[Funérailles de Charles Béraudier]

[Funérailles de Charles Béraudier]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPTP0466 03
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historiqueCharles Béraudier, président du Conseil régional Rhône-Alpes est décédé le 16 octobre 1988, à l'âge de soixante-huit ans. La veille de sa mort, samedi 15 octobre, il avait participé à la visite présidentielle de François Mitterrand, à Oullins, à Villeurbanne puis à Bron, avec les ministres et les élus locaux. Tous se souviennent d'avoir échangé avec lui des propos aimables et des poignées de main dont personne n'imaginait qu'ils pourraient être les derniers. Le 16 octobre, à 9h30, il quittait son domicile pour se rendre à l'Hôtel de ville. Depuis la mort de son épouse, sa fille, elle-même en instance de déménagement, était provisoirement auprès de lui. A la mairie, il était venu chercher quelques dossiers et a rencontré à ce moment là, Jean Généty, "adjoint d'astreinte" ce jour-là. C'est à 13h10 exactement, que sa mort a été déclarée. Le communiqué officiel précise que Charles Béraudier a été pris d'un malaise sur la voie publique, en fin de matinée, rue Edison, près de la place Voltaire, dans le troisième arrondissement. Les services de secours appelés d'urgence n'ont pu le sauver et ont diagnostiqué une crise cardiaque. Le corps de Charles Béraudier a alors été transporté à l'Institut médico-légal, comme c'est le cas pour tout décès sur la voie publique. Deux ans auparavant, le "patron" de la région avait déjà eu un malaise cardiaque devant les grilles de l'hôtel de ville. Seule la rapide intervention du SAMU avait permis de le sauver après une longue hospitalisation. Mais Charles Béraudier n'était pas pour autant à l'abris de nouveaux coups durs. Au début du mois de juillet, la mort de son épouse n'avait pu qu'ajouter une certaine fragilité personnelle dont il avait une conscience aiguë. En fait il ne s'était jamais vraiment remis cette disparition. Le 16 octobre, en milieu d'après-midi (avant que sa dépouille ne soit transféré à la chapelle de l'Hôtel-Dieu à l'Institut médico-légal) à l'hôpital Edouard-Herriot, sa famille, son entourage et certains élus (Francisque Collomb, Henry Bailly, André Soulier, Michel Noir, Charles Millon, Charles Hernu, Bernadette Isaac-Sibille...) sont venus, incapables de cacher leur peine, se recueillir auprès de celui qui avait été leur parent, leur collègue et leur ami, de celui qu'ils appelaient affectueusement "BéBé". Source : Lyon Figaro, 17 octobre 1988.
historiqueUne homélie qui a incontestablement touché l'assistance par sa densité et sa simplicité et quatre discours officiels à la fin de la cérémonie : l'hommage rendu à Charles Béraudier a été solennel sans perdre son caractère familial. On attendait, il est vrai, au moins un représentant gouvernemental, un secrétaire d'Etat aux Anciens combattants ou aux collectivités territoriales, mais Parts a joué la carte de l'absence. Argument officiel : le Conseil des ministres s'est prolongé fort tard et, ensuite, Michel Durafour se devait d'être présent à l'Assemblée nationale pour répondre aux questions d'actualité. S'il est vrai que l'ancien président de la Région avait une vraie raison pour être retenu, les secrétaires d'Etat ne siégeant pas au Conseil des ministres, cette absence a été ressentie comme une véritable inconscience vis a vis du fait régional et comme un geste de désinvolture à l'égard de la deuxième région de France. Les barons historiques du gaullisme étant également absents, c'est donc "en famille" qu'ont été célébrées les obsèques du président de la Région. "L'amitié était son charisme, et le service politique sa passion." En deux phrases d'une homélie lourde de signification et de symboles, le père Emmanuel Payen a placé l'action et l'engagement de Charles Béraudier à son niveau le plus élevé, celui qui l'avait guidé dans la Résistance. "Chrétien, patriote, la Résistance a été naturellement pour lui le combat pour la liberté et la vérité... Car la Résistance d'hier pour libérer l'homme de l'asservissement est et sera toujours d'actualité même si les idoles d'hier ont changé d'aspect et peuvent être aujourd'hui: le pouvoir pour Je pouvoir. ou telle ou telle idéologie... Rendons grâce au Seigneur pour monsieur Béraudier et tous ceux qui, par leur honnêteté, leur tolérance, leur humanité tout emplie de foi chrétienne, leurs sens du service et du dialogue, sont des bâtisseurs de ponts et des artisans de paix." A l'heure des éloges funèbres. Charles Millon, député-maire de Belley, parlait en ami : "Au lendemain de la guerre, sa résolution est prise, il consacrera sa vie au service des autres, en s'engageant dans l'action politique. Ce n'est pour lui ni une carrière ni un métier, c'est une vocation. Dans cet esprit, il assumera tous les mandats, il ne recherchera ni les honneurs ni les promotions. Son seul souci était d'être utile et de rendre service aux plus pauvres, aux plus déshérités de ses concitoyens." Alain Mérieux, premier vice-président de la Région, en proche collaborateur : "Il voulait faire de Lyon et de Rhône-Alpes une grande ville et une grande région de l'Europe et du monde. II avait compris les évolutions indispensables et les nécessaires mutations pour relever ce défi. Pour réaliser cette ambition, il est allé courageusement et lucidement au bout de ses forces." Et Francisque Collomb en intime : "il existait entre nous soixante années de fraternité..." Le sénateur-maire de Lyon, sans cacher "sa peine cruelle et sa douleur" disait aussi son inquiétude : "Charles Béraudier nous manquera beaucoup et particulièrement dans un avenir tout proche... Je puiserai dans nos souvenirs communs, le courage, la persévérance, la détermination nécessaire pour les tâches à venir... Nous demeurerons dignes de ta sagesse." Bien plus dense et plus émouvante encore, c'est la prière d'Aurélie (la petite-fille de Charles Béraudier) lue par le père Emmanuel Payen, qui a bouleversé l'assistance : "Mon Dieu, tu sais que je pourrais t'en vouloir car, il y a trois mois, tu nous à pris Muttv, et aujourd'hui c'est Dadou qui s en va. Tu nous les as pris et on avait encore tellement besoin de leur amour... Je sais que Dadou ne nous fera plus rire comme il savait si bien le faire, plus jamais n'existeront ces sourires complices qui nous unissaient. On le disait imposant, il l'était dans ses formes mais surtout dans ses actes. Pour mon grand-père, je te demande, Seigneur, que fidèles à l'esprit qui l'a toujours animé, les hommes s'entendent et se retrouvent unis dans Ta paix." Source : "Adieu Charles..." / J.P. [Jeanine Paloulian] in Lyon Figaro, 20 octobre 1988, p.1-3.
note bibliographique"La région au complet" / C.L. [Catherine Lagrange] in Lyon Figaro, 20 octobre 1988, p.3. - "Recueillement et solennité" / Philippe Gonnet, in Lyon Figaro, 20 octobre 1988, p.3.

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