[Obsèques du général Yves Béchu, gouverneur de la Ve...

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP02110 010
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
historique Agé de cinquante-huit ans, le général de corps d'armée Yves Béchu, gouverneur de la Ve Région militaire, décédé le 4 mai 1990 d'une crise cardiaque, ne passait pas inaperçu dans les états-majors et lors des cérémonies officielles. Les cheveux grisonnants, toujours souriant, il dépassait d'un ou deux képis tout son entourage. Une caractéristique qui lui avait valu une certaine "popularité" dès son arrivée à Lyon, le 1er août 1989. Puisqu'il devenait ainsi, pour l'anecdote, l'une des rares personnalités de la région à pouvoir parler à hauteur égale avec le maire de Lyon, Michel Noir. Une similitude d'autant plus remarquée que son prédécesseur, le général Gossot, était, à l'inverse, de petite taille et offrait un contraste frappant lors des revues officielles. De là à penser à un "rééquilibrage", il n'y avait qu'un pas que certains avaient franchi en riant, encouragé par le gouverneur Béchu lui-même qui, en privé, n'hésitait pas à s'en amuser. C'est le 4 mai au matin, à 9 heures, alors qu'il se trouvait au Quartier général Frère, que le général Béchu, presqu'un an après son arrivée à Lyon, a été victime d'une crise cardiaque. Malgré l'intervention rapide des secours, il n'a pas pu être réanimé. Son décès, totalement imprévisible selon son entourage militaire qui ne lui connaissait pas de problèmes de santé particuliers, a créé la stupeur dans l'état-major de la Région. Ancien patron des forces armées en République Centrafricaine puis au Tchad, de mai à novembre 1984, le général Béchu se voulait avant tout homme de terrain. Selon son entourage, il avait d'ailleurs gardé de ses différentes responsabilités passées l'habitude de passer outre certains protocoles et de débarquer à l'improviste dans les unités. Notamment pour étudier les problèmes d'instruction au sein des corps de troupe, ce sujet hérité de ses passages au sein des écoles comme Saint-Cyr lui tenant à coeur. Lors de son arrivée à la tête de la Ve région militaire, le général Béchu avait eu à faire face à une situation particulièrement délicate. C'est à lui, en effet, qu'incombait la mise en place sur les cinq régions que couvre la Ve RM (Rhône-Alpes, Auvergne, Provence-Côte-d'Azur, Languedoc-Roussillon et Corse), du plan "Armées 2000" décidé par le ministère de la Défense. Un plan encore à l'étude au ministère de.la Défense qui devrait rendre un arbitrage avant l'été 1990. Il avait également hérité de dossiers aussi difficiles que celui de la dissolution du régiment du Train, à Vienne, et celui des Chasseurs-Alpins, à Barcelonnette. Autant de dossiers qui avaient suscité des remous tant chez les militaires concernés que dans la population locale. Pour le général Salaun, major régional de l'état-major de la Ve Région militaire, le décès du général Béchu ne peut que laisser "confondu devant le destin et entraîner une profonde tristesse." Adjoint du gouverneur depuis l'été 1989, il était attaché avec lui à maintenir le rang de région-pilote à la Ve RM dans le cadre de la mise en place du plan "Armées 2000". Dans un message que lui a adressé le préfet de la zone de défense sud-est, Jacques Monestier a tenu à rendre hommage à "l'intransigeance" du gouverneur "en tout ce qui touchait au crédit et à la dignité de l'Armée française. Il s'attachait, avec une élégance souriante, à entretenir et à développer des relations confiantes avec les administrations civiles de l'Etat, avec les élus locaux, avec les responsables économiques et sociaux, parce qu'il était persuadé que la sécurité et l'intégrité du territoire dépendent de l'adhésion solidaire de tous." C'est de Villeurbanne que sont venues les premières réactions politiques. Le maire Gilbert Chabroux a tenu à rappeler que le général Béchu "avait dirigé, au Tchad, l'opération Manta à l'époque où mon ami Charles Hernu était ministre de la Défense. J'avais pu constater la profonde estime réciproque qui marquait leurs rapports." Quant à Jean-Paul Bret, adjoint au maire de Villeurbanne et député du Rhône, il a souligné "le sens du contact" du général Béchu : "Souvent présent à Villeurbanne lors des cérémonies patriotiques, il marquait son amitié à Charles Hernu et son attention à la ville". Les obsèques du général Béchu, qui était marié et père de cinq enfants, auront lieu le 7 mai, à 17 heures, en l'église de la Rédemption, place Puvis-de-Chavannes. Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense, sera présent ainsi que le chef d'état-major des armées et le chef d'état-major de l'armée de terre. L'inhumation aura lieu dans la plus stricte intimité à Montoire-sur-Loir. Le général était commandeur de la Légion d'Honneur, commandeur de l'Ordre national du mérite, titulaire de la Croix de la valeur militaire et totalisait quatre citations. Source : "La mort du gouverneur" / Carole Chatelain in Lyon Figaro, 7 mai 1990, p.4.
historique [...] [Le 7 mai 1990], c'est à 17 heures, quelques minutes avant le début de la cérémonie, que le ministre de la Défense, Jean-Pierre Chevènement, a été accueilli sur le parvis de l'église de la Rédemption et sous l'orage, par le général Henri Salaun, major régional et adjoint du gouverneur Béchu. Plus de mille cinq cents personnes, parmi lesquelles les plus hautes instances militaires - une dizaine de généraux cinq étoiles, une vingtaine de quatre étoiles et une trentaine de trois étoiles avaient déjà pris place à l'intérieur. De même que les plus hautes instances civiles régionales avec la présence du préfet Jacques Monestier, du maire de Lyon Michel Noir ou encore du président du Conseil général, Michel Mercier. Portée par des hommes de troupe, deux parachutistes, deux légionnaires, deux chasseurs-alpins et deux soldats kakis, la dépouille du général de corps d'armée Béchu est entrée dans l'église au son des tambours. Et c'est par un texte, lu par l'une des filles du général, qu'a débuté la cérémonie célébrée par Monseigneur Dubost, évêque aux armées, le père Robineau, aumônier régional et le père Bois, curé de la paroisse. [...] "Consterné de ne pouvoir participer aux funérailles", le cardinal Decourtray avait fait parvenir un message de condoléances à la famille du gouverneur. Dans son homélie, Monseigneur Dubost a rappelé le "sens du service" dont avait su faire preuve le général dans l'exercice de ses fonctions et surtout les "pièges" qu'il avait su éviter au cours de sa carrière de commandement. [...] Source : "L'adieu au gouverneur" / Carole Chatelain in Lyon Figaro, 8 mai 1990, p.3.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 165 négatifs.
note bibliographique Le Progrès de Lyon, 6 et 8 mai 1990. - Lyon Matin, 7 et 8 mai 1990.

Retour