[Marché aux Puces de La Feyssine (jour de fermeture)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT0065B 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
description Inscription(s) sur l'image : "Amicale des brocanteurs" ; "Brocante" ; "Village de La Feyssine - Entrée".
historique En vingt ans de Feyssine, les puces avaient pris de l'assurance et de l'ampleur. Une vraie brocante, aux portes de la ville. Un fourre-tout qui passe à la trappe pour cause de périphérique nord. Les professionnels de la chine cherchent une issue, demandent des prolongations et essuient des refus. Mais la Feyssine, est aussi un quartier. Des pavillons, des jardins, une autre histoire qui se règle à coup d'indemnisations. Cependant, brocanteurs et riverains, tout le monde résiste. En attendant la date fatidique, au début de année 1993.
historique Ne parlons pas de Londres ou Berlin. Restons français. A Strasbourg, Marseille, Lille, Nice, Bordeaux, Toulouse, les marchés aux puces ou à la brocante sont hebdomadaires, bi-hebdomadaires, voire quotidiens. Ils occupent une bonne place dans la politique touristique de ces grandes villes, se situent en plein centre-ville ou sont facilement accessibles à leurs visiteurs. L'agglomération lyonnaise a, elle, déjà repoussé ses puces au-delà du périphérique, préférant concéder ses quais aux marchés jugés convenables et proprets. Avec la disparition du grand déballage de la Feyssine au début de l'année [1993] au profit du périphérique nord, il n'y aura bientôt plus de marché aux puces. Plus du tout. Villeurbanne, où il y a vingt ans la place Rivière faisait déjà le régal des chineurs, pourrait en profiter pour damer le pion à sa grande rivale. Mais la municipalité précise seulement qu'une réflexion est en cours. "Le schéma d'aménagement de la Feyssine n'est pas encore achevé", précise-t-on à la mairie. "Une chose est sûre, dans l'avenir, on ne trouvera plus jamais des puces comme celles de la Feyssine ou de Saint-Ouen. Si l'on fait quelque chose, ce sera un plateau, très réglementé, où n'entreront que les professionnels". Les temps changent. Les brocanteurs expropriés de la Feyssine ont fait le tour des communes avoisinantes. Ils ont essuyé vingt-sept refus. Dont celui de Lyon où l'on a déjà bien du mal à trouver un terrain pour les forains, alors pour les puces... A la Feyssine, les dimanches en sont devenus tout moroses. Les chineurs savent désormais qu'ils devront s'expatrier à Paris, Strasbourg ou ailleurs, attendre les salons et foires annuels. Les professionnels, eux, restent en plan. Déjà, certains d'entre eux ont reçu leur lettre d'expropriation. Mais les conditions financières ne leur conviennent pas du tout. "Ils nous ont promis 30% du chiffre d'affaires, mais ce n'est pas logique", explique Lucien Monnier, président du Syndicat régional de l'antiquité et de l'occasion (SRAO) installé près du périph' depuis près de vingt ans. "Les petits ont parfois un chiffre d'affaires plus important que les gros. Alors que ces derniers ont beaucoup plus investi dans leur stand". Le SRAO demande donc 80% pour les quelque soixante brocanteurs qui seront indemnisés. Mais sans espoir de succès. Car du côté de la Serl (Société d'équipement du Rhône et de Lyon), chargée du dossier d'expropriation avec la Direction des domaines, il n'en est pas question. "Nous sommes actuellement en négociation avec les experts et le conseil des brocanteurs, explique Jean-Paul Paillard, responsable du dossier pour la Serl. Et je pense que nous trouverons un consensus". En 1972, quand les premiers marchands sont venus s'installer sur ces terrains entre le périphérique, le canal de Jonage et le cimetière de La Doua, ils n'étaient que quelques-uns. "Nous avons essuyé les plâtres". Au fil des ans, les 42.000 mètres carrés gérés par Jacques Léopold au nom de Société civile immobilière familiale, se sont remplis. Aujourd'hui, près de 20.000 visiteurs se déplacent chaque dimanche matin, on recense 176 stands couverts et un peu moins de six cents emplacements en plein air. Sur cette dernière portion, on estime que les "non patentés" sont deux cents. "C'est pour cela que la Feyssine a mauvaise réputation", explique un professionnel. "Si l'on fait quelque chose ailleurs, il faut que ça soit mieux réglementé". Chaque dimanche matin en effet, les contrôles aux entrées sont difficiles. Pourtant, tout devrait être consigné sur un registre. "Moi, je n'ose plus rien acheter à part à mes collègues. Pourtant, il y a souvent des choses qui m'intéressent. Mais on ne sait jamais d'où cela sort". Quand on laisse traîner son oreille, on entend par-ci par-là, certains parler de projets. Dans des usines désaffectées, dans des terrains vagues... "Beaucoup ont des propositions, mais cela ne servira qu'à morceler notre marché", explique Lucien Monnier, président du SRAO, qui a monté son propre projet sur lequel il préfère rester discret. "Ça ne se fera pas avant le printemps [1993]. Nous sommes en pourparlers avec une municipalité. Nous n'attendons plus que sa réponse qui nous a été promise rapidement". Le projet du président du SRAO s'étendra sur 6000 mètres carrés, il y aura, comme à la Feyssine, des stands fermés et d'autres en extérieur. Mais la comparaison s'arrête là. "Plus jamais, on ne retrouvera la Feyssine. C'est un temps révolu. Dans notre projet, le marché aux puces redeviendra un marché sain avec de vrais contrôles. Seuls les professionnels français ou étrangers seront acceptés à l'année. Les particuliers pourront venir, mais chacun une fois par an, comme la règle le prévoit. Pour les visiteurs, il sera facile d'accès". Mais impossible de connaître le nom de la commune. Le dossier ne devrait pas être bouclé avant fin avril [1993]. "C'est vraiment compliqué au niveau de la sécurité depuis le drame de Furiani, les réglementations sont draconiennes. Il faut prévoir des alarmes, un bassin de rétention. Nos terrains, seront surveillés par une société de gardiennage, il y aura des sanitaires, des bars, peut-être un restaurant. De plus, nous mettrons en place un parking, on ne pourra plus se garer n'importe comment. Toutes les démarches sont longues. Et puis on a toute notre marchandise à déménager. D'ici là, il faudra que l'on reste à la Feyssine". Les brocanteurs voudraient jouer les prolongations jusqu'au printemps, mais pour la Serl, ce n'est vraiment pas possible. Les travaux du périphérique nord commenceront dans ce secteur-là au début de l'année [1993], les terrains devront donc être libérés au plus tard à la fin de 1992. Pour des raisons de sécurité, la poursuite du marché aux puces sera donc compromise puisque les camions occuperont les terrains toute la semaine. Avec la SCI propriétaire des terrains du marché, les négociations sont terminées depuis bien longtemps. Seules les indemnisations des soixante brocanteurs-locataires posent encore problème. "Nous avons déjà obtenu les accords de certains". Pour les derniers récalcitrants, la solution viendra du juge des expropriations, qui sera alors saisi et fixera le dernier prix. La Feyssine sera définitivement enterrée. Source : "Les derniers dimanche de La Feyssine" / Nathalie Blanc in Lyon Figaro, 10 octobre 1992, p.4.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP05597.

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