur le site, les visiteurs sont comme dans un musée vivant, ils observent les ouvriers au travail, accèdent ainsi à l'historique du métier de dinandier, de l'entreprise et d'une époque fabuleuse qui a vu naître l'apparition de la machine. Des idées pour faire prospérer son affaire et son petit village. Maurice Goy en a à revendre. Bientôt, il va doter sa fabrique d'une machine à commande numérique. Cette entreprise pas comme les autres, qui compte parmi ses employés le meilleur ouvrier de France, ne sera pas en retard sur son temps. Drôle de destin que celui de cette dinanderie de Cerdon. Source : "Les roues de la fortune" / Catherine Guinard in Lyon Figaro, 14 août 1990, p.20.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP02541.

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