[Transhumance de Rémuzat aux pâturages de Combeau (Drôme)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT0164 05
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historique Depuis le 17 juin 1994, 1500 moutons venus du Vaucluse transhument dans la Drôme. Une première depuis vingt ans. De Rémuzat à Combeau, en passant par Die pour l'étape festive du week-end, la transhumance est repartie.
historique "La dernière fois que j'ai vu ça, j'avais 12 ans". Sur le passage de la transhumance, les villageois sont ravis. Les anciens guettent comme jadis le bruit des cloches et les premiers bêlements. "Ils arrivent ! Ils arrivent !". A La-Motte-Chalencon, petit bourg typique des monts de la Drôme provençale, les vieilles dames ont installé leurs chaises pliantes à l'ombre des tilleuls. Certes ce n'est pas l'affluence des étapes du Tour de France cycliste, mais l'unique terrasse du café local, deux tables et six chaises, affiche complet. Les Hollandais et les Allemands ont sorti appareils photos et caméras. Les premières brebis s'engouffrent dans les ruelles du village. Il ne manque que les applaudissements... Le troupeau de mérinos d'Yves et Serge Roman, originaire de Violès dans le Vaucluse, fait l'unanimité. "1500 têtes, un beau troupeau". Avis de spécialistes. C'est la première fois depuis 1973 que les transhumants reviennent, à pied, sur cette route traditionnelle. L'abeïlo ou I'abeïllée, comme on dit en provençal selon que l'on habite le nord ou le sud du pays de la lavande, est un véritable événement pour la Drôme touristique. A Die, depuis 1990, on organise la fête de la Transhumance, colloque scientifique et spectacle folklorique à l'appui, mais cela n'a rien à voir avec le "vrai" voyage programmé cette année. Forte d'une réussite constante en trois années d'expérience, l'association Draille, à l'origine de la manifestation, a décidé de franchir le pas et de proposer une transhumance de Rémuzat aux pâturages de Combeau, 95 kilomètres en quinze jours. Comme avant l'arrivée des trains et des poids lourds. Depuis des temps immémoriaux, l'été venu, les bergers du midi de la France mènent leurs troupeaux vers les hautes cimes aux verts et frais pâturages des Alpes ou des Cévennes. Jusqu'aux années soixante-dix, les moutons ont bêlé ainsi tranquilles sur les routes du Vercors, sans se presser, à 3 kilomètres à l'heure de moyenne, un bon rythme pour les hommes. Le développement économique et la multiplication des véhicules signent l'arrêt de mort de la transhumance. Désormais, béliers, brebis et agneaux partent en grandes vacances en engins motorisés. Comme tous les Français. Il faut attendre le début des années quatre-vingt-dix, les campagnes de lutte en faveur de l'environnement, la prise en compte de la désertification des campagnes françaises, pour qu'une association se lance sur ce créneau plutôt sympathique de la transhumance. Entre le devenu classique hébergement en gîte rural et les banales balades en VTT. Draille regroupe des éleveurs, des ethnologues, des chercheurs et des "gens de communication" et peut aujourd'hui se vanter d'avoir réussi son pari de faire revivre cette belle tradition. Non sans difficulté cependant [...]. Dans chaque bourg-étape, les habitants, les touristes et les élus attendent en effet avec impatience l'arrivée de la Transhumance. Les habitants se rappellent leur jeunesse, les touristes en ont pour leur argent et les élus ont touché une petite subvention pour préparer le spectacle et héberger les bergers et leurs familles... "Cette transhumance est bonne pour nous. Cela fait parler de l'arrière-pays. Avant, cela ne se passait qu'à Die, maintenant d'autres villages plus éloignés peuvent en profiter", souligne Simone Montlahuc, adjointe au maire de La-Motte-Chalancon, encore chef-lieu de canton malgré la transhumance de ses plus jeunes éléments. "Nous ne sommes plus que 380 habitants et 2000 l'été... Il y a une vingtaine d'années, nous étions plus de 500. Maintenant, il y a plus de résidences secondaires que de maisons habitées toute l'année". Le retour de la transhumance, comme élément touristique, pourrait en encourager à venir s'installer définitivement au pays. La-Motte-Chalancon, Poyols, Châtillon-en-Diois, le troupeau des Romans suit aujourd'hui encore sa route jusqu'à Combeau et Chamousset où il vivra au vert jusqu'en octobre. L'arrivée des premiers froids et surtout l'arrivée imminente des agnelets contraindront les transhumants à prendre alors le chemin du retour. A la vie moderne. Cette fois, le voyage se fera en camion et sans opposition. Source : "Retour à la tradition" / Nathalie Blanc in Lyon Figaro, 24 juin 1994, p.1 et 4.

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