[Inauguration du Comptoir de la Tassée]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTP0464A 03
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
description De gauche à droite : Raymond Barre ; Roger Borgeot ; Charles Béraudier. Au centre, à l'arrière plan : Nicole Borgeot, épouse de Jean-Paul Borgeot.
historique En député lyonnais, c'est inévitablement à Lyon que Raymond Barre a choisi de passer la journée du 8 décembre. Il a également choisi de rompre, occasionnellement, avec ses thèmes économiques favoris et les rencontres avec les socio-professionnels pour faire un pas sur le terrain... de la culture. Avant d'allumer ses lampions, comme tout lyonnais qui se respecte, et faire le tour de son quartier, le sixième arrondissement. Et comme Raymond Barre inclut prioritairement la gastronomie dans la culture, il a commencé sa visite par l'inauguration du "Comptoir de la Tassée" ainsi que par un repas "léger" dans le même restaurant, entouré par les ténors de la politique lyonnaise (Francisque Collomb, André Soulier, Charles Béraudier, Jean Palluy, Roger Fenech et le sénateur Vallon). Le champagne étant propice à la convivialité et à la bonne humeur, l'ancien Premier ministre a confié à ses amis politiques qu'il avait "bien rigolé avec Anne Sinclair dimanche soir à 7/7". Comme Raymond Barre souhaitait allier vie lyonnaise et culture, c'est André Mure, adjoint à la culture de la mairie qui a résolu le problème en lui proposant une rencontre avec les jeunes artistes de son club C3. Rock, stylisme, danse, production télévisée, et peinture étaient au rendez-vous. Et le député de Lyon est visiblement plus attiré par le rock que par la danse et la musique classique. En effet, la présentation d'un clip vidéo par Dimsy Comedi, un jeune groupe rock a enthousiasmé celui qu'on appelait en coulisse "le futur président", à en juger par le rythme battu par son pied et l'insistance qu'il a manifestée pour regarder un autre clip au moment où l'on passait à l'étape suivante. En concertation, ou pas, avec André Mure, Raymond Barre en est très vite arrivé à poser une question sur l'état des salles de rock à Lyon. Immédiatement rassuré par l'adjoint à la culture : "On a justement décidé [le 7 décembre] de monter une salle de six cents places". Et lorsque l'ancien Premier ministre a avoué aux jeunes musiciens son faible pour l'ex-chaine musicale TV6 et son désir de la voir rétablir, André Mure a rétorqué, en expert : "C'est grâce à ça que les Français sont remontés au top 50 !". Seconde étape culturelle du présidentiable : la chorégraphie et le stylisme. Pour franchir cette étape, le présidentiable s'est vu contraint d'ôter ses chaussures pour pénétrer, en chaussettes grises assorties à son costume, dans la salle de danse. Là, le boléro de Ravel a servi de base à une chorégraphie de Michel Halley ainsi qu'à un défilé de mode, présenté par de jeunes stylistes. C'est à ce moment-là que le député s'est assoupi quelques minutes, peut-être pour mieux se concentrer, accompagné par André Mure. Mais ceci ne l'a pas empêché de commenter : "Les danseurs ont une souplesse et une grâce toute particulière". Le ballet a ensuite laissé place à une rencontre entre une quinzaine de jeunes artistes lyonnais et l'ancien Premier ministre. Chacun a pu exprimer les difficultés rencontrées dans sa spécialité, et Raymond Barre a proféré, en économiste, quelques sages conseils. En introduction à la table ronde, André Mure a tout d'abord déclaré, pour plaider la cause de ses jeunes protégés : "C'est sur les pentes de la Croix-Rousse que l'on trouve les quartiers paupérisés où s'installent les artistes. Ils peuvent ainsi subsister à moindre frais". Raymond Barre a ensuite enchaîné : "La culture ne se maintient pas uniquement avec le passé, elle deviendrait figée et glacée. La création lui redonne vie". Au styliste Mongi qui lui exposait les problèmes économiques rencontrés par sa profession, Raymond Barre a répondu : "Aides les jeunes talents à émerger est les propre de l'Etat dans sa politique culturelle Ceci devrait leur permettre d'atteindre un public plus étendu. Il faut aussi encourager le mécénat et promouvoir l'art chez les créateurs d'entreprises". S'adressant du regard à André Mure, il a également conseiller : "Il faut mettre en place des instances qui permettent de faire se connaitre artistes et entreprises, peintres et galeries... Ça pourrait être un aspect de la politique régionale !". Le député de Lyon a aussi en fin de course, plaider en faveur de la décentralisation, en réponse à un jeune musicien et a pris fermement position sur l'état de la télévision. "Quitte à tenir un discours anti-électoraliste, je pense que les chaines publiques devraient être financées par la redevance et non par la publicité, pour permettre aux jeunes créateurs de s'exprimer. Si on met cinq francs de plus pour la redevance, ça ne tuera personne !". La tombée de la nuit a rappelé à Raymond Barre que ses lampions attendaient à la permanence du cours Vitton. Après avoir accompli le geste de chaque Lyonnais, il a entreprit au bras de son épouse le tour de son quartier. Les associations du cours Vitton et du carré Foch lui ayant préparé quelques animations. Là encore, les étapes gastronomiques ont jalonné le parcours du député. De l'espace Vitton au restaurant Orsi, il a parcouru les rues, saluant les commerçants et le père Noël de son quartier. La visite lyonnaise s'est terminée par une rencontre avec l'imprimeur de Montchat, où Raymond Barre s'est vu offrir un portrait de lui, pris lors de son intronisation dans l'Ordre du chat au printemps [1987]. Source : "Barre fait dans le culturel" / Catherine Lagrange in Lyon Figaro, 9 décembre 1987, p.2.
note bibliographique Mémoires entassées : souvenirs de 60 ans de "La Tassée" / Jean-Paul Borgeot, 2011 [BM Lyon, 6900 Y3 BOR].

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