[Rencontre avec Jean-Philippe Ricard, architecte de...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRP03698B 002
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
historique Le Zénith de Chassieu existait depuis quatre ans, sur le papier. Mais son bulletin de naissance sera daté du 12 avril 1991. Le ministère de la Culture a cédé en avril 1991.
historique C'est fait. Donnée à la signature [le 10 avril 1991], la convention d'un Zénith pour Chassieu a été signée [le 12 avril] par Jack Lang. [Le 13], elfe sera sur le bureau de Michel Noir. Sept années de tergiversations dont quatre exclusivement passées en négociation avec l'Etat et menées par deux équipes municipales successives ont trouvé une conclusion que d'aucuns jugeront heureuse. Eurexpo accueillera la salle rock de Lyon en s'enrichissant d'une salle de congrès. Entre l'envie du ministère de faire des petits Zéniths partout en France, celle d'Eurexpo de bénéficier d'un atout supplémentaire et celle de Lyon de tenir des promesses électorales pour pas trop cher, l'accord s'est concrétisé sur Chassieu. La Foire de Lyon vivra la nuit au rythme des concerts. La Foire de Lyon possèdera le jour la salle multiusages qui lui faisait défaut. C'est donc fait et Jacques Oudot de revendiquer la paternité de l'enfant : "Mon Zénith, on va l'aimer", déclarait-il [le 11 avril] dans une interview donnée au Progrès. L'adjoint à la Culture se félicite même d'avoir exilé le rock hors Lyon en dépit des engagements de Michel Noir: "Il a fait sa campagne électorale en homme de la rue plutôt qu'en homme politique. C'est moi qui l'ai fait changer d'avis". Le vrai papa du Zénith, l'ex-premier adjoint de la Ville de Lyon André Soulier, est lui aussi enchanté : "Ne souffrant pas d'une surabondance d'ego, je ne vais pas clamer sur les toits que ce Zénith ressemble comme un frère à celui de 1987, l'important est que cela démarre. Preuve est faite que les bonnes idées ont la vie dure, je pense juste que la société d'auto-admiration réunie autour de Michel Noir devrait ouvrir son capital à d'autres". Question jolies formules, André Soulier n'est pas avocat pour rien. Pour lui, pas de problème, Chassieu est aux portes de Lyon et la querelle sur l'éloignement lui semble du même registre que celles qui se tenaient en 1907 sur la localisation de l'hôpital de Grange-Blanche. On a envie de le croire, d'autant que Jacques Oudot jure la question transports réglée. Enfin presque. Du "J'assure de ma pression" (TLM, le 2 avril) à "je vais obliger tout le monde à prendre des dispositions pour les transports" (Le Progrès du 11 avril), on mesure l'évolution du dossier. Hélas, il y a longtemps que le tracé Satorail ne passe plus par Chassieu. Dans une lettre adressée à Michef Noir, l'élu socialiste Gérard Collomb enfonçait d'ailleurs un peu plus le pavé sur la route de Chassieu : "Pour ce qui est du site, nous le trouvons excentré par rapport au reste de l'agglomération. Peut-être n'avez-vous pas une information suffisante sur le phénomène rock. Sachez cependant que dans la plupart des spectacles, la moyenne d'âge des spectateurs et de 16/17 ans. (...) Quelle famille laissera partir seuls des enfants de 16//7 ans jusqu'à Chassieu ? Avez-vous pensé aux problèmes de sécurité que cela pose ? Sans compter que dans les prochaines années, nul ne peut aujourd'hui garantir que la desserte d'Eurexpo s'améliorera par un moyen de liaison en site propre". Sur le volume de la salle, le discours de Jacques Oudot est de même à géométrie variable. Une ouverture du Zénith sur l'extérieur ? "Dans mon esprit ça ne peut pas ne pas être" (TLM), "Le dossier théorique ne passe pas. Mais il s'imposera peu à peu dans les faits" ( Progrès). Quant à savoir avec qui négocier la chose, il l'ignore. Le maire de Chassieu, lui, le sait, c'est avec lui et il est contre : "Je n'autoriserai rien de plus que ce qui est prévu actuellement", déclarait [le 12 avril] Jacques Paoli. Et c'est ainsi que les deux conditions nécessaires au succès du Zénith, sa desserte et son extension pour de mégaconcerts, ne sont toujours pas remplies. Mais elles le seront puisque "ça va marcher. Nous on est chargés de trouver les moyens pour que les lieux existent après, à vous de les faire vivre" (TLM). A qui au fait ? On l'ignore et, en attendant une inauguration probable au début de l'été 1992, la gestion sera bien dans les mois qui viennent au coeur du débat. Il y a quelques jours encore, il était question de poursuivre avec l'Etat un "travail de collaboration sur la gestion". Dix jours plus tard, cela devient dans la bouche de Jacques Oudot : "Ce sera notre gestion, iil n'y a pas à discuter sur ce point". Or, rien de moins sûr. La manière dont le ministère a propagé la bonne nouvelle, c'est-à-dire en solo et sans associer la Ville, est assez révélatrice d'un état d'esprit sourcilleux quant à la suite des événements. Est notamment stipulé dans le texte diffusé [le 12 avril] que "la nomination du directeur de la salle sera faite par la Ville de Lyon, sur avis de la profession représentée par le Fonds de soutien des variétés et après accord avec le ministère de la Culture". Dans cette brèche, va s'infiltrer tout le lobby professionnel, celui-là même dont l'adjoint à la Culture voulait éviter les pressions et les programmations en packaging. La gestion bicéphale proposée par Lyon a-t-elle encore ses chances ? On l'espère, tout simplement parce que maintenant, il faut que ça marche. Sous la houlette de l'Association des Biennales de Lyon, il était envisagé de marier une gestion Sepel-Foire de Lyon pour ce qui est des 30% du temps d'activité de la salle qui lui sont dévolus et une Société commerciale de gestion prenant en charge les activités rock-variétés du lieu. Sur le nom du dirigeant de cette société se mesurera le degré d'autonomie du Zénith et ce nom-là se négociera dans le rapport de force qui opposera désormais la Ville et l'Etat sur quelques autres dossiers rock : les cafés-musiques, l'équipement du Glob [salle du quai Gillet à Lyon] et la création d'une entreprise discographique. Jacques Oudot n'est pas au bout de ses peines, mais on peut tout espérer d'un homme qui a dominé le dossier Zénith en versant moins de 5% du capital. Source : "Chassieu au Zénith" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 13 avril 1991, p.58-59.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 48 négatifs.
note bibliographique "En dur et en blanc, le Zénith de Lyon" / Frédéric Poignard in Lyon Figaro, 13 avril 1991, p.59.

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