Le Codex Bezae de Cambridge : un manuscrit de provenance Lyonnaise
« J’ai pu obtenir il y a quelques années un exemplaire écrit en grec et en latin des quatre Evangiles et des Actes des Apôtres qui provenait du prieuré de Saint-Irénée à Lyon … ».
En 1581, le réformateur français Théodore de Bèze qui partage l’intérêt des humanistes du XVIe siècle pour les manuscrits de la Bible adresse ainsi de Genève à l’université de Cambridge un manuscrit célèbre du Nouveau Testament. Le manuscrit contient l’une des versions les plus anciennes qui ait survécu de ces textes en grec et en latin, version qui n’a pas été retenue par l’Eglise. Les variantes de son texte, recensées en 1549 au Concile de Trente, seront alors utilisées par le célèbre imprimeur Robert Estienne qui inclura plusieurs de ces interprétations dans son édition du Nouveau Testament de 1550.
Malgré cette notoriété, le codex aurait été trouvé dans l’église Saint Irénée de Lyon « en mauvais état et gisant dans la poussière » lors de la destruction de l’église par les troupes protestantes en 1562. Peut-être était-il alors conservé près du tombeau du saint plutôt qu’à la bibliothèque du Chapitre de Saint-Jean comme, semble-t-il, la quasi-totalité des manuscrit mérovingiens et carolingiens de Lyon.
Confié à Théodore de Bèze, d’où son nom de Codex Bezae, il sera un peu plus tard envoyé par l’humaniste à l’université de Cambridge, où il se trouve toujours, devenant ainsi Codex Bezae Cantabrigiensis.
Ce document aurait été copié au IVe ou au début du Ve siècle d’un texte apporté au IIème siècle par les premiers missionnaires d’Asie Mineure à Lyon. Parmi ces missionnaires se trouvait Irénée, qui deviendra évêque de Lyon après la mort de Pothin survenue au cours de la persécution de 177. Le lieu de création de cette copie fait toutefois l’objet de plusieurs hypothèses, dont une possible origine lyonnaise parmi d’autres localisées au Moyen-Orient.
La présence du codex dans la bibliothèque épiscopale de Lyon dès le IXème siècle est en tout cas confirmée par l’analyse des restaurations effectuées sur un ensemble de feuillets. C’est bien l’atelier du diacre Florus de Lyon, identifiable par l’analyse de l’encre utilisée, qui est à l’origine de ces restaurations. La présence de ce manuscrit à Lyon est d’autant plus logique que la ville était alors un centre important de dissémination des textes anciens en Occident.
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En savoir plus :
- Jenny Read-Heimerdinger, Joseph Rius-Camps. Le Codex de Bèze : un manuscrit célèbre du Nouvau testament qui provient de l’église Saint-Irénée. Bulletin de l’Association Culturelle des Sanctuaires de Saint-Irénée et Saint-Just, n. 32, juin 2011.
- Bernard Guineau, Louis Holtz, Jean Vezin. Etude comparée des tracés à l’encre bleue du Ms. Lyon, B.M. 484 et du fol. 348v du Codex de Bèze, in Codex Bezae : studies from the Lunel Colloquium, June 1994, ed. by D.C. Parker and C.-B. Amphoux, Brill, 1996, p. 79-92.
- Pierre Chambert-Protat : Lyon en 1562, pillage et sauvetage des manuscrits
Monique Hulvey