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    Livres et intellectuels lyonnais au IXe siècle : les manuscrits personnels de Florus de Lyon

    Page d'introduction :

    Livres et intellectuels lyonnais au IXe siècle : les manuscrits de Leidrat, Agobard, Amolon, Remi, Florus et Mannon

    Page en lien :

    Livres et intellectuels lyonnais au IXe siècle : les manuscrits dispersés se retrouvent grâce à Internet

    Page en lien :

    Livres et intellectuels lyonnais au IXe siècle : les manuscrits légués à la cathédrale de Lyon par les évêques Leidrat, Agobard, Amolon et Remi

    Né au tournant des VIIIe–IXe siècles, élevé dans le giron de l’Église de Lyon, Florus reste toute sa vie aux service de ses évêques, en tant que diacre et chanoine du chapitre de la cathédrale. Surtout, il vit dans les livres et pour les livres, s’impliquant dans tous les aspects du travail intellectuel et livresque de l’époque.

    Grand lecteur, il a une connaissance approfondie de la bibliothèque de la cathédrale, et met cette connaissance à profit en tant que secrétaire des évêques Agobard, Amolon et Remi. Il maîtrise aussi bien l’exégèse, la théologie, la liturgie, que le droit ecclésiastique ou la critique textuelle. Il forme des copistes scrupuleux et entretient la pratique d’une écriture sobre et claire. Il entreprend également de chercher des ouvrages rares, d’en corriger les textes altérés par la transmission de copies en copies et d’en donner de nouvelles éditions. Une part importante de son activité d’auteur consiste à vulgariser les Pères de l’Église, en particulier saint Augustin, qu’il connaît comme personne ; on lui doit ainsi une monumentale compilation de plus de deux mille extraits, prélevés à travers toute l’œuvre d’Augustin, et formant un commentaire sur les épîtres de Paul : bien que le nom de son auteur se soit rapidement perdu, cette œuvre eut un grand succès au Moyen Âge, puisque nous en conservons encore plus de quatre-vingt témoins manuscrits de toutes époques. Enfin, il prit personnellement la plume à plusieurs reprises, pour se faire le champion de ce qu’il regardait comme les intérêts de l’Église de Lyon ou comme la foi de l’Église catholique. Il mourut un 8 février, vers 860.

    Parmi tous les intellectuels carolingiens, Florus de Lyon se distingue avant tout par l’immensité de la documentation manuscrite que nous conservons de lui encore à ce jour : plusieurs dizaines de manuscrits portent des traces autographes de son travail. Le noyau de cette documentation se compose essentiellement des manuscrits carolingiens et antérieurs du Fonds ancien de la Bibliothèque municipale de Lyon mais au fil des siècles, un grand nombre d’autres manuscrits se sont retrouvés dispersés dans des bibliothèques de toute l’Europe.

      EXEMPLAIRES AUTOGRAPHES DES ŒUVRES DE FLORUS DE LYON

      Parmi tous les manuscrits porteurs de traces autographes de l’activité de Florus, trois lui sont plus étroitement liés, parce que Florus s’y est fait lui-même le copiste de tout ou partie des œuvres qu’ils contiennent : Lyon, BmL, 484 (414) ; Paris, BnF, lat. 2859 ; Vatican, B.A.V., Vat. lat. 3852.

    • Lyon, BmL, Ms 484 (414)
    • Commentaires de saint Augustin sur les épîtres de saint Paul rassenblés par Florus. IXe siècle (entre 816 et 855). Lyon, BmL, Ms 484, f. 113v.

    • Paris, BnF, Baluze 270, ff. 72–73
    • Ce manuscrit est le second volume de l’exemplaire original de la Compilation augustinienne sur les épîtres de Paul , le « grand œuvre » de Florus de Lyon - le premier volume est perdu, peut-être à cause de l’incendie qui a beaucoup endommagé le volume qui nous reste ; et les deux derniers feuillets de notre volume se trouvent désormais à Paris. Comme l’a montré Louis Holtz, on voit ici Florus intervenir à toutes les étapes de la conception du livre. Tout d’abord, c’est lui qui a conçu l’œuvre : c’est lui qui a relu tout ce que Lyon possédait de saint Augustin, lui qui a retenu les œuvres authentiques et écarté les œuvres apocryphes, lui qui a sélectionné les passages les plus intéressants où Augustin s’attardait sur tel ou tel verset de saint Paul. Mais surtout, dans ce manuscrit qui est l’original de l’œuvre, nous voyons Florus perfectionner son œuvre en supprimant, déplaçant ou ajoutant des passages ; et nous le voyons diriger et superviser l’ensemble du travail de copie : c’est lui qui a formé et qui forme les copistes, c’est lui qui les relit, les corrige, affine et raffine partout la ponctuation ; et enfin c’est lui-même qui prend de temps en temps le calame pour s’acquitter d’une part du travail de copie.

    • Paris, BnF, lat. 2859
    • Vers 1570, un érudit de passage à Lyon découvrit à l’Île Barbe ce manuscrit, fort intéressant à une époque où catholiques et protestants s’opposent vigoureusement sur la théologie de la grâce divine : il contenait plusieurs traités, jusqu’alors inconnus, composés au IXe siècle dans une grande polémique sur la question de la prédestination. Notre érudit emporta donc ce volume à Paris pour en éditer le contenu : ce fut chose faite en 1610, mais comme les traités n’étaient pas signés, on leur donna comme auteur « l’Église de Lyon », collectivement. Ce manuscrit passa ensuite dans la collection de Colbert, et de là rejoignit la Bibliothèque royale, ancêtre de la Bibliothèque nationale de France.

      Les connaissances nouvelles sur les intellectuels lyonnais à la période carolingienne ont permis d’identifier l’auteur de ces traités, Florus de Lyon : en tant qu’expert de saint Augustin, il avait nécessairement son mot à dire dans une querelle sur la grâce et la prédestination, qui n’engageait pas seulement des points de théologie, mais exigeait aussi une véritable expertise sur le caractère authentique ou apocryphe des œuvres patristiques dont se réclamaient les uns et les autres.

      Ce volume rassemble les exemplaires originaux de quatre traités de Florus de Lyon sur la prédestination. Là encore, on voit Florus parfaire continuellement son œuvre, en corrigeant certains endroits ou en rajoutant des passages dans les marges. Il a même copié intégralement de sa propre main l’un des traités, le Contre Jean Scot.

    • Vatican, B.A.V., Vat. lat. 3852
    • Ce manuscrit est un dossier rassemblé par Florus et intégralement copié de sa main. Il s’agit vraisemblablement d’une anthologie personnelle, tirée de ses lectures de Bède ou d’Isidore, d’Orose ou de Paul Diacre, d’Augustin, de Jérôme, de Tertullien ou d’Eucher de Lyon. Il ne s’agissait pas nécessairement de préparer un dossier ou un travail précis : Florus aura simplement voulu garder ces textes « à portée de main », dans ses propres « papiers ».

      LES MANUSCRITS DE TRAVAIL DE FLORUS DE LYON

      Contra Faustum, Saint Augustin. Fin du VIIIe ou du début du IXe siècle (avant 814). Lyon, BmL, Ms 610 (526)

      À côté des trois témoins du Florus auteur et copiste, on a identifié des dizaines de manuscrits que Florus a eus entre les mains, qu’il a lus assidûment, et sur lesquels il a laissé des annotations, parfois aussi nombreuses qu’abondantes, de sa main nerveuse et précise. Ces manuscrits de travail sont dispersés dans diverses bibliothèques à travers toute l’Europe : Paris, Genève, Rome, Berlin, et jusqu’à Saint-Pétersbourg.

      Mais les manuscrits les plus importants sont toujours conservés à Lyon même : ils nous transmettent, avec les ouvrages de saint Augustin qu’ils contiennent, le témoignage visible de la passion de Florus pour l’œuvre du « docteur de la grâce ».

    • Contra Faustum, Saint Augustin. Fin du VIIIe ou du début du IXe siècle (avant 814). Lyon, BmL, Ms 610 (526), f. 1v.
    • Diverses œuvres de saint Augustin sur le baptême. IXe siècle – (826-850). Lyon, BmL, Ms 603 (526) avec Lyon, BmL, Ms 788 (706), ff. 67–74
    • Sermones 46 et 47 - De baptismo - De peccatorum meritis et remissione et de baptismo paruulorum - De unico baptismo - De spiritu et littera

    • Diverses œuvres de saint Augustin sur la grâce. Fin du VIIIe siècle ou du début du IXe siècle (au plus tard 814). Lyon, BmL, Ms 608 (524)
    • De perfectione iustitiae hominis - De natura et gratia - Epistulae 214 et 215 - De gratia et liber arbitrio - De correptione et gratia - Epistulae 225 et 226 - De praedestinatione sanctorum et de dono perseuerantiae

      Diverses œuvres de saint Augustin sur la grâce. Fin du VIIIe siècle ou du début du IXe siècle (au plus tard 814). Lyon, BmL, Ms 608 (524), f. 2r.

      L’accord des Évangélistes de saint Augustin. VIe siècle. Lyon, BmL, Ms 478 (408), f.20r.

      Dans une foule d’autres manuscrits patristiques et juridiques, on retrouve les mêmes traces du Florus lecteur et compilateur. Le Florus lecteur lit le calame à la main, et n’hésite pas à s’attarder dans les marges : il annote, commente, s’enthousiasme ou blâme, ou tout simplement signale un passage intéressant et mémorable. Ces notes nous renseignent sur sa personnalité, mais aussi sur sa « main », renforçant ainsi notre connaissance des manuscrits autographes du diacre. Quant à la compilation, c’est son activité la plus constante. D’une part, dans son travail de « secrétaire » des évêques, Florus constituait pour eux des dossiers d’autorités : des séries de citations patristiques et canoniques, que l’évêque pouvait ensuite réemployer pour étayer ses propres argumentaires. D’autre part, Florus s’est beaucoup consacré — probablement toute sa vie durant — à réaliser des compilations patristiques en forme de commentaire sur les épîtres de Paul : la compilation augustinienne n’est que la plus vaste de cette quinzaine d’œuvres à la méthodologie toujours semblable. Ainsi, à force de sélectionner continuellement des passages choisis de ses lectures, il raffina sa méthode d’extraction jusqu’à développer un système de signes diacritiques particulièrement élaboré : il mâchait ainsi le travail pour les copistes qui, par la suite, devraient reprendre les manuscrits annotés et recopier au propre les extraits définis par le maître. Ce système est si personnel et caractéristique que c’est lui-même qui permit à Célestin Charlier de redécouvrir Florus après onze siècles d’anonymat quasi-complet. Les manuscrits qui portent de ses signes diacritiques sont aujourd’hui dispersés dans toute l’Europe.

      En voici quelques exemples numérisés et accessibles en ligne :

    • L’accord des Évangélistes de saint Augustin. VIe siècle (folios 1, 10-202). VIIe siècle (folio 203). IXe siècle (folios 2-9). Lyon, BmL, Ms 478 (408)
    • Œuvres d’Eucher, évêque de Lyon. Paris, BnF, lat. 9550
    • Commentaire du psaume 118 de saint Ambroise. Firenze, B.M.L., Plut. XIV. 21
    • Lettres et sermons de saint Augustin : Codex Phimarconensis, en trois fragments :
    • Paris, BnF, lat. 11641 ; Saint-Pétersbourg, BnR, lat. F. pap. I. 1 ; Genève, B.G, lat. 16

      Florus faisait également preuve d’une véritable expertise en manuscrits anciens, ce qui apparaît en particulier à travers les restaurations qu’il a effectuées de sa main dans le célèbre Codex Bezae (University Library, Ms Nn.II.41), l’un des plus importants manuscrits pour l’histoire du texte du Nouveau Testament, aujourd’hui conservé à Cambridge.

      Restauration de Florus de Lyon, feuillet latin.

      Restauration de Florus de Lyon, feuillet grec.

    Auteur du dossier : Pierre Chambert-Protat

    Pour citer cet article

    Référence électronique

    Pierre Chambert-Protat, Livres et intellectuels lyonnais au IXe siècle : les manuscrits personnels de Florus de Lyon, numelyo [en ligne], mis en ligne le 2015-03-06T10:50:21.752Z, consulté le 2024-04-25 05:38:30. URL : https://numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_02MNSO00101THMcarolingienp3

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