[Félix Benoît et son "Almanach du Lyonnais et du...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPTP0387 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 22 x 22 cm (épr.)
historique Avec un jour d'avance sur le beaujolais nouveau, l'Almanach 1992 de Félix Benoît parait le 2à novembre 1991. Tiré à 7000 exemplaire, cet ouvrage s'accroche obstinément aux lyonnaiseries pur sucre.
historique Aucun doute : Félix Benoît est un sacré zigoto. Ça ne date pas d'aujourd'hui. Voilà près de vingt ans que cet ancien policier à la retraite (!) distille ses intenses délires tel un métronome. Aujourd'hui, notre professeur Choron local, plus gaulois que jamais, nous livre la septième édition de son "Almanach du Lyonnais et du Beaujolais". Cent cinquante pages frappées au coin de la lyonnaiserie pur sucre. Félix Benoit en est plutôt fier : "Nous avons secoué les paillassons et orienté nos pas vers un humour plus actuel, sans molester pour autant la tradition". La formule n'a pourtant pas varié d'un pouce et mêle anecdotes historiques, folklore, humour noir, recettes, études graphologiques et brins de poésie. Le pompon revient comme souvent aux pensées édifiantes du mois et aux apophtegmes non moins édifiants du professeur Clavologos, l'un des nombreux titres de notre Félix, tantôt mage Ben Hoa, baron de l'île Barbe ou encore grand maître de l'ordre du Clou. Personnage hors normes, cette grande carcasse sans poils ni oeillères, au visage barré par d'envahissantes lunettes, s'amuse de tout. Un signe qui ne trompe pas : il est capable de s'émouvoir d'un cil de cochon ! Chez lui, dans son capharnaüm doré, les collections les plus insolites se bousculent : moutardiers, pyrogènes, légions d'honneur, médailles de mariage, lettres de condoléances, menus... un sacré fouineur, oui ! Véritable curiosité locale, réputation qu'il doit à son long règne (1946-1974) à la présidence de l'Association des humoristes lyonnais, Félix Benoit a toujours eu cette maladie de la provocation. "Mais à la lyonnaise, s'empresse-t-il d'ajouter, c'est-à-dire de façon douce. A Lyon, la satyre ne peut pas marcher ou alors il faut l'enrober dans du coton. Moi, j'envoie des salades à tout le monde, mais elles ne sont jamais plombées". Cognemou ? L'expression ne le satisfait guère. Ce chroniqueur de la vie lyonnaise se définit avant tout comme un empêcheur de tourner en rond. "Il n'est pas nécessaire d'être ennuyeux pour être édifiant. Voilà pourquoi j'essaye toujours de dénerver les gens de culture officielle". A ce jeu, Félix Benoit est passé maître dans l'art du canular géant et il faut reconnaître que sa libération de l'île Barbe, en 1977, avait de l'allure puisqu'il s'est tout de même trouvé des hommes politiques à se demander "si c'était du lard ou du cochon". Les monstruosités, il adore ça... Il n'y a bien qu'en matière de cuisine que le créateur de l'Institut des sciences clavologiques ne rigole plus. Pour reprendre une maxime de Paul Léautaud, disons qu'il fait partie de cette race qui préfère un escroc offrant à boire plutôt qu'un honnête homme louant ses vertus. Un gastronome militant jusqu'à plus soif. Comme si Félix Benoit avait attendu le début de la fin de sa vie pour estomaquer tout son monde car, s'il est un épisode où ce dandy excentrique reste des plus discrets, c'est bien cette période lancinante qui l'a vu officier comme policier à l'aéroport de Bron, entre 1947 et 1973, après avoir connu le SRPJ d'Annecy et de Lyon, où il enquêta notamment, fin 1943, sur l'assassinat de Victor Basch, alors président de la Ligue des droits de l'Homme. Un poulet, quoi ! Ne souriez pas : Félix Benoit a failli entrer aux impôts... Source : "Chauve qui peut" / Pierre Perret in Lyon Figaro, 20 novembre 1991, p.36.

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