[Présentation du 3e projet pour l'Opéra Nouvel]

[Présentation du 3e projet pour l'Opéra Nouvel]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTL0154 07
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historiqueLe conseil municipal réuni à huis clos vient donc de se prononcer pour un troisième projet de réhabilitation de l'Opéra. Après le Nouvel I et le Nouvel II, voici donc le Nouvel III, qui a finalement remporté la palme. Un seul architecte pour trois projets. Le changement dans la continuité en quelque sorte. Essayons d'y voir un peu plus clair. [Le Nouvel I], c'est le projet présenté au concours d'origine et choisi par un jury d'élus assisté de consultants (directeurs, architectes, administratifs...) dans les premiers jours de juillet [1986]. Une solution radicale qui consiste à vider le bâtiment de ses structures intérieures en ne conservant que les quatre murs. La toiture très surélevée est un demi-cylindre de verre, à pan coupé sur la place de la comédie juste derrière les muses de l'attique. Le péristyle et les arcades sont conservés ouverts, la salle est complètement reconstruite et rehaussée d'un étage. Le sous-sol est creusé pour y introduire une vaste scène de répétitions et une petite salle de concerts. Mais surtout la voute supérieure permet d'accueillir de nombreux locaux : l'administration, une salle de répétitions des choeurs, une salle pour le ballet, une autre pour l'orchestre, des loges, enfin un restaurant panoramique donnant place de la Comédie. Les principaux avantages sont donc une refonte complète du bâtiment, une augmentation considérable de la surface totale (7900 mètres carrés portés à 14.600 mètres carrés) surtout en faveur des parties techniques et administratives (10.080 mètres carrés contre 4560 actuellement), permettant donc le rassemblement place de la Comédie des services aujourd'hui éclatés ça et là à travers la ville (le ballet est à l'Auditorium, l'orchestre à l'annexe Berthelot...). Le coût initial de ce projet est de 74,6 millions de francs selon l'APS (avant projet sommaire) du 4 juillet [1986]. Il convient d'y ajouter la TVA (18,6%), les honoraires des architectes (12%), la marge d'erreur admise (15%) ce qui atteindrait finalement environ 150 millions de francs. Quant à la salle, elle conserve son aspect et quasiment sa contenance (1250 places contre 1300 actuelles). Tel quel, le projet qui a séduit le jury va devenir une pomme de discorde entre le RPR et l'UDF au sein du Conseil des adjoints puis du Conseil municipal. L'affirmation de l'adjoint aux Affaires culturelles, André Mure, selon laquelle "il faut évidemment conserver en un même lieu toutes les fonctions de cette maison" ne convainc pas tout le monde. Une chose est pourtant sûre à l'époque : le monde politique lyonnais s'accorde pour prévoir une décision imminente, "Il faut aller vite et nous irons vite" affirme André Soulier. La décision doit être prise avant fin octobre ajoute Jean-Pierre Brossmann co-directeur de l'Opéra. Las, les choses vont trainer sept mois. Entre les pour et les contre c'est donc une guerre plus ou moins ouverte de déclarations, propos... et de tractations discrètes. Au Conseil municipal du 9 décembre, le RPR accepte la nomination de Jean Nouvel comme lauréat sous réserve d'une diminution de la fameuse toiture dont tout Lyon parle. Les architectes se remettent au travail et présentent au conseil le 19 janvier [1987] un nouveau projet. Le principal changement concerne la toiture qui n'est plus en verre mais en aluminium, moins haute de trois mètres et surtout arrondie sur la façade, ce qui dégage les fameuses muses. La perte de surface est d'importance, partiellement comblée par un approfondissement du sous-sol. Mais le restaurant est supprimé ainsi que diverses salles de répétitions dont celle de l'orchestre qui doit rester à l'annexe Berthelot. Le coût exact n'est pas connu, aucun APS n'ayant été réalisé ; mais il semble que l'enveloppe doive être plus importante, de l'ordre de 200 millions. De plus, les problèmes de sous-sol font apparaître le risque archéologique, dans une zone particulièrement sensible à cet égard. Ce qui signifie travaux, coût et temps. Tel quel, ce projet séduit d'emblée le maire, le RPR et certains membres de la majorité. "Il me satisfait, les corniches et les statues retrouvent le ciel" affirme Simone André. D'autres sont plus hostiles comme les directeurs et certains hommes politiques. "Je voterai pour le premier projet" assure Andre Mure. "Le nouveau projet pourrait s'exposer à un recours en justice" renchérit André Soulier. "C'est vraiment le règne de l'incohérence" s'indigne Pierre Laréal pour les socialistes. C'est surtout l'impasse. La question se pose donc : lequel sera adopté lors de la nuvelle commission générale ? Ni l'un ni l'autre, mais un troisième. Non pas un inconnu d'ailleurs, il fut présenté avec le Nouvel II en janvier [1987]... mais passa alors complètement inaperçu. On le connait mal, l'APS n'est pas encore élaboré, ni les nouveaux plans terminés. Une chose est sûre la toiture, objet de toutes les polémiques retrouve les allures de Nouvel I : une voute en plein-cintre à pan coupé sur la façade. Le verre revient et la transparence qui séduisit tant le jury. Le tout est par contre abaissé, raboté. Trois mètres en hauteur, à peu près la même chose de chaque côté. L'intérieur est donc à nouveau modifié dans sa partie supérieure. Le restaurant revient. Mais la salle de répétitions de l'orchestre reste à l'annexe. Les dégagements sont réduits, la surface gagnée totale avoisinant les mille mètre carrés. Le reste du projet initial semble peu changé. La scénographie n'est guère modifiée, par contre le "plus" en profondeur semble devoir être conservé. Ce qui pose toujours le problème archéologique. Tel quel ce projet séduit la quasi totalité des élus. Les plus chauds partisans du Nouvel Il, les fanatiques du Nouvel I se sont transformés tout à coup en admirateurs du Nouvel III. André Soulier et Jacques Oudot sont également heureux, Simone André toujours aussi satisfaite bien que la toiture frôle à nouveau la nuque des muses, le maire Signale la luminosité du projet ajoutant ce qui n'était pas le cas du deuxième projet sur lequel personne n'était d'accord. On attend maintenant le plan financier sur lequel on sait encore peu de choses. L'enveloppe de 150 millions suffira-t-elle ? Pour une surface moindre que dans le projet initial d'ailleurs. Ne sera-t-elle pas mise en danger par les fouilles plus profondes (mais de combien de mètres ?) pour ne pas parler des risques archéologiques. La conservation de la salle de répétitions de l'orchestre avenue Berthelot, n'est-ce pas une erreur financière... et d'ordre pratique ? Autant de questions qui restent posées. Mais on est loin des beaux propos du début sur la célérité obligée du processus. Source : "I, II, III... nous aurons notre Opéra" / G.C. [Gérard Corneloup] in Lyon Figaro, 18 février 1987, p.36.

Retour