[Cité de la Poudrette à Villeurbanne]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0766 FIGRP01329 005
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 36 x 24 mm
historique Encerclée par un mur de deux mètres de haut surmonté d'un grillage, la cité de la Poudrette - un parc locatif vieux de quinze ans et appartenant à la Sauvegarde immobilière - ressemble à l'un de ces ghettos mis à mal dans les années quatre-vingt. Les familles françaises ont déserté le site. Ou ont rallié les logements sociaux situés de l'autre côté de la barrière. Dans cette barre dont la façade sud s'apparente à un assemblage de bunkers, vivent des travailleurs immigrés et des réfugiés politiques. Seule population qui accepte encore de fréquenter les lieux. Il y a quatre ans, l'hypothèse d'une réhabilitation avait été émise. Depuis dix-huit mois, architectes et travailleurs sociaux, pilotés par la municipalité, s'emploient à concilier rénovation du patrimoine et encadrement de la population. Dans ce No man's land de l'extrême-est villeurbannais, plusieurs ethnies - Maghrébins, Asiatiques et Portugais - parviennent à cohabiter dans des conditions parfois difficiles. Avec dans le bagage de chaque communauté, des modes de vie et des références culturelles résolument différentes. La politique de requalification du site ne pouvait faire abstraction de cette donnée sociologique. Forte de ses actions sur des chantiers similaires dans la Loire (Saint-Chamond et la Ricamarie), la Sauvegarde immobilière s'est donc employée à réunir des partenaires (PACT de Lyon, Alfa, cabinet d'architectes Boggio-Bunino-Charpin) pour redonner une dimension humaine à ce secteur en pleine marginalisation. Le travail sur l'habitat s'est ainsi accompagné d'une "stratégie de peuplement". Un terme quelque peu barbare pour signifier l'effort en direction des habitants du secteur. La cité de la Poudrette se divise en plusieurs parties. D'une part, une barre HLM et une cité de transit, toutes deux proposées au programme de rénovation. D'autre part, un foyer de jeunes travailleurs indépendant et volontairement exclu du reste du site (et de la réhabilitation). Actuellement, il n'existe pas de relations entre ces deux types de structures : diversité de la population oblige. Entre les îlots locatifs, des parkings et des aires de jeux tombées en désuétude devraient prendre un air de neuf. Et redonner un peu d'allure à ce site. Le travail sur les façades et les toitures, l'intégration de lignes verticales dans cet habitat conçu en horizontal et le percement centrai du bâtiment pourraient contribuer à transformer ce trop sinistre paysage. Exit ces amoncellements de linge suspendus aux fenêtres. Les vérandas viendront clore désormais des ouvertures parfois malheureuses. En intérieur, ravalement traditionnel des montées d'escalier. En outre, chaque appartement devrait bénéficier d'un aménagement à la carte selon les exigences - tout reste relatif, néanmoins - du locataire. Aujourd'hui, la population se dit "satisfaite par ces perspectives de chambardement". Elle a d'ailleurs largement contribué à l'élaboration de ce vaste projet. Reste, en arrière-plan, le problème de l'insécurité. C'est là "le fait de quelques familles indisciplinées", déclare le gardien. Phénomène encore cuisant et qui délie souvent les langues. L'opération de réhabilitation devrait, semble-t-il, ramener un peu de cette sérénité perdue. Source : "La Cité repoudre ses murs" / Muriel Pernin in Lyon Figaro, 3 mai 1989, p.9.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 19 négatifs.

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