[Opéra national de Lyon (hors les murs). "Le Trouvère", de...

[Opéra national de Lyon (hors les murs). "Le Trouvère", de Verdi (mise en scène : Nicolas Joel)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT2410 20
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historiqueOpéra plein de fureur et de musique, le "Trouvère" de Verdi va clore la saison lyrique lyonnaise à Fourvière, à partir 20 juin 1991. Distribution italo polonaise, mais soprano américaine et mise en scène toulousaine.
historiqueLe fantôme d'une vieille sorcière qui péril jadis sur le bûcher, deux hommes qui s'exterminent pour les yeux d'une belle, sans savoir qu'ils sont frères, un bébé jeté dans les flammes, une bague renfermant du poison, des soudards belliqueux et des moines entonnant un chant mortuaire... Les ingrédients habituels du mélodrame romantique le plus noir semblent rassemblés jusqu'à plus soif dans l'opéra de Verdi "Il Trovatore", pilier du répertoire italien, archétype de ces ouvrages à panache, à voix et à orchestre qu'affectionnent tant les lyricophiles ! Ceux de Lyon en avaient été sevrés depuis longtemps, puisque cet opéra, créé à Lyon, en français, en 1857, six ans après la première mondiale, n'avait pas été représenté dans leur ville depuis novembre 1968. Encore était-ce une production globalement à oublier... Si le temps le permet (plusieurs répétitions ont été interrompues par la pluie), le théâtre antique de Fourvière va donc résonner le 20 juin 1991 du son des enclumes dans le fameux choeur des bohémiens. Presque aussi fameux que celui des esclaves hébreux dans Nabucco... Au départ, il y a le triomphe foudroyant de "Rigoletto", qui permet à Verdi d'oublier ces "années de galère" (le terme est de lui) où il devait écrire, sur commande, ouvrage après ouvrage, ne serait-ce que pour vivre. Fini le travail alimentaire, place à la composition du bon vouloir ! Le compositeur à succès pense à un drame fameux qui a pulvérisé l'applaudimètre lors de sa création en Espagne : "El Trovador", pièce mêlant prose et vers du poète espagnol Antonio Garcia Gutierrez. Un drame à la Hugo, sanglant, échevelé, passionné. Aussitôt, Verdi jette sur le papier son propre découpage de l'action et confie l'élaboration du livret à son vieux compagnon de lutte musicale : Salvatore Cammarano. Puis, il s'attèle à la composition. Les choses évoluent pourtant dans un contexte dramatique : Verdi perd la mère qu'il adore en juin 1851. Cammarano écrit lentement. Le compositeur le gronde, pour apprendre peu après qu'il vient de mourir, miné par un cancer. Il aide pécuniairement sa veuve, puis demande à un jeune écrivain ami du défunt, Leone Bardare, de terminer le livret. Mais comme les choses traînaient toujours à son gré, il compose la scène finale avant d'avoir reçu le texte. Inutile de dire que les impresarios italiens se disputent pour créer l'ouvrage. Verdi donne la préférence au Teatro Appolo de Rome où la première, le 19 janvier 1853, tourne au délire. Un succès qui ne s'est jamais démenti, malgré la vague wagnérienne, la brise debussyste et la cassure sérielle. Malgré la difficulté qu'il y a à réunir quatre chanteurs de premier ordre, capables de résister aux périlleuses prouesses vocales exigées. Car "Le Trouvère" n'est plus seulement un opéra belcantiste, façon Rossini et Bellini, où les solistes font assaut de fioritures décoratives sur un orchestre point trop étoffé ! Ici, ils doivent passer par dessus une orchestration souvent rutilante, fournie, cuivrée, participer à des duos largement développés, à des ensembles concertants où chanteurs, choristes et musiciens rivalisent de décibels. On accusa alors Verdi de sonner le tocsin du beau chant. Il est vrai que ses quatre héros ont une épaisseur vocale mais aussi dramatique assez peu courante jusqu'alors : Manrico, le trouvère amoureux qui doit jeter un aigu redoutable dans l'air "di quella pira", le comte de Luna, son frère et rival, ample voix de baryton qui annonce déjà un Amonasro et un lago, la belle Léonore, objet de leurs feux, qui doit mêler l'agilité dans son premier air et la vaillance dans le dernier, enfin Azucena, la bohémienne meurtrière et aimante, grande figure torturée, qui domine tout l'ouvrage. "Le Trouvère ? C'est peut-être l'opéra de Verdi qui contient intrinsèquement le plus de musique", note le biographe et musicologue Jacques Bourgeois. On l'aura compris, le quatuor vocal est déterminant dans toute reprise de l'ouvrage... et ses lacunes ont amené bien des naufrages. Lyon a fait appel à deux valeurs déjà connues des Lyonnais, deux artistes polonais : Romuald Resarowicz pour le personnage non négligeable du capitaine Ferrando (il ouvre l'opéra par un grand air avec choeur !) et surtout Stefania Toczyska pour le rôle fondamental d'Azucena : elle l'a enregistré avec Katia Ricciarelli et José Carreras et fut, déjà à Fourvière, une superbe Adalgisa dans "La Norma". C'est un ténor florentin, qui a commencé sa carrière en 1968 et abordé quasiment tout le répertoire italien, qui chantera le rôle-titre, alors que celui de Luna sera interprété par un Pérugien, Paolo Coni. Mais la révélation de ce spectacle risque fort d'être une toute jeune chanteuse new-yorkaise au nom charmant et à l'imposante plastique : Sharon Sweet. Cette ancienne élève du fameux Curtis Institute fut remarquée pendant la saison 1986/87 dans la troupe de l'Opéra de Berlin où elle chantait Elisabeth dans Tannhauser et Leonora dans "Le Trouvère". Puis, à Paris, dans le "Don Carlos". Depuis, elle a triomphé dans "Aida" à Munich, dans "Elisabeth" à Vienne, dans "Nonna" à la Monnaie, abordant les grands rôles du répertoire, mais aussi les symphonies de Mahler et les lieder de Strauss. Autre retour, celui du maestro Maurizio Arena, qui va retrouver le théâtre de Fourvière l'orchestre de l'Opéra de Lyon, avec lequel il travailla pour "Luisa Miller" du même Verdi. De leur côté, les choeurs lyonnais seront associés à ceux du Capitole, le spectacle étant une coproduction entre l'Opéra de Toulouse, celui de Bordeaux et celui de Lyon. C'est donc tout naturellement de la ville rose qu'arrivent mise en scène et décors. La première est due à Nicolas Joël, qui mit déjà en scène à Lyon une Tétralogie, la dernière et le "Montségur" de Landowski. Décors et costumes sont l'oeuvre de son complice habituel Hubert Montloup. Quatre représentations sont prévues... si le temps, toujours capricieux à cette époque, le permet. Avec report le lendemain en cas d'intempéries. Source : "Grand air en plein air" / G.C. [Gérard Corneloup] in Lyon Figaro, 20 juin 1991, p.1 et 43.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP04045.
note bibliographique"Opéra passion : [entretien avec Maurizio Arena]" / Propos recueillis par Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 20 juin 1991, p.43-44. - "Verdissimo" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 24 juin 1991, p.37.

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