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    La Chine des années 1930 sur plaques de verre : le fonds Joseph de Reviers

    Le fonds Joseph de Reviers est arrivé à la Bibliothèque municipale de Lyon avec le dépôt de la collection Jésuite des Fontaines en 1998. Il est principalement constitué de photographies en négatif sur plaques de verre ou films plastiques, ainsi que de tirages. Ce reportage photographique sur la Chine des années 1932 et 1933 invite à rencontrer des populations rurales, hommes, femmes et enfants. Il invite à voir paysages et architectures, à travers le regard d’un père jésuite aventureux. Aussi précieux que fragile, ce fonds de plus de 500 photographies sur plaques de verre ou films plastiques se devait d’être conditionné dans le respect de son classement initial et de sa cohérence.

    Un jésuite reporter : le père de Reviers

    Père Joseph de Reviers de Mauny sur un bateau vers la Chine, 1932, tirage papier, Œuvres Pontificales Missionnaires, 1535

    Le père jésuite Joseph Marie Anne Christophe de Reviers de Mauny naît le 21 juillet 1892 au château de Cheverny dans une famille aristocratique. À dix ans, l’enfant que Christine Cornet décrit comme malicieux sait déjà qu’il veut devenir prêtre. À 19 ans, il rejoint les jésuites pour une formation de 10 à 15 ans. Dès son ordonnance en tant que prêtre le père Jo, comme il est surnommé, est amené à travailler à de nombreuses expositions où son imagination lui permet la conception de pavillons représentatifs du pouvoir de l’Église. Il est par ailleurs envoyé en mission hors de France pour dresser un bilan de la présence des missionnaires jésuites. Il embarque ainsi pour le Levant en 1932 pour ne revenir que l’année suivante rapportant plus de 4000 clichés d’une Chine aujourd’hui disparue. Mobilisé à Rouen en 1939, il est ensuite affecté à la Première division de cavalerie sur le front des Ardennes. Aumônier pendant un temps d’un camp de jeunesse dans le Vercors, il décide de bâtir un musée de la Civilisation chrétienne et se rend à Vichy plusieurs fois. Si les plans sont approuvés par le maréchal Pétain et Carcopino, le projet n’aboutit pas. Délégué général des Œuvres Pontificales Missionnaires à Paris pendant quelques années, il retourne à un poste d’aumônier à l’École des Roches dans l’Eure. L’Ordre souverain des chevaliers de Malte lui confie la responsabilité de ses œuvres sociales dans la dernière décennie de sa vie. Touché peu de temps avant d’hémiplégie, il s’éteint à l’hôpital dans la nuit du 24 décembre 1974.

    Le père de Reviers en 10 dates clefs

    1892, 21 juillet : naissance à Cheverny (Loir-et-Cher)

    1923, 24 août : ordonné prêtre à 31 ans

    1925 : envoyé en Syrie pour établir un bilan de la présence missionnaire jésuite

    1931 : secrétaire adjoint de l’Exposition coloniale à Vincennes (réalisation du pavillon des Missions catholiques)

    1932-1933 : envoyé en Chine pour établir un bilan de la présence missionnaire jésuite après un siècle

    1937 : chargé de concevoir le pavillon pontifical à l’Exposition Internationale Universelle

    1938 : fait Chevalier de la Légion d’Honneur

    1940, mai : décoré de la Croix de guerre

    1974, 24 décembre : décès à l’hôpital de Villiers-le-Bel (Val-d’Oise)

    Carte de Chine, Creative Commons

    De Cheverny à Shanghai

    Le père de Reviers est délégué auprès du procureur de la Mission de Chine afin d’étudier l’impact des missionnaires jésuites présents depuis un siècle. En cela, il n’est pas un missionnaire en tant que tel. Envoyés dans un pays étranger pour l’évangélisation ou l’éducation de la population, ces prêtres au service de la propagation de la foi adaptent leurs discours à la culture dans laquelle ils évoluent afin d’enseigner plus facilement leurs préceptes ; c’est le principe de l’inculturation. Le rôle du père de Reviers est de superviser ou du moins de dresser des bilans de la présence des membres de la Compagnie de Jésus dans ces pays depuis leur arrivée.

    La Chine est un pays connu des jésuites depuis le 16e siècle, lors de l’arrivée des premiers membres de la Compagnie dans le pays. Suivant le principe d’inculturation, ils y ont appris et assimilé la langue et la civilisation chinoises. Ces premiers échangent avec la Chine ont permis par la suite des relations plus étroites avec l’Occident. Après la dissolution de l’Ordre jésuite en 1773, les contacts ont été interrompus mais repris dès 1841.

    Orphelinat, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Etudiants à l'université, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Orphelins, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Dans les années 1930, la Chine est instable. Elle est le terrain d’affrontements entre communistes et nationalistes. Dès 1931 et jusqu’en 1945, elle doit se battre contre l’invasion japonaise. C’est dans ce contexte de villes et de campagnes convoitées par les forces chinoises ou japonaises que l’aide des jésuites, humanitaire et caritative, est primordiale afin d’éduquer les élites et d’accueillir les orphelins entre autres missions. Le père de Reviers circule ainsi entre les établissements jésuites afin d’en faire un rapport détaillé. Reçu sur place par les pères français qui lui servent de guides et d’interprètes, il immortalise une Chine pleine de vie et touchante parfois en dépit d’un contexte difficile.

    Femme sur un sampan, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Un témoignage d’une richesse sans pareil

    Bonzes, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Femmes en habits traditionnels, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Le père de Reviers entreprend un voyage de plusieurs mois durant lesquels il réalise un tour d’horizon de la Chine qu’il découvre. Il emmène avec lui de nombreux appareils photographiques et le matériel nécessaire au développement de ses clichés

    Plaubel Makinette, format 6 x 9, Allemagne, années 1920

    Curt Benzin Göerlitz, format 13 x 18, 1908

    Projecteur Pathé-Baby, utilisé lors de conférences sur l’œuvre des missionnaires dans le monde

    Observateur, curieux de tout, le père de Reviers fixe sur ses plaques de verre les habitudes et les traditions d’une population qui lui était étrangère. Il capture les paysans au travail, les enfants jouant ensemble ou des scènes de vie quotidienne, s’attarde sur les paysages de campagne autant qu’urbains et fait poser prêtres ou mendiants devant ses objectifs. L’architecture l’intéresse tout autant, en attestent quelques clichés d’édifices de Shanghai, dont une cathédrale en construction. Un ensemble aussi diversifié est inédit dans la photographie de cette époque, notamment dans la Chine rurale. Il s’agit d’un reportage ethnologique de grande valeur patrimoniale et historique. Nombre de clichés peuvent évoquer le mouvement de la photographie humaniste, naissant dans les années 30.

    Chaînes, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Mendiants, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Le collectage photographique du père Jo immortalise une Chine en transition, entre tradition et modernisme. À cette période, les batailles politiques et l’invasion japonaise bouleversent le pays, provoquant des mutations économiques et sociales dans les villes. Ces changements se répercutent dans les campagnes et transforment progressivement la vie des habitants.

    Vue aérienne, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Les clichés conservés à la BmL sont sous la forme de négatifs sur plaques de verre (plus de 500 pièces) ou films plastiques (environ 170 pièces). Sont également conservés quelques positifs (plaques de verre ou films plastiques). Les supports sont de formats variés : des plus grandes plaques de 16 x 12 cm aux plus petites, 9 x 6,5 cm, en passant par des stéréoscopiques, 13 x 9 cm. Un fonds d’une telle diversité matérielle et iconographique est de premier intérêt pour les chercheurs comme pour le grand public. Ces techniques, obsolètes à l’ère du numérique, racontent l’histoire de la photographie ; les clichés du père Jo donnent pour leur part un accès unique à l’histoire chinoise.

    Manipulation d'une photographie stéréoscopique sur plaque de verre, Bibliothèque municipale de Lyon

    Manipulation d'une photographie sur plaque de verre, Bibliothèque municipale de Lyon

    Il s’agit par ailleurs d’un fonds complémentaire au Fonds chinois de la Collection Jésuite des Fontaines concernant les liens étroits entre les jésuites et l’Empire du milieu, le père de Reviers ayant, lui-même, entrepris ce voyage pour y étudier la présence missionnaire. Ses photographies font partie de l’élaboration de son rapport, notamment lorsqu’il capture les orphelinats, les écoles et les universités. Plus généralement, le Fonds Joseph de Reviers apporte un éclairage nouveau au Fonds chinois déjà très varié et fourni de la Bibliothèque municipale de Lyon. Ces photographies gardent une trace de la Chine des années 1930 à l’aube d’une transition économique et sociale que décrivent nombre de livres d’histoire, de littérature ou de périodiques faisant partie du fonds chinois. Ces clichés illustrent ces écrits et apportent même des informations supplémentaires sur la vie dans les campagnes et du travail des « paysans de l’eau ».

    Un photographe humaniste

    Ecole d'Art, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Les travaux du père de Reviers sont en somme fascinants, de par les nombreux voyages qu’il a pu effectuer durant sa vie, et les témoignages qu’il a pu en donner. Il nous laisse des instantanés de ses voyages par les photographies, sur plaques de verre ou en tirages papier, et des carnets relatant ses aventures. Sur les clichés des plaques de verre et des films plastiques conservés à la BmL, il laisse entrevoir une volonté de garder une trace de ce qu’il a pu observer en sillonnant la Chine rurale et citadine. Il semble n’écarter aucun sujet ni modèle et fait poser autant qu’il capture sur le vif, dans une approche ayant pu être qualifiée d’humaniste. Le père de Reviers n’est pas considéré comme un photographe professionnel, certains clichés sont d’ailleurs flous ou mal cadrés. Il s’agit d’un fonds inédit de la Chine entre 1932 et 1933 ; une chronique visuelle sur la vie quotidienne d’une population sans mise en scène coloniale de la part d’un prêtre jésuite.

    Orphelinat, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Boîtes originelles du Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Conditionner un fonds de plaques de verre

    Le fonds de Reviers est arrivé à la BmL dans ses boîtes cartonnées d’origine, à l’intérieur de grands coffrets en bois supposément confectionnés par les jésuites. Il s’agissait certainement de rassembler les supports photographiques en un même contenant qui pourrait en outre les protéger. Ces coffrets en bois contenaient également des tirages papier de certains clichés

    En raison des travaux de désamiantage des silos, les collections qui y sont entreposées doivent être déplacées ; il est donc indispensable de les protéger avant leur transport. Le fonds de Reviers n’échappe pas au voyage et doit faire l’objet d’un conditionnement afin que les plaques de verre et les autres supports puissent être sauvegardés.

    Boîtes originelles du Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Le bon conditionnement en 4 étapes

    1. Observer et comprendre un fonds aux pièces diverses

    Les contenants : coffrets en bois et boîtes cartonnées, pochettes en papier cristal.

    Le contenu : clichés négatifs ou positifs au gélatinobromure d’argent sur plaques de verre ou films plastiques, de tailles variées, dont quelques supports colorisés et des tirages papiers de certaines de ces photographies.

    Acrobates, 1932-1933, Photographie sur plaque de verre, Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Boîte originelle du Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    2. Analyser un fonds déjà classé par les jésuites

    Des grands ensembles étaient déjà définis, avec la composition des grands coffrets en bois. A l’intérieur, les boîtes cartonnées contenant les supports photographiques ou des pochettes assemblées avec des élastiques formaient des sous-ensembles numérotés et nommés. Un tableau répertoriant chaque pièce, les manques ou les doubles et les particularités éventuelles est établi en tant que document de référence pour de futurs chercheurs ou bibliothécaires.

    Boîte originelle du Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    Boîte originelle du Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    3. Etablir un classement cohérent

    En respectant les grands ensembles des coffrets et des boîtes cartonnées ou des pochettes rassemblées, il s’agissait de remettre en ordre les plaques de verre et les films plastiques. Outre les supports photographiques rangés dans les grands ensembles, certains étaient mis à part en raison d’un travail de publication quelques années auparavant. En s’aidant des fichiers numérisés lors du travail de publication de Christine Cornet, il a été possible de les reclasser avec le reste du fonds.

    Fonds de Reviers, Bibliothèque municipale de Lyon

    4. Conditionner de manière pérenne

    Enlevées de leurs boîtes cartonnées puis de leurs pochettes en papier cristal, les plaques de verre devaient être séparées des films plastiques. Pour que les matériaux ne se dégradent pas mutuellement, chaque plaque de verre possède son enveloppe neutre afin d’éviter les frottements. Les films plastiques, moins fragiles, sont parfois réunis dans une même enveloppe en respectant le classement et la numérotation.

    Boîte de conditionnement de plaques de verre,Bibliothèque municipale de Lyon

    Boîtes de conditionnement du Fonds de Reviers,Bibliothèque municipale de Lyon

    Sur ces enveloppes sont indiqués les grands ensembles, les boîtes cartonnées ou les rassemblements de pochette, le numéro et le titre de la photographie, plaque de verre ou film plastique. Le tout est rangé dans l’ordre dans des boîtes neutres à rabat.

    Des étiquettes fixées à la colle d’amidon, dans un but de réversibilité le cas échéant, indique l’identité de ce fonds : « Collection Jésuite des Fontaines, Fonds Joseph de Reviers, Chine 1932-1933 », et donne une précision sur le contenu de la boîte en particulier : « Chine IV boîte 3 à Chine IV boîte 8 », avec le titre du coffret et celui de la boîte cartonnée d’origine.

    Certaines boîtes retrouvées vides sont conditionnées dans des enveloppes où est signalé le manque d’informations quant à leur contenu passé.

    Pour aller plus loin

    Cartographie / Géographie :

    Ouvrages généraux :

    Ouvrages spécifiques historiques :

    Ouvrages spécifiques sur la photographie :

    Webographie :

    Auteur du dossier : Morgane Odic

    Pour citer cet article

    Référence électronique

    Morgane Odic, La Chine des années 1930 sur plaques de verre : le fonds Joseph de Reviers, numelyo [en ligne], mis en ligne le 2019-09-23T09:01:41.868Z, consulté le 2023-10-02 00:50:00. URL : https://numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_00GOO01001THM0001_joseph_de_reviers

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