[Felix Benoît, historien et critique gastronomique]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTP0387 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historique Sainte Zita, la matelote d'anguilles, la grande peste qui décima les Lyonnais en 1628, Gutemberg, le pont des Arts, le sculpteur forézien Bonnassieux, la chartreuse de choux frisé, le goût marqué de l'empereur Claude pour la couleur violette, l'adresse du (dernier ?) tatoueur de Lyon, rue Fernand-Rey... Il y a là quelques uns des grands et petits sujets abordés par l'Almanach du Lyonnais, version 1994. Sans oublier une bonne dose de mots croisés, une copieuse cargaison de rébus, une robuste rasade d'apophtegmes et... la liste des restaurants lyonnais en l'an de grâce 1923. Morateur et la Mère Filloux y faisaient encore bonne figure, Brazier y était déjà, mais Bocuse n'était cité que pour sa friture... On l'aura compris, comme ses huit devanciers, dont beaucoup sont d'ores et déjà épuisés, le neuvième almanach concocté par Félix Benoit et publié par les Editions, des Traboules, contient le même savant dosage d'érudition et d'humour, toujours agrémenté d'un florilège de savoureuses iconographies, puisées dans les illustrés de jadis. Erudition et humour mêlés ! "Est-ce possible à Lyon ?", diront les esprits chagrins ou simplement observateurs. Félix Benoit est l'exemple (bien) vivant, que cela peut exister. Evoluant au milieu de ses collections diverses et variées, dont l'éclectisme reflète celui de leur propriétaire, l'oeil vif et malicieux, le trait d'esprit au bord des lèvres, prêt à fuser, celui qui observe la vie lyonnaise depuis plus d'un demi-siècle l'annonce d'emblée : "l'humour est une forme de vertu". Pour ajouter aussitôt : "mais je suis bien plus sérieux qu'on ne le dit." Et d'évoquer sa naissance, l'année de Verdun, dans l'immeuble qu'il habite encore, construit par un sien grand-père, venu de sa Creuse natale et s'étant fait une spécialité de la construction à Lyon, des cheminées d'usine. "Ce qui fait que je descend du plus grand fumiste lyonnais de l'époque". Si le petit Félix fréquente le lycée Ampère, il fréquente tout aussi assidûment le marché aux puces de la place Rivière, où se forge son goût pour les livres, les objets hétéroclites, les traces du passé. Licence de droit en poche, il affronte... une nouvelle guerre. Mobilisé, prisonnier, il s'évade et se retrouve... demandeur d'emploi. L'administration recrute. Il se retrouve dans la police. Avant et pendant la Libération, qu'il vit à Annecy, en pleine épuration : "j'ai vu des horreurs. C'est peut-être grâce à l'humour que pu continuer". 1947 : Félix Benoit devient commissaire de l'Air à l'aéroport de Bron. Un refuge. Une sinécure. "J'étais un peu comme Courteline dans son ministère des Cultes. Il y avait peu d'avions à Bron. Aussi ai-je pu commencer à écrire, tout en continuant à monter de nombreux canulars." Ainsi l'arrestation place des Célestins, par le commissaire Benoit et ses hommes, d'un dangereux malfrat : Pierrot les grandes oreilles. En fait un comparse, grimé et affublé de grandes oreilles en carton. La presse se fait l'écho de ce fait d'armes. Mais le préfet n'apprécie guère et demande à son fonctionnaire d'arrêter de telles "singeries". Qu'à cela ne tienne : le commissaire Benoit va présider pendant trente-quatre ans l'Association des humoristes lyonnais, fonder l'Ordre du Clou en 1952, avec cet autre grand humoriste trop oublié : Justin Godard, obtenir le poste envié de Commandeur exquis au Collège de Pataphysique, en attendant le Prix Rabelais et, en 1992, le très sérieux Prix d'honneur, de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon. Avec médaille d'or. Car, c'est tout entier vers l'écriture que s'est tourné le commissaire dilettante. Avec divers guides historiques locaux pour Flammarion. Avec une biographie du fameux restaurateur Fernand Point, illustrée par Dunoyer de Segonzac. Avec divers articles dans la presse (dont un jeu-concours érudit, "On a volé le cheval de Bronze", paru dans le Journal Rhône-Alpes). Avec, déjà, un Almanach des maires et conseillers municipaux de la France entière, préfacé par Herriot, qui paraît trois ans de suite, à la satisfaction générale des élus. Une sorte de préfiguration à l'Almanach du Lyonnais, qui occupe maintenant une bonne moitié d'année, dans la vie bien remplie de son auteur : "je fais ça comme un tricot". Un auteur qui assure aussi une chronique gastronomique régulière et se passionne de plus en plus pour des sujets plus sulfureux : la diablerie, la démonologie, les choses bizarres. Surtout quand elles sont lyonnaises. Ce qui l'a conduit à écrire, il y a quelques mois, un "Lyon secret", qui a remporté un joli succès. Alors, humoristes les Lyonnais ? "J'en ai rencontré très peu au fil de mon existence. Mais des vrais, des sincères, des grands. Surtout dans le domaine de l'art graphique, comme avec Roger Sam ou Dubouillon. Mais, la plupart du temps, l'humoriste lyonnais se dissimule, cache soigneusement son humour, qu'il réserve pour le privé, sous le manteau. Que voulez-vous, s'il est notaire ou banquier, cela nuirait à sa carrière !". Source : "L'humour pour vertu" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 30 décembre 1993, p.22.
note bibliographique Lyon secret / Felix Benoît, 1993 [BM Lyon, 6900 Z0 BEN]. - Almanach du Lyonnais et du Beaujolais, éd. 1994 [BM Lyon, 954435].

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