[Rencontre avec Pierre Cardin à la Tour Rose]

[Rencontre avec Pierre Cardin à la Tour Rose]

droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP03565A 004
technique1 photographie négative : noir et blanc ; 6 x 6 cm
historiqueLes gens heureux n'ont pas d'histoire. Erreur. Comblé, l'empereur Cardin en a mille, autant que de royaume. Touche-à-tout de génie, ambassadeur itinérant de l'Unesco, le 14 mars 1991, il se posait à Lyon. Visite à la mairie, discussion à la Tour Rose, défilé au Transbordeur et dîner.
historiquePierre Cardin est un homme non seulement heureux mais encore comblé et qui l'avoue, sans l'ombre d'un doute, énumérant même tout ce que la vie lui a apporté : notoriété, succès, argent, amour... C'est bien simple, il a tout ce dont enfant il rêvait. Ce qui ne le rend pas vraiment blasé mais disons "repu", ne trouvant pas ce qui lui manque ou ce qui pourrait lui faire envie. Fils d'immigrés italiens, il vit à Lyon, Saint-Etienne, Grenoble, découvre Paris en 1945, entre chez Paquin puis chez Dior, rencontre Cocteau, Christian Bérard, Montherlant. En 1950, il fonde sa maison rue Richepanse. A partir de cette date, tout s'enchaîne comme allant de soi, nouvelles boutiques, nouveaux propos, consécrations. Contestataire d'avant-garde, sa collection de 1960 déclenche des tollés. Importable ! Du contestataire, il ne reste plus rien. Si, l'essentiel, la créativité mais doublée d'un terrible sens pratique. De toute façon, les idées ne nourrissent pas son homme, encore moins un empire comme le sien. Deux choses demeurent, le talent et l'argent. Et que le meilleur gagne et surtout dépense beaucoup d'argent ! Vive les fêtes, les collections de haute-couture, prêt-à-porter, colifichets, foulards, meubles, restaurants-cantines pour yuppies... et aujourd'hui bijoux pour la bonne cause, l'Unesco. Avec Cardin comme faire-valoir tout se vend, à New- York, Tokyo, Brive-la-Gaillarde, même les stylos à 30 francs ! Comblé, Pierre Cardin endosse sa fonction d'ambassadeur avec ce professionnalisme infaillible. Ne se cantonne pas dans la création d'une seule médaille, généralement réservée au fond de tiroirs, mais fabrique broches, pendentifs, statuette, pin's vendus donc au profit du programme l'Unesco- Tchernobyl. Demain, ou plutôt en 1992, cet intarissable créateur partira, pour l'Unesco toujours, sur les routes de la soie, entraînant dans son sillage les VIP du monde entier. Assis sur cette terrasse de la Tour Rose, Pierre Cardin se souvient des catacombes de Saint-Bonnet-le-Château, mais aussi ce fameux défilé, présenté en avant-première, en 1978 à Satolas, où il avait invité la presse du monde entier, dans l'espoir de réveiller les soyeux, de faire de Lyon une Côme. Rêve sans lendemain, retour au train-train. La soierie a raté le coche des années quatre-vingt, pas les Italiens qui imprimaient déjà par dizaines les coloris les plus fous. Mais qu'importe ! Sur la route de la soie, Lyon figurera peut-être, si Pierre Cardin le décide, les Lyonnais prendront peut-être leur bâton de· pèlerin... Comblé, mais pas rassasié cet homme à des projets à re-vendre ! Source : "Maximilien Cardin : Cardin côté jardin" / [Nadine Fageol] in Lyon Figaro, 16 mars 1991, p.52.
note à l'exemplaireCe reportage photographique contient 45 négatifs.

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