[Squatt de l'immeuble du "Rap'thou", rue de Thou]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTL0200 23
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historique La Croix-Rousse, ce quartier pauvre mis à sac (sic) dans la nuit du 14 au 15 mars 1992... Non, il faudrait tout de même stopper les frais ! Les événements qui ont opposé squatters et policiers ont été violents, mais les Pentes tiennent toujours debout et les Canuts ne se sont pas retournés dans leurs tombes. En revanche, s'il y a un personnage qui a dû tressaillir dans son cercueil, c'est bien la baronne Dorothée Petit. A la fin du XIXe siècle, cette figure de la noblesse de la petite commune d'Irigny avait fait don d'un immeuble à une association charitable qui porte toujours son nom. Ironie du destin, c'est justement "son" immeuble de la rue de Thou, le "Rap'thou", qui servait de "lieu de vie" à une grande partie des squatters qui ont eu maille à partir avec les policiers. Le 16 mars, "l'usine", comme l'avaient aussi baptisée ces locataires sans le sou, a définitivement tourné une page de son histoire. A l'heure du laitier, des huissiers, encadrés par des policiers, ont procédé aux formalités juridiques de "réappropriation" des bâtiments. Puis les forces de l'ordre ont vidé tous ses occupants illégaux, trente-deux squatters précisément, dont aucun n'a fait l'objet d'une poursuite judiciaire. Quatorze d'entre eux étaient d'origine étrangère, dont huit Suisses résidant habituellement dans un squatt de Genève et venus à Lyon pour "faire du tourisme". Le ménage fait, légalement d'ailleurs puisque nous étions au lendemain de la date légale de reprise des expulsions, le "Rap'thou" a été placé sous haute surveillance toute la journée. Pas moins de sept cars bondés de CRS ont stationné dans les parages, le temps que des maçons s'emploient à murer les fenêtres et les portes de l'immeuble. En fin de journée, les squatters, alternatifs et autres libertaires, qui n'avaient guère donne signe de vie jusque-là, se sont rassemblés place Chardonnay pour protester contre les expulsions matinale et réclamer "la libération de quarante personnes dont trois mineurs, toujours jours détenues par la police". En fait, seuls deux des treize squatters placés en garde à vue à l'issue des confrontations de la nuit du 14 au 15 mars ont eu maille à partir avec la justice. L'un a été inculpé de "dégradations, vols et rébellion" ; l'autre, de "coups et blessures volontaires à agent de la force publique, dégradations et outrage". Tard dans la soirée, ils ont été remis en liberté par le tribunal et seront jugés ultérieurement sur le fond. Tous deux risquent une peine de prison ferme, si l'on s'en tient au jugement prononcé en décembre 1990 pour une affaire similaire. En attendant, cette affaire dont on a pas fini de parler sur les Pentes repose avec fracas le problème des squatts lyonnais. Rien de très nouveau sous le ciel croix-roussien. A intervalles réguliers, les squatters se payent une expédition policière et se voient délogés de leur pied à terre parfois douillettement aménagé. Il y a deux ans, c'est un immeuble de la place Morel appartenant à CoUrLy que l'on murait -rien n'a été entrepris depuis... - puis, en 1991, rue Ozanam, sur le plateau de la Croix-Rousse. "Aujourd'hui c'est le Rap'thou et demain ce sera un autre", proteste Yves, un leader. "De toute façon, on ne règle rien car on se relogera à la Croix-Rousse" [...] Source : "Les squatters sur la mauvaise pente"/ Pierre Perret in Lyon Figaro, 17 mars 1992, p.4-5.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP05069.
note bibliographique Lyon Figaro, 16 mars 1992.

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