[Avant-dernier marché aux Puces de La Feyssine]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT0065B 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
description Inscription(s) sur l'image : "Pêche. Moulinets Mitchell".
historique Le 16 août 1993, les puces à la Feyssine vivront leur dernier dimanche. Le 29 août 1993, elles seront à Vaise. Les bulldozers vont envahir le terrain de l'ancien marché pour la construction du périphérique nord. Ils devraient le rendre aux brocanteurs en 1996.
historique Tristes mines et dernières braderies... La Feyssine marque la fin d'une époque que beaucoup de chineurs et de brocanteurs, le coeur gros, commencent déjà regretter. Après presqu'une année de négociations, de promesses et de rebondissements, le marché aux puces a enfin trouvé un terrain de transit pour trois années au moins : Vaise. Pourtant, en octobre [1992], les habitués de la Feyssine ne pariaient pas cher sur la survie du lieu de prédilection de la chine lyonnaise. Avec la construction du périphérique Nord, incontournable, c'est tout un quartier que l'on rase afin de lui donner une nouvelle destinée et une image plus "propre", digne du Grand Lyon, d'une agglomération aux rêves européens qui se construit, pour les exaucer, une cité internationale à quelques pas. En 1972, les puces lyonnaises accueillent leurs premiers marchands sur ce bout de terrain coincé entre le canal de Jonage, le cimetière de La Doua, Le Bois-Noir et le boulevard Laurent-Bonnevay. Au fil des ans, sur les 42.000 mètres carrés de terrain qui appartiennent à un particulier, Jacques Léopold, s'entassent bibelots, meubles, tableaux puis, plus tard, machines à laver, vieux pistons et autres tournevis pas vraiment d'occasion. Comme à Saint-Ouen où dans les célèbres Galeries, on trouve de tout à la Feyssine et même des gens pas très honnêtes. Le marché aux puces de l'agglomération ne peut échapper à la règle et policiers et gendarmes locaux se mêlent parfois à la foule du dimanche matin. Hebdomadairement, on compte près de 20.000 visiteurs entre les 176 stands couverts et les six cents emplacements en plein air. Les vendeurs sont aussi partagés en deux catégories, les professionnels patentés et ceux que l'on appelle les "particuliers". Selon la législation en cours, le marché ne leur est ouvert qu'un dimanche par an seulement. Mais, à la Feyssine, le dimanche est parfois accordé à l'année. Les professionnels de l'antiquité et de l'occasion laissent couIer... Jusqu'à l'arrivée du périphérique nord. L'annonce de la construction de l'équipement routier fait l'effet d'un pavé dans la mare. Déclaré d'utilité publique, l'aménagement entraîne son lot d'expropriations. Les derniers habitants de la Feyssine, comme les brocanteurs seront difficiles à convaincre. Mais une nouvelle maison est certainement plus facile à trouver qu'un nouveau terrain pour marché aux puces. Le Syndicat régional de l'antiquité et de l'occasion va en faire l'expérience. La quête pour trouver l'espace du futur commence. La Feyssine ne sera plus jamais la Feyssine. Les puces ont une sale réputation. Et il faudra les "toiletter" pour convaincre les maires, les conseillers municipaux et autres décideurs locaux d'accepter cette foire dominicale dans leur fief. A l'automne [1992], pas une ville de l'agglomération lyonnaise ne veut du "paquet". Mais le temps presse. On ne donne aux brocanteurs que quelques mois pour déménager. La date est fixée une première fois au 31 décembre 1992. Le syndicat annonce son intention de s'installer aux Echets à Miribel. La nouvelle n'est même pas officielle que les riverains du site choisi protestent. La municipalité des Echets ne peut faire autrement que de rejeter la proposition des brocanteurs. Pourtant, ces derniers ont fait un effort. Ils proposent un marché aux puces nouvelle vague qui ressemble d'ailleurs plus à une cité des antiquaires en plein air qu'à une vraie brocante. "Si nous voulons survivre, il nous faut changer d'image". Exit les particuliers. Ils n'auront droit qu'à un dimanche par an, comme la loi l'exige. "Nous allons faire un grand nettoyage". Tandis que les terrains d'accueil se font de plus en plus rares, une poignée de brocanteurs saisit une autre opportunité. Le Fort de Bron pourraient accueillir quelques vendeurs, mais la solution est vite enterrée. Le dimanche 3 janvier 1993, les puces se réveillent... à la Feyssine. La Communauté urbaine vient d'accorder un délai supplémentaire aux chineurs, nouvelle réglementation à l'appui. Il faut dorénavant montrer patte blanche pour installer son étal. Surprise en mars, après un hiver morose, les brocanteurs apprennent que le Grand Lyon veut bien les garder en sein. Une fois les travaux du boulevard périphérique nord terminés, le marché aux puces pourra réintégrer une Feyssine organisée avec parking et installations de sécurité en règle. L'espoir renaît, surtout que l'on apprend, quelque temps plus tard, que le marché pourra rester sur son terrain jusqu'à l'été. Cette solution idéale n'empêche cependant pas quelques rebondissements spectaculaires. L'arrivée d'un maître des marchés parisiens divise les brocanteurs, la recherche d'un site de transit aussi. Entre Vaise et Gerland, les coeurs balancent. La Communauté urbaine décide et tranche pour le premier terrain. Forts d'une étude qu'ils sortent de leur chapeau, quelques brocanteurs affirment que le marché aux puces n'est pas obligé de déménager et qu'il peut continuer d'ouvrir chaque dimanche, même pendant les travaux. Les services techniques de la Communauté urbaine sont au bord de la crise de nerf et tranchent une nouvelle fois. Ce sera Vaise, sinon rien. Mais, à quelques jours des vacances de juillet, quelques professionnels de l'antiquité dénichent un autre terrain, plus petit mais plus près de la Feyssine, dans une zone industrielle villeurbannaise. Pour l'instant, le projet est sans suite. Et les puces déménageront bien dimanche [22 août] à Vaise. En attendant un retour sur la Feyssine programmé en 1996. Si tout se passe comme prévu... Source : "Feyssine, le dernier dimanche" / Nathalie Blanc in Lyon Figaro, 21 août 1993, p.1-2.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP06225.

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