[Emmanuel Krivine, nouveau directeur artistique de...

[Emmanuel Krivine, nouveau directeur artistique de l'Orchestre national de Lyon]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0923 FIGRPTP1182B 02
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
descriptionAdresse de prise de vue : Restaurant La Mère Brazier, 12, rue Royale, Lyon 1er.
historiqueC'est fait. Emmanuel Krivine est lyonnais depuis [le 3 mars 1987]. Pour quelques jours d'abord avec l'Orchestre National de Lyon à travers trois concerts, deux à l'Auditorium, un à L'Isle-d'Abeau ; à demeure à partir du premier octobre [1987] date à laquelle il succèdera à Serge Baudo comme directeur artistique de cette phalange. Et comme à Lyon la table n'est n'est jamais très loin des rencontres, c'est devant celle de la Mère Brazier qu'il était en quelque sorte intronisé par le sénateur maire. Réunion détendue, discussion à bâtons rompus où la gastronomie et l'anecdote voisinaient avec la musique, les tournées, le répertoire, les chefs invités... et les auditions de contrôle. Satisfaction du côté des édiles. "A la suite du départ volontaire de Serge Baudo, je voulais qu'il y ait une continuité dans le sens d'une augmentation constante de la qualité et du renom de l'orchestre. Avec Emmanuel Krivine nous ne serons pas déçus.", affirmait Francisque Collomb. "Cette venue est très satisfaisante. Quand j'avais vu Maurice Fleuret alors directeur de la Musique au ministère à ce sujet, il avait précisé que Krivine est le meilleur chef français actuel", signalait André Mure. De son côté, le chef rappelait ses premiers contacts avec Lyon : "Curieusement à Villefranche de Rouergue, lors d'un petit festival où jouaient des musiciens de l'orchestre de Lyon qui firent ma connaissance à ce moment-là. Ils parlèrent de moi à Baudo qui m'invita à venir diriger le Requiem de Mozart. L'affaire était lancée. Je suis venu plusieurs fois, j'ai été chef invité permanent pendant deux saisons... et me voilà à demeure." L'officialisation d'une vieille liaison en quelque sorte, comme le dit avec humour Emmanuel Krivine : "C'est un peu un concubinage qui passe devant monsieur le maire, une union libre dont les deux partis se connaissent bien maintenant, qui est officialisé, j'ai d'ailleurs vécu la même chose dans ma vie privée puisque j'ai épousé ma femme après plusieurs années de vie commune. Notre fille avait cinq ans !". Pour le nouveau patron, artistique, de l'Orchestre de Lyon, les huit semaines de présence minimum fixées par son contrat ne sont pas insuffisantes. Cela permet huit programmes différents soit vingt-cinq concerts. Pas de saturation possible, ni d'un côté, ni de l'autre. Et le chef assistant assurera la permanence. Emmanuel Krivine se défend de l'avoir déjà choisi : "Plusieurs jeunes chefs vont venir travailler avec l'orchestre dans les semaines à venir. J'attends le résultat... et je verrai". Côté programme, la diversité sera à l'ordre du jour. De Mozart et Haydn aux grands romantiques et au XXe siècle. "Mais je ne dirigerai ici que des choses qui me vont et dans lesquelles je suis efficace", précise le maestro. Pour le reste, appel sera fait à des chefs invités comme John Nelson bien connu des Lyonnais et fort goûté par les musiciens dit-on. Face aux fameux contrôles permanent... qui le sont peu actuellement, le chef affiche une détermination tranquille : "pas de contrôles de fonction du style 'je t'attends au tournant', mais des auditions de contrôles plus souples." Et un voeu : faire travailler plus étroitement les deux orchestres lyonnais. "C'est indispensable pour tout le monde", affirme Emmanuel Krivine qui rêve de diriger à Lyon Hansel et Gretel, un adorable opéra pour enfant qu'on souhaite voir un jour monté à l'Opéra. "La ville ne peut que souhaiter de telles collaborations comme ce sera bientôt le cas avec Lohengrin", renchérit l'adjoint Mure. Mais Emmanuel Krivine désire aussi beaucoup poursuivre et multiplier les concerts extramuros. Dans la région mais aussi les tournées à l'étranger. "A l'automne nous irons en Allemagne", signale le maestro. "Voire" lui répond l'autorité. "Il n'y a pas de budget pour une telle tournée" signale l'adjoint. "Nous épongeons les dépenses du voyage de l'an dernier aux USA" ajoute le directeur des affaires culturelles de la ville. Et le maire de conclure : "La ville est tout à fait d'accord, mais pour les USA le budget a été dépassé : alors il faut peut-être maintenant une année de Carême en la matière. Mais vous sortirez le plus possible". Restent enfin les actuels conflits en cours au sujet des disques que l'orchestre rechigne à faire vu les conditions. "Cette affaire ne me concerne pas directement, mais je pense que c'est dommage que cela ne se fasse pas avec Ravel. Il faut graver des disques et nous en graverons !". En attendant, Emmanuel Krivine va diriger Verdi, Tchaikowski et Arrigo... un contemporain, à l'Auditorium Maurice Ravel, dont il espère que l'acoustique va être, enfin, améliorée. Puis il regagnera la Suisse où réside sa famille et les nombreux animaux dont il aime s'entourer. Car si le maestro Gardiner élève des moutons en Angleterre, le maestro Krivine porte une prédilection aux animaux domestiques, chiens et chats. Décidément ! Source : "Krivine lyonnais" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 4 mars 1987, p.36.
note bibliographique"Krivine passe devant le Maire" / M.J.D. in Lyon Matin, 6 mars 1987.

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