[Inauguration du Conservatoire national supérieure de...

[Inauguration du Conservatoire national supérieure de musique de Lyon (C.N.S.M.)]
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localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTP1181A 09
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
descriptionAu premier plan, de gauche à droite : François Léotard, Raymond Barre et Francisque Collomb. A l'arrière plan, André Mure, adjoint à la Culture (au centre) et Roger Fénech, maire du 9e arrondissement de Lyon (à gauche). Adresse de prise de vue : Conservatoire national supérieur de musique de Lyon, 3, quai Chauveau, Lyon 9e.
historiqueEn avance de quelques semaines sur l'installation des élèves, le ministre de la Culture a inauguré le 18 février 1988 les locaux du nouveau Conservatoire national supérieur de musique de Lyon. Nombreux discours en sus.
historique"Aux fonctionnaires de l'Etat, je tiens à dire toute la gratitude qui est la nôtre." Ainsi s'exprimait, [le 18 février 1988], le ministre de la Culture et de la Communication François Léotard, lors de l'installation officielle (l'installation véritable n'aura lieu que le 16 avril) du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon, dans ses nouveaux locaux, quai Chauveau. Un hommage remarqué, car plutôt rare lors des discours officiel, à ceux "de la culture, du patrimoine, de l'équipement...". La Région avait eu sa fête, quelques jours auparavant, sur le plateau de la Croix-Rousse, à la villa Gillet. Il était logique que l'Etat ait la sienne, sur les bords de la Saône. Affaire de standing si l'on veut. Car l'Etat est le responsable de cette institution qu'il créa en 1979, à côté du Conservatoire supérieur de Paris, qui lui remonte à 1795. L'unique responsable financier, aussi, d'un chantier de près de trois ans, s'élevant à la coquette somme de 117,5 MF et dont la Direction régionale des affaires culturelles Rhône-Alpes est maître d'ouvrage, sous l'autorité de Marc Boltan. Oh, tout est loin d'être terminé ! Et tout l'art consistait, [le 18 février 1988], à donner un tant soit peu de fini aux divers bâtiments, le temps de la visite ministérielle. L'installation véritable, c'est pour plus tard. Mais que voulez-vous... en période électorale. "Quelques jours de plus auraient bien arrangés pourtant. Du moins ne pleut-il pas" remarquait, philosophe, l'architecte Emmanuel Rey. L'un des membres de l'équipe "Espace construit", qui a remporté le concours lancé en novembre 1982. Et qui devait livrer les bâtiments, partie en décembre 86, partie en décembre 87. Délais joyeusement dépassés. "Un retard essentiellement dû à la rigueur des deux derniers hivers. Mais aussi question de gestion du chantier. Un chantier spécifique, hyper-spécialisé, avec constamment des problèmes variés, d'acoustique, d'architecture, d'infiltrations... Or chaque fois nous avons donné la première place à la perfection. Cela prend du temps..." admettait Emmanuel Rey. A lui, la partie purement constructive : un ensemble d'importance, regroupant autour de la salle de concerts, une salle de répétition, un atelier électro-acoustique haut-de-gamme, une salle spéciale pour les (bruyantes) percussions et une autre pour les répétitions de l'orchestre. Ultra-moderne, avec nécessité de s'intégrer parfaitement dans un ensemble mi-XVIIIe, mi-XIXe siècle. Pari tenu quant au look. Refus du béton à outrance. Appel au verre, au métal, aux jeux de transparence et de reflets. Avec de séduisantes passerelles pour se raccorder aux vieux bâtiments. Reste par contre le problème d'une acoustique qui a, parait-il, déjà fait pousser de hauts cris au directeur du CNSM, le compositeur Gilbert Amy. "C'est vrai, nous sommes un peu en-dessous des normes. Il y un déséquilibre entre un grand plateau et une salle trop petite. Mais que voulez-vous ! Originellement c'était une salle de répétition et de concours... le public se réduisant au jury. Puis il a fallu passer de trente à trois cents places" note Emmanuel Rey. "Nous allons devoir fignoler tout cela, ainsi que l'éclairage. Ajouter de nouveaux panneaux ; en frêne renvoyant le son et surtout enlever les six centimètres de laine de verre qui tapissent le fond de la salle" avoue l'architecte, par contre très fier des superbes locaux de la section électro-acoustique, unique au monde, qui va recevoir sous peu un ordinateur flambant neuf. Son confrère Emmanuel Gallet s'est occupé des anciens bâtiments à restaurer et à transformer. Les restes d'un couvent de nonnes, les respectables Dames de Sainte-Elisabeth des Deux-Amants (du nom du lieu-dit), imbriqués dans les vastes locaux élaborés au [XIXe siècle] par l'architecte Chabrol, pour loger les élèves vétérinaires. De ce singulier patchwork, ce passionné de vieilles pierres a tiré un bâtiment d'une incomparable beauté, sobre, avec ses façades ocres bien ordonnées, sa galerie et son petit bassin central. "En reprenant tout simplement les plans originaux de Chabrol, qui n'avaient pas tous été réalisés. Nous avons tenu a enlever à l'ensemble le côté caserne, qui l'avait peu à peu défiguré au fil des ans, conserver le passé architectural, à l'intérieur comme à l'extérieur, enfin rendre le tout fonctionnel et agréable à vivre pour les futurs élèves", signale Emmanuel Gallet. De ce côté là, aussi, le pari semble tenu, quand on voit les petite chambres tout confort, mezzanine en option, avec petit studio pour les instrumentistes bruyants (trompettistes, cornistes...), qui ont été conçues par les architectes. L'ancien amphi où l'on autopsiait les chevaux va devenir une salle d'orgue, lambris d'époque garantis. Les grandes vitrines abritant jadis les animaux naturalisés vont recevoir partitions et disques compacts d'une bibliothèque musicale explosée en médiathèque. Et tous les couloirs sont élaborés pour permettre la circulation des pianos. Tout cela, le ministre de la Culture l'a vu, ou entrevu, au pas de course, en compagnie de son collègue Michel Noir, du sénateur-maire de Lyon et de l'ancien Premier ministre Raymond Barre, qui, à l'époque, mit le projet du CNSM lyonnais sur les rails. Puis tout le monde se retrouva dans la salle de concert pour les inévitables discours. Cinq ! Devant une assistance aussi composite que nourrie, où les conseillers municipaux, même non mélomanes, venus en rangs serrés, cherchaient leurs places, où l'on pouvait voir l'ancien directeur du Conservatoire de Région (l'autre), discuter avec le nouveau, le directeur de l'Orchestre de l'Opéra de Lyon en compagnie de son collègue Semyon Bychkov, des professeurs et des chefs de chorale, sans oublier une avalanche de photographes. Inévitables discours, donc. Le premier par le tout nouveau président du conseil d'administration du CNSM, Hugues Tay. Le second par Gilbert Amy, rappelant la chaine "qui relie nos lointains chantres de l'école Notre-Dame aux polyphonies mystérieuses d'un Ligeti, les incunables du poète musicien Guillaume de Machaut aux chartes de données engrangées par l'ordinateur de notre XXe siècle." Le troisième par Francisque Collomb soulignant "ce que ce conservatoire représente comme chances pour Lyon et la Région". Le quatrième par Raymond Barre imaginant "des procédures de recrutement des élèves encore plus ouvertes" et pressant le gouvernement d'accéder à ce 1% du budget pour la culture, toujours visé, jamais atteint, même à la fin des années soixante-dix, d'ailleurs. Au ministre de conclure, commençant par Proust, finissant par Baudelaire, distribuant une pluie de satisfécits à un peu tout monde, avant d'aligner les chiffres de ses actions récentes dans ce qu'il appelait "la longue marche que j'ai entreprise pour l'enseignement de la musique et de la danse." Et François Léotard d'évoquer l'amélioration prochaine du statut des directeurs et professeurs de conservatoire. Après quoi, comme il se faisait tard, on abrégeait considérablement le concert prévu. Le malheureux Webern passait aux oubliettes, grand perdant de la journée. Ah cette musique contemporaine ! Source : "En grande pompes et à toute pompe" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 19 février 1988, p.33-34.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP01131.
note bibliographique"Le un pour cent Barre" / Philippe Gonnet in Lyon Figaro, 19 février 1988, p.3.

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