Le cheval en images / Le naturel au galop ?
Au service de l’humanité depuis plusieurs millénaires, le cheval s’est vu doter, en retour, d’une aura peu commune dans le règne animal. La fascination qu’il a exercée aussi bien sur les scientifiques que sur les artistes a alimenté une abondante littérature illustrée dont il est le seul et unique objet. Anatomie, maladies, allures, races, il n’y a pas un aspect de l’essence équine qui n’ait été disséqué, mesuré, interprété. De sorte que, même représenté au naturel, le cheval n’échappe jamais à la main de l’Homme.
Apprivoiser la nature équine : naissance de l'art vétérinaire
Les efforts déployés pour atteindre à une meilleure connaissance de l’espèce équine ont avant tout concerné les soins à donner à un animal réputé fragile et dont l’élevage constituait un enjeu stratégique. Les civilisations s’y sont employées depuis des siècles : mille ans avant Xénophon déjà, les Hittites bénéficiaient des lumières du maître écuyer Kikkuli sur l'art de soigner et d'entraîner les chevaux. Quant à l’hippiatrie occidentale, elle trouve ses origines dans les textes fondateurs de l'Antiquité, auxquels les auteurs médiévaux ont ajouté un savoir empirique remarquable.
Conrad Gesner, Historia animalium, 1551 (BmL, Rés. 31356).
Compilateur érudit, l’humaniste Conrad Gesner composa un ouvrage considéré comme l’un des fondements de la zoologie moderne. Son Historia animalium, divisée en cinq livres, dresse le catalogue de toutes les espèces connues à la Renaissance - y compris quelques animaux fabuleux.
De fait, les connaissances relatives au cheval ont progressé en s’abreuvant à des sources distinctes quoique perméables, alimentées par deux catégories de personnes : d’une part, les naturalistes faisaient œuvre théorique à partir de l’héritage classique des hippiatres, de l’autre, les maréchaux dispensaient leurs soins sur le terrain, forts d’une expérience de praticiens. Si le terme « maréchal » désignait originellement l'homme de confiance en charge des écuries d'un seigneur, il finit par recouvrir une réalité bien plus large en s'appliquant aux forgerons qui ferraient les chevaux. L'adage ne dit-il pas : « Pas de pied, pas de cheval ! » ? C'est assez dire du crédit dont purent jouir les détenteurs de ce savoir-faire. Progressivement, à partir de l’époque moderne, il fallut pourtant compter avec un nouvel acteur : l’écuyer.
Antoine de Pluvinel, Maneige royal, Paris, 1623 (BmL, Rés. 31118).
Ni naturaliste ni maréchal, l'écuyer était un gentilhomme aussi bien qu'un homme de cheval. Formé dans les académies où la jeunesse nobiliaire recevait son éducation, il apprenait à maîtriser la danse, l'escrime et l'équitation au même titre que les mathématiques, les belles lettres ou l'histoire. Les écuyers s’attachèrent à mettre par écrit l’enseignement ainsi reçu et dispensé concernant l’art équestre et les soins prodigués à l’animal dont dépendait leur statut social. L’on assista alors à l’essor éditorial de titres tels que Le Mareschal expert, Le nouveau et sçavant mareschal, ou encore Le parfait maréchal…
ci-dessus : Gervase Markham, Le nouveau et sçavant mareschal, Paris, 1666 (BmL, 341336)
ci-contre : N. Beaugrand, Le mareschal expert, traictant du naturel et des marques des beaux et bons chevaux, de leurs maladies et remèdes d'icelles..., Lyon, 1643 (BmL, 808546)
Gervase Markham, Nicolas Beaugrand, Jacques de Solleysel... ils furent nombreux à publier sur la question. S’il n’y avait qu’un nom à retenir ce serait ce dernier, dont la postérité fut assurée par le succès de son Parfait Maréchal. Mennessier de la Lance dans son Essai de Bibliographie hippique dénombre pas moins d’une trentaine d’éditions parues entre 1664 et 1782.
ci-dessus : Louis Cossin, Jacques de Solleysel, XVIIe siècle, (BmL, Coste 15094)
ci-contre : Jacques de Solleysel, Le veritable parfait mareschal... Ensemble Un Traité du Haras..., Trevoux, 1675 (BmL, A 508052)
Originaire du Forez, c'est à Lyon auprès des Jésuites du collège de la Trinité que Jacques de Solleysel reçut son instruction. Il partit ensuite pour Paris où il fut formé au manège par René de Menou de Charnizay, lui-même disciple de Pluvinel. Jacques de Solleysel sillonna l'Allemagne pendant six années puis, de retour en France, enseigna à son tour le manège et s'attela à la rédaction de manuels destinés à l'instruction des maréchaux. La réussite éditoriale de ses œuvres se prolonge fort avant dans le XVIIIe siècle et ce n'est que tardivement qu'elles furent supplantées par le Nouveau parfait maréchal de François-Alexandre-Pierre de Garsault (1693-1778), capitaine des Haras, puis par le Guide du maréchal de Philippe-Etienne Lafosse, lui-même maréchal et anatomiste reconnu.
Les écuyers ne désertèrent pas pour autant la place et certains d’entre eux, à l’instar de François Robichon de la Guérinière, firent paraître des traités où les recommandations sur l'art de monter à cheval jouxtent les informations sur la nature de l'animal lui-même. Ainsi son École de cavalerie publiée en 1731 contient-elle, comme le précise le sous-titre, la « connaissance, l’instruction et la conservation du cheval ».
François Robichon de La Guérinière, École de cavalerie, contenant la connoissance, l'instruction et la conservation du cheval, Paris, 1733 (BmL, Rés. 31377).
Quelle que soit leur époque, ces ouvrages ont pour point commun de s'attarder sur la description extérieure du cheval. Il faut dire qu'ils disposent pour ce faire d'un vocabulaire riche, le cheval ayant sur ce plan comme sur beaucoup d'autres bénéficié d'un traitement de faveur. Là où Jacques de Solleysel se contente d'une planche illustrative portant des renvois vers son texte, François Robichon de la Guérinière nous donne à voir une pittoresque leçon : deux élèves attentifs regardent l'écuyer désigner de sa baguette les parties morphologiques d'un équidé tenu par un palefrenier.
ci-dessus : François Robichon de La Guérinière, École de cavalerie, contenant la connoissance, l'instruction et la conservation du cheval, , Paris, 1736 (BmL, 342766, première planche)
ci-contre : Jacques de Solleysel, Le parfait maréchal qui enseigne a connoistre la beauté, la bonté, et les deffauts des chevaux. Les signes et les causes des maladies : les moyens de les prévenir…, Paris, 1682 (BmL, 104275, tome 2)
La description physique n'est qu'un préalable nécessaire au sujet qui occupe véritablement les auteurs, à savoir les préconisations de soins concernant les affections les plus courantes chez le cheval. Pour les recenser, certains ouvrages s'enrichissent d'illustrations aussi utilitaires qu'esthétiques. L'animal y est représenté en une figure centrale d'où part un lacis de lignes conduisant à diverses maladies. Quelques éditions de L'Agriculture et maison rustique du médecin Charles Estienne optent pour une telle iconographie. Cette dernière est directement inspirée d'une estampe qui orne l'édition de 1579 de L'escuirie par l'écuyer italien Grisone. Tenant à la fois du glossaire et de la table des matières, elle constitue un repère visuel rapide qui aide à l'identification de la pathologie. Il est à noter que le bœuf est, chez Estienne, considéré au même titre que le cheval et fait également l'objet d'une gravure sur bois.
Charles Estienne, L'agriculture et la maison rustique, Lyon, 1594 (BmL, A 508232).
À partir du XVIIIe siècle, les critiques envers les pratiques de médecine populaire et les thérapeutiques proposées par les maréchaux se font plus pressantes. Les premières obéissent à une logique de bon sens toujours bienvenue et s'appuient sur certaines connaissances éprouvées, notamment concernant les vertus curatives des plantes. Elles souffrent cependant de leur grande dépendance envers le surnaturel, qu'il soit superstitieux, religieux ou – le plus souvent – un mélange des deux. Quant aux secondes, on leur reproche d'être sclérosées dans un savoir empirique hérité, circulaire, où la frontière entre le populaire et le savant n'est plus toujours très franche.
Noël Chomel, Dictionnaire oeconomique, contenant divers moyens d'augmenter son bien et de conserver sa santé, Paris, 1740 (BmL, 22658, tome 1)
Noël Chomel, Dictionnaire oeconomique contenant divers moïens d'augmenter son bien et de conserver sa santé... par M. Noel Chomel,... Troisiéme édition, revuë, corrigée et considerablement augmentée. Par J. Marret, Amsterdam, 1732 (BmL, 30945)
Le soin aux chevaux n'est pas laissé à l'écart des préoccupations des Lumières qui entendent rejeter, dans ce domaine également, les préjugés et la tradition. Le célèbre naturaliste Buffon appelle de ses vœux l'émergence d'une médecine vétérinaire digne des hommes de sciences. Ainsi, l'art vétérinaire n'échappe pas au grand mouvement de rationalisme et se voit élever au rang de science, en vertu des principes de progrès et d'utilité qui guident ce siècle. Il faut dire que le contexte est favorable puisque l'agriculture est désormais l'objet d'un grand intérêt, vue comme une branche essentielle de l'économie selon la doctrine physiocratique. Or, ce renouveau ne pouvait passer que par la formation des personnes chargées du soin aux animaux.
Lettre autographe de Claude Bourgelat (BmL, Ms Charavay 120) et portrait réalisé par Charles-François Le Tellier d’après François-André Vincent, XVIIIe siècle (BmL, Coste 13383).
C'est à un écuyer, Claude Bourgelat, que l'on doit la création de la première école vétérinaire au monde : elle ouvrit ses portes à Lyon en 1762. Le cheval, parmi toutes les espèces animales, est donc celui par qui et pour qui s'est organisé un enseignement de la médecine des bêtes. Issu d'une riche famille du négoce et de la robe, Claude Bourgelat était reconnu pour avoir élevé la réputation de l'Académie d'équitation de Lyon. Il fut également un contributeur de l'Encyclopédie et l'auteur du Nouveau Newcastle, du nom du célèbre écuyer anglais ayant publié un siècle plus tôt une Méthode et invention nouvelle de dresser les chevaux.
Baron d'Eisenberg, L’anti-maquignonage pour eviter la surprise dans l’emplette des chevaux, Amsterdam, 1764 (BmL, 30016)
Outre les maux à soigner, cette littérature chercha à prévenir les lecteurs contre les tares à éviter lors de l'acquisition d'un équidé. Il est d'autant plus important d'acquérir l'oeil du connaisseur que les pratiques malhonnêtes semblent légion, au point de teinter durablement d'une connotation péjorative le terme de « maquignon » qui désigne le marchand de chevaux. Afin de se prémunir des préjudices causés par un manque d'expertise ou un vendeur peu scrupuleux, L'anti-maquignonage pour eviter la surprise dans l'emplette des chevaux du Baron d'Eisenberg propose « un traité complet des vices des chevaux les plus mal conformés ». Paru en 1764, il est illustré de plusieurs planches destinées à éviter tous les pièges que l'on tend ordinairement pour tromper les amateurs de chevaux. Une image valant mieux que de longs discours, le vétérinaire Philippe-Etienne Lafosse fait le choix quant à lui, dans son Guide du maréchal, d'une représentation synthétique : en une planche, deux individus côte à côte concentrent à eux seuls l'ensemble des défauts répertoriés, rendant parfaitement sensible l'importance du propos !
Philippe-Étienne Lafosse, Guide du maréchal, Paris, 1766 (BmL, 150069)
Pourchasser le naturel : la représentation artistique du cheval
Les imperfections dont sont affligés ces deux malheureux équidés interrogent, en creux, la notion de beauté du cheval. Loin d'être reléguée au rang d'une simple qualité esthétique de l'animal pouvant passer pour superflue, l'idée du « beau » est alors totalement confondue avec celle du « bon ». C'est la raison pour laquelle les hommes de chevaux ont cherché à définir un modèle équin idéal : sa bonne conformation devait préjuger de sa capacité à remplir correctement l'usage que l'on en attendait. Cette recherche passa notamment par l'étude des proportions du cheval, ce dont témoignent deux estampes italiennes de la Bibliothèque municipale de Lyon.
Roberto Fauvet, Ippografometria, deuxième planche, 1832 (BmL, I19FAU009979). Don Bonafous.
Ces lithographies présentant un équidé vu de face, de profil et de dos sont l'oeuvre de Roberto Fauvet, un vétérinaire lombard du XIXe siècle. Il ne fit en réalité que reprendre le célèbre modèle proposé par Claude Bourgelat près d'un siècle plus tôt dans ses Éléments d'hippiatrique. Lui-même n'était pas novateur : les mensurations canoniques établies à partir des mesures de la tête relèvent d'un procédé bien connu des artistes depuis la Grèce classique, à tout le moins.
Roberto Fauvet, Ippografometria, première planche, 1832 (BmL, I19FAU009978). Don Bonafous.
C'est précisément à l'adresse des peintres et sculpteurs qu'Antoine-François Vincent fit paraître en 1779 le fruit de ses travaux en collaboration avec l'ingénieur Georges-Claude Goiffon : Mémoire artificielle des principes relatifs à la fidelle représentation des animaux. Peintre ayant parfait sa formation par un passage à l'école vétérinaire d'Alfort, il y fut chargé l'année même de la publication d'un nouvel enseignement : l'anatomie artistique. Si son ouvrage accordait lui aussi une place de choix à l'anatomie équine selon les proportions définies par Bourgelat, il s'attachait surtout à l'observation et à l'analyse des allures du cheval grâce à un complexe système reposant sur l'étude des empreintes au sol.
Antoine-François Vincent et Georges-Claude Goiffon, Mémoire artificielle des principes relatifs à la fidelle représentation des animaux, tant en peinture qu'en sculpture, Alfort-Paris-Lyon, 1779 (BmL, 30209)
Avant la mise au point des procédés de décomposition du mouvement inventés par Etienne-Jules Marey et Eadweard Muybridge, la restitution des allures fut sans nul doute le défi le plus ardu auquel se confrontèrent les artistes aspirant à une représentation du cheval qui fût vraisemblable. L'inexactitude scientifique n'interdisant pas le génie artistique, les siècles qui précédèrent l'avènement de la photographie ne manquèrent pas de chefs-d'oeuvre. Mais ils durent le plus souvent se contenter d'attitudes irréalistes et convenues. Certains motifs furent copiés à l'envi et s'éloignèrent d'autant plus d'une véracité toute relative. C'est le cas des nombreux portraits équestres représentant une figure nobiliaire juchée sur une monture élancée au galop et figée en une sorte de cabré (voir le dossier Le roi et le prince : copies cavalières dans la collection d'estampes).
Jacques Callot, Le commandant à cheval, XVIIe siècle (BmL, F17CAL002204)
Les spécialistes qu'étaient les écuyers, cependant, ne pouvaient que difficilement se satisfaire de ces postures fausses. L'illustration de leurs traités d'équitation traduit leur souci d'une représentation qui s'approchât le plus possible de la nature. Depuis le début de l'époque moderne l'équitation s'était élevée au rang d'art et visait à magnifier les airs naturels du cheval. La compréhension mécanique de ses allures entrait donc précisément dans les attributions des écuyers. Leur propos eût été déprécié si les gravures qui l'accompagnaient avaient simplement repris des conventions éculées. Pour son Ecole de cavalerie, François Robichon de la Guérinière confia le soin des dessins à Charles Parrocel, un artiste reconnu appartenant à une dynastie de peintres et empreint de culture équestre. Là où l'édition de 1733 présentait des planches accumulant les figures et dont l'exécution avait été confiée à un graveur tiers, l'édition de 1736 accorda plus d'importance aux mouvements du cheval. Davantage de planches leur étaient dévolues et ces dernières étaient directement gravées par le peintre comme l'indique la mention « inv. et sculp. » pour « invenit et sculpsit » : « a conçu et gravé ». On notera que dans ces images les allures défectueuses sont toujours le fait de chevaux sans cavalier : l'imperfection ne saurait être représentée sous l'influence de la main de l'homme.
L'intérêt des hommes de chevaux pour la question de la représentation équestre, que l'on aurait tort de penser réservée aux seuls artistes, est encore plus sensible dans l'ouvrage de Dupaty de Clam. La science et l'art de l'équitation démontrés d'après la nature, paru en 1776, est illustré d'estampes dont la lettre est tout à fait explicite sur l'implication de l'auteur dans leur conception. Son nom y figure aux côtés de celui du graveur Harguiniez : « Dupaty naturam explicavit, Harguinier expressit ». La délicate planche dépeignant les différentes positions de la tête du cheval ne pouvait être que le fruit d'un véritable amateur de l'animal.
Dupaty de Clam, La science et l’art de l’équitation démontrés d’après la nature, Paris, 1776 (BmL, 150056)
Le XVIIIe siècle marque une étape intéressante pour la représentation du cheval dans l'art : son inclination pour le naturalisme en fait une période particulière, entre le modèle baroque affectionné par Rubens, tout en rondeurs, à la croupe démesurément généreuse, et les chevaux levrettés d'un Degas, longilignes sur des jambes sans fin. Il faut dire que les artistes du temps de l'Encyclopédie pouvaient s'appuyer sur une connaissance accrue de l'animal, grâce à l'émergence des écoles vétérinaires. Ils rencontraient, du reste, les attentes d'un public fervent de vérité scientifique, se pressant pour assister aux dissections dont certaines étaient d'authentiques événements mondains.
Stefano Della Bella, Un cavalier amenant boire sa monture à la rivière, XVIIe siècle (BmL, I17DEL009119)
Nicolas Schenker, Le cheval de course, fin du XVIIIe - début du XIXe siècle (BmL, S19SCH009952)
Quelques portraits individuels de rares animaux privilégiés constituèrent les premières œuvres où le cheval apparut pour lui-même et non dans le but de donner de l'emphase à la violence d'une bataille ou de glorifier la puissance d'un orgueilleux cavalier. Que l'on ne s'y trompe pas : il s'agissait toujours de flatter l'amour-propre de leur propriétaire. Mais du moins celui-ci n'était-il plus le centre de l'attention, juché sur un piédestal équin indifférencié. Dans ces images, le protagoniste principal est bien le cheval, et ce n'est que par ricochet que l'homme s'en trouve valorisé. On trouve de telles créations parmi les gravures illustrant la Méthode et invention nouvelle pour dresser les chevaux de William Cavendish, duc de Newcastle. Ce traité d'équitation, avant de procéder à l'explication des airs de manège, consacre pas moins de cinq planches à des portraits de chevaux. Parfaitement individualisés par la mention de leur nom et de leur race, ils sont tenus par des palefreniers qui les exhibent devant les diverses demeures du duc, elles aussi identifiées.
Cornelis Van Cauckercken (1625 ?-1680), Lucas Vorsterman (1624-1667) et Pieter Van Lisebetten (1630-1678) d’après d’après Abraham van Diepenbeeck (1596-1675) : Le Superbe Cheval de Spanie / Mackomilia un Turke, / Nobilissimo Coursier Nappolitain / Parangon un Barbe, vers 1657. Planches illustrant : William Cavendish, duc de Newcastle (1592-1676), Méthode et invention nouvelle pour dresser les chevaux, Londres, 1737 (BmL, Rés 30955)
Ces œuvres dénotent un sincère effort pour distinguer les différentes races présentées : un barbe, un turc, un coursier napolitain, un cheval de Spanie. A la vérité, en dépit de cette intention, elles sont difficilement reconnaissables. Cela tient à la fois au caractère de la représentation et au fait que la race n'est encore qu'un concept indistinct.
"Favori, un barbe de Tunis", planche tirée de L’anti-maquignonage pour eviter la surprise dans l’emplette des chevaux du Baron d’Eisenberg, Amsterdam, 1764 (BmL, 30016)
Pour être mieux définie, cette notion exige le contrôle de la reproduction et la maîtrise du lignage : deux prérequis qui ne seront pas remplis en France avant le XIXe siècle, avec la création des haras impériaux puis l'instauration des stud-books. Il n'y a rien d'étonnant, dès lors, à ce que les artistes qui s'attachent à dépeindre la diversité des races appartiennent à cette époque. Carle Vernet fait partie de ces peintres hippomanes qui, à l'instar d'un Géricault ou d'un Delacroix, surent saisir et rendre dans toute leur acuité les particularités physiques équines dans des œuvres qui ravissent aujourd'hui encore les passionnés. La présentation de spécimens de race persane et normande dans deux de ses lithographies conservées à la Bibliothèque municipale de Lyon se double d'une étude de genre où les cavaliers font figure d'archétypes incarnant deux régions du monde.
Carle Vernet (1758-1836) :
ci-dessus : Cheval normand (BmL, F19VER009969)
ci-contre : Cheval persan (BmL, F19VER009960)
Alors que les chevaux étaient depuis longtemps désignés par le nom géographique de leur région d'origine, ces dénominations s'affinent à mesure qu'elles recouvrent des populations de plus en plus homogènes grâce à l'établissement de standards. Les races se spécialisent pour répondre à des usages spécifiques qui, en retour, forgent des physiques de plus en plus distincts et une nomenclature toujours plus précise. Cette spécialisation est rendue d'autant plus visible par l'émergence de nouveaux qualificatifs qui ne sont pas fondés sur la race mais sur le type d'utilisation auquel est destiné l'équidé. Il en va ainsi de Falstaff, « cheval de coupé », et de Cock-Robin, « cheval de tilbury », immortalisés par le peintre Alfred de Dreux. Désignés comme les représentants de catégories équines très spécifiques, ils apparaissent avant tout définis par le nom des voitures hippomobiles qu'ils étaient amenés à tirer.
Émile Lassalle d’après Alfred de Dreux, Cock-Robin (cheval de Tilbury) [1854-1861] (BmL, F19LAS010146) et Falstaff (cheval de Coupé) [1854-1861] (BmL, F19LAS010148)
L'activité d'élevage devait répondre aux besoins des sociétés en équidés : pour la guerre d'abord, mais aussi pour le prestige, et enfin pour le labeur. Le cheptel équin pouvait certes se multiplier naturellement. Mais pour répondre à ces attentes diversifiées, l'espèce chevaline fut entièrement modelée par la sélection des reproducteurs. L'évolution des canons de beauté du cheval dans les images qu'en livrèrent les artistes ne relevait donc pas uniquement d'une question de goût détachée de tout ancrage dans la réalité. Entre les XVIIe et XIXe siècles, la population chevaline connut effectivement des changements importants. La notion de race, qui se vit accorder une influence grandissante, permit une diversification de ses représentations largement encouragée par la quête de naturalisme à laquelle se livrèrent les artistes.
William Cavendish, duc de Newcastle, (1592-1676) Méthode et invention nouvelle pour dresser les chevaux, Londres, 1737 (BmL, Rés 30955)
Nicolas Schenker (176.-1848) d’après Jacques-Laurent Agasse (1767-1849), La jument et son poulain, 1798-1800 (BmL, S19SCH009950) et Le poulain qui tète sa mère, 1798-1800 (BmL, S19SCH009950)
Jules Didier (1831-1892), d’après Rosa Bonheur (1822-1899), Jument poulinière dans les plaines du Morvan, 1856 (BmL, F19DID010184)
L'homme et le cheval : les entrailles d’une relation
Ainsi la mainmise de l'homme sur le cheval s'est étendue jusqu'au modelage de son aspect et la maîtrise de ses caractéristiques physiques. Par conséquent elle sous-tend chaque représentation équestre, même lorsque l'humain est absent de la composition. Cette influence, vérifiée pour chaque espèce domestique, est d'autant plus sensible pour le cheval qui jouit d'un statut particulier dans l'histoire de nos sociétés.
François A. de Garsault, Le Nouveau parfait maréchal, Paris, 1746 (BmL, 157844)
En dépit de la frontière que le christianisme dressa et consolida entre l'homme et l'animal, les similitudes qui les unissent n'ont pu être complètement reniées. La pensée aristotélicienne avait admis ces ressemblances et organisait le vivant selon un continuum : nulle distinction ontologique entre l'homme et l'animal mais une différence de degrés dans la hiérarchie des êtres. Or, les théologiens chrétiens eurent à cœur de séparer l'homme, à l'image de Dieu, des animaux : il s'appuyèrent pour cela sur les conceptions du néoplatonisme permettant une discrimination entre l'âme spirituelle du premier, liée à la raison, et les âmes matérielles des seconds, attachées aux corps.
Physionomies comparées d’un homme et d’un cheval. Giambattista Della Porta, La Physionomie humaine, Rouen, 1660 (BmL, 810090)
Certaines réflexions, pourtant, se satisfont difficilement d'une division aussi franche et contreviennent à l'idée qu'il faut impérativement détacher l'homme de l'animal au risque de le voir ravalé au rang de bête. La physiognomonie fut de celles-là et n'hésita pas à forcer les analogies entre l'homme et l'animal afin de démontrer ses vues. Cette discipline controversée, qui autrefois voulut se prévaloir du titre de science, consiste à associer une particularité physique à une caractéristique comportementale. Les animaux furent largement mis à contribution pour élaborer et donner à comprendre ces combinaisons entre l'aspect d'un individu et les traits psychologiques ou moraux qui lui étaient prêtés. Giambattista Della Porta se fit fort de les détailler dans son ouvrage De Humana physiognomonia, dont la première édition parut à Naples en 1586 et fut suivie de nombreuses autres.
Physionomies comparées d’un homme et d’un âne. Giambattista Della Porta, Della Fisonomia dell'huomo, Napoli, 1610 (BmL, 105630)
Si la physiognomonie fut jugée hasardeuse dans son principe et pernicieuse dans ses effets, elle suscita un intérêt certain chez les artistes, auxquels elle offrait un levier extraordinaire d'expressivité. Elle ne fut d'ailleurs pas étrangère à la naissance de la caricature, qui recourt elle aussi bien souvent aux symboliques animales. C'est sans nul doute ce précieux potentiel qui séduisit Charles Le Brun, premier peintre du roi Louis XIV, à qui l'on doit une série de portraits zoomorphes rendus célèbres au XIXe siècle grâce à leur diffusion par la gravure. Comme chez Porta, le cheval y est étudié aux côtés de nombreux autres animaux. Mais contrairement à Porta qui assimilait les airs chevalins à l'orgueil et à l'arrogance, suggérés par un port de cou hautain, on ne connaît pas les connotations positives ou négatives que l'artiste aurait pu prêter à ses sujets. Pour Le Brun, la priorité semble bien être donnée à la quête esthétique et au jeu formel de la représentation pure.
Johann Caspar Lavater, L’art de connaître les hommes par la physionomie : Nouvelle édition, corrigée et disposée dans un ordre plus méthodique… par Moreau de la Sarthe, Paris, 1820 (BmL, 395586, tome 9)
Outre une relative proximité dans leur apparence que chacun reste libre d'interpréter, l'homme partage surtout avec l'animal des points communs biologiques qui nous rapprochent notamment dans la maladie. On a vu ce que l'art vétérinaire devait à la médecine du cheval. Mais cette dernière est elle-même largement redevable à la médecine humaine. Comme elle, elle reposa durant des siècles sur la théorie des humeurs héritée d'Hippocrate, se pratiqua à grand renfort de saignées et occupa les docteurs de la Faculté.
Gravure en taille-douce extraite de Gervase Markham, Le nouveau et sçavant mareschal, Paris, 1666 (BmL, 341336)
Il faut avoir quelque égard pour les médecins qui s'aventurèrent dans ce domaine, sans craindre que l'objet réputé moins noble de leurs travaux ne fisse rejaillir sur eux le peu d'estime où était tenue la médecine des bêtes. Cet opprobre est néanmoins évité à ceux qui s'inscrivent dans la lignée des Anciens. Au nombre de ces derniers, on peut citer le médecin Jean Ruel qui fit paraître une traduction latine des textes hippiatriques de la Grèce antique. Parues en 1530, les Veterinariae medicinae sont dédicacées à François Ier et s'ouvrent sur une page de titre illustrée d'un magnifique bois gravé. On peut voir dans le cavalier qui y est représenté une projection du lectorat à qui l'ouvrage est destiné : un prince lettré, le seigneur des lieux dont on aperçoit au loin le château, soucieux de sa cavalerie dont une partie s'ébat dans les pâtures à l'arrière-plan.
Theomnestus, Veterinariae medicinae libri II, Iohanne Ruellio suessionensi interprete, Paris, 1530 (BmL, Rés 157472)
Là où Jean Ruel avait seulement fait œuvre de passeur, Jean Héroard se plongea dans l'étude directe du corps équin. Connu avant tout pour avoir consigné l'enfance du futur roi Louis XIII dont il fut le médecin ordinaire, il joua un rôle de pionnier dans l'histoire de l'anatomie équine. Quoique peu reconnu par ses contemporains, il faut lui accorder le mérite d'avoir été le premier à décrire le squelette entier du cheval et à avoir nommé en français certains de ses os. Son Hippostologie, tardivement publiée en 1599, lui avait été commandée par le roi Charles IX, féru de chasse et d'équitation. Il y fait montre de connaissances médicales inspirées des travaux d'André Vésale et d'Ambroise Paré sur le corps humain, qu'il applique à l'espèce équine. Délibérément présentés en français et non en latin afin de leur offrir une plus grande diffusion, les savoirs contenus dans l'opuscule d'Héroard atteignirent effectivement le monde des maréchaux. Cette transmission n'alla pas sans approximation puisqu'elle passa par un intermédiaire, celui de Nicolas Beaugrand. Ce dernier, bien qu'il ne la cite pas, ne pourrait renier la source de son Mareschal expert : les gravures sur bois qui l'illustrent en copiant grossièrement les tailles-douce de l'Hippostologie d'Héroard en témoignent assez.
Mais l'exemple le plus éclatant qui puisse être trouvé pour démontrer les parallèles qui furent établis entre le corps de l'homme et celui du cheval réside dans la parenté qui lie deux ouvrages exceptionnels du XVIe siècle : le De humani corporis fabrica d'André Vésale et l'Anatomia del cavallo de Carlo Ruini. Le premier, un imposant in-folio de prestige abondamment illustré publié en 1453, provoqua une véritable révolution dans le monde médical. Le second, qui parut en 1598 de manière posthume, s'en inspirait à la fois dans sa méthode et dans ses illustrations. Ce faisant, il faisait également figure d'oeuvre fondatrice puisqu'il ouvrit la voie de la discipline anatomique vétérinaire.
Les planches de l'Anatomia del cavallo prennent indubitablement pour modèle la Fabrica de Vésale : on y retrouve des écorchés similaires, aux postures pleines de vie, pareillement mis en scène dans des paysages. On y rencontre également les mêmes choix de présentation des étapes de dissection. Après des siècles de transposition des savoirs anatomiques de l'animal vers l'homme, le premier grand traité d'anatomie du cheval à avoir vu le jour inversait la tendance et s'inscrivait dans la droite ligne de la médecine humaine.
Félix Platter, De corporis humani structura, Bâle, 1583 (BmL, 107424) / Carlo Ruini, Anatomia del cavallo, infermita et suoi rimedii, Venise, 1602 (BmL, 150043)
Même à plusieurs décennies d’écart, Platter, comme de nombreux médecins, emprunte largement la matière de son traité d’anatomie à l’œuvre de Vésale.
De fait, alors même que la vivisection était parfois pratiquée sur les animaux, un interdit tacite pesa longuement sur l'ouverture du corps d'un semblable, fût-il sans vie. La médecine dut le plus souvent se contenter de l'exploration de corps porcins, caprins, canins... L'intérieur du corps humain ne pouvait être exploré qu'incidemment, à la faveur d'interventions pour soigner des blessés. C'est dans l'Italie de la fin du XIIIe siècle, à l'université de Bologne, que furent pratiqués officiellement les premiers examens de cadavres, à des fins judiciaires d'abord. Au cours des deux siècles suivants, le démembrement systématique de corps humains à des fins d'étude se généralisa dans les facultés, avec parcimonie et sous le strict contrôle des autorités laïques et ecclésiastiques. Les corps ainsi « anatomisés » pour être exposés au regard d'un public de plus en plus nombreux étaient ceux de criminels. Sans doute, le caractère sacrilège de la démarche était-il moindre lorsque celle-ci s'appliquait à des individus qui, par leurs actions, s'étaient volontairement exclus de la communauté des hommes. C'est la pratique de la dissection qui permit l'essor d'une véritable science de l'anatomie humaine. A son tour, celle-ci fit rejaillir ses procédés et ses enseignements sur la connaissance que l'on avait de l'anatomie de l'animal en général, et du cheval en particulier.
Carlo Ruini, Anatomia del cavallo, infermita et suoi rimedii, Venise, 1618 (BmL, 107457)
Avant l'apparition des scientifiques sur le théâtre de l'anatomie équine, les maréchaux avaient bien tenté d'élucider l'organisation interne des organes du cheval et de les traduire simplement à l'usage des lecteurs de leurs manuels. Leurs traités prouvent néanmoins qu'il s'agissait-là d'une gageure : la qualité des images qu'ils proposent réside davantage dans la curiosité esthétique qu'éprouve l'observateur actuel que dans le mérite scientifique de leur auteur.
Imprécises dans le meilleur des cas, fausses le plus souvent, elles dénotent néanmoins un véritable souci des hommes de chevaux d'atteindre à une connaissance toujours plus poussée du cheval, jusque dans ses entrailles. À compter du XVIIIe siècle, ces derniers poussèrent la porte des Facultés de médecine voire se livrèrent eux-même à la dissection, à l'instar de Philippe-Etienne Lafosse, et purent ainsi prétendre à un niveau de connaissances scientifiques suffisant pour donner ses lettres de noblesse à l'hippiatrique.
Johann Daniel Meyer, Angenehmer und nützlicher Zeit-Vertreib mit Betrachtung curioser Vorstellungen allerhand kriechender, fliegender und schwimmender, auf dem Land und im Wasser…, Nürnberg, 1748 (BmL, Rés 27457, tome 1)
Nul autre animal que le cheval ne bénéficia d'autant d'études, depuis une date aussi reculée. De sorte que le lien qui l'unit à l'histoire humaine, dans les sciences également, apparaît aussi viscéral qu'inextricable. Une gravure représentant le squelette d'un cavalier juché sur sa monture exprime l'interdépendance de nos deux espèces et l'intimité de cette relation. Elle semble du moins assez forte pour faire oublier l'idée selon laquelle comparer le corps de l'animal et celui de l'Homme revient à risquer la position de ce dernier sur le piédestal où il s'était placé.
Bibliographie
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- COTTEREAU Philippe, Claude Bourgelat : un lyonnais fondateur des deux premières écoles vétérinaires du monde, 1712-1779, Paris et Lyon, 2011 (BmL, K 175419)
- DEGUEURCE Christophe et DELALEX Hélène, Beautés intérieures : l’animal à corps ouvert, Paris, 2012 (BmL, K 17279)
- GIRARD Guy, L'écuyer du Roy : Claude Bourgelat, 1712-1779 : fondateur des Ecoles vétérinaires de Lyon et d'Alfort, Pin, 2016 (BmL, K 140095))
- HUBSCHER Ronald, , Les Maîtres des bêtes : les vétérinaires dans la société française (XVIIIe-XXe siècles), Paris, 1999 (BmL, K 117951)
- DEGUEURCE Christophe, « L’anatomie du cheval aux XVIIIe et XIXe siècles : un outil pour mieux représenter le cheval », dans In Situ. Revue des patrimoines, 2015, n° 27 (consultable en ligne)
- JOLY PARVEX Morwena, « La fabrique de la plastique du cheval au XVIIIe siècle : le modèle « antique » à l’épreuve de la leçon de dessin d’Edme Bouchardon (1748-1824) », dans In Situ. Revue des patrimoines, 2015, n° 27 (consultable en ligne)
- PEYSSON Stéphane, La maréchalerie du 16e au 18e siècle, au travers des ouvrages de Fiaschi, Solleysel, Lafosse et Bourgelat, Thèse pour le doctorat vétérinaire, Enva, 2002 (consultable en ligne)
- VALLAT François, « Dessinateurs et graveurs en médecine vétérinaire : une niche de l’illustration médicale française », dans Actes de la journée d’étude Fecit ex natura à la BIU Santé, 2017 (consultable en ligne)
- Le cheval dans les collections de l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort
- L’école vétérinaire de Lyon au logis de l’Abondance
Quelques sources
- BARTLET John, The Gentleman’s farriery : or, a Practical treatise, on the diseases of horses, Londres, 1759 (BmL, 811403)
- DELCAMPE, La connoissance parfaite des chevaux… augmenté d’un nouveau dictionnaire de manege…, Paris, 1741 (BmL, 317276)
- HARTMANN Jean-George, Traité des haras… avec un traité des mulets, Paris, 1788 (BmL, 400734)
- LAFOSSE Etienne-Guillaume, Observations et découvertes faites sur des chevaux, avec une nouvelle pratique sur la ferrure, Paris, 1754 (BmL, 402636)
- LECOQ Félix, Traité de l’extérieur du cheval et des principaux animaux domestiques, Paris, 1876 (BmL, 394666)
Auteur du dossier : Amandine Souvré