[Mur peint des Canuts]

[Mur peint des Canuts]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTL0200 20
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historiqueLe Mur des Canuts, plus grand mur peint en trompe-l'oeil de l'hexagone (1198 mètres carrés). Réalisation : Avenir et atelier Cité de la Création ; 20 août-23 novembre 1987 (rénové en 1997). Inauguration : 1er décembre 1987.
historiqueLe mur des Canuts a été réalisé en trompe-l'oeil par la Cité de la Création (coopérative d'artistes). Les artistes de la Cité de la Création ont acquis leur renommée en partie grâce à ce "mur des Canuts", qui a été une de leurs premières réalisations, et reste une de leurs oeuvres majeures. Réalisée en 1986, cette peinture a été revue en 1997 et 2002. Ce mur de plus de 1200 mètres carrés a longtemps été le plus grand mur peint en trompe-l'oeil d'Europe. Les canuts étaient les ouvriers tisserands de la soie sur les machines à tisser. Ils se trouvaient principalement dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon (France) au XIXe siècle. Même s'il s'agit d'une appellation typiquement lyonnaise, on parle de canuts jusqu'à L'Arbresle.
historiqueLa réputation de Lyon ville grise aurait-elle vexé ses élus et ses décideurs ? Peu à peu, plans de réhabilitation aidant, les quartiers tombent un par un sous le pinceau des artistes du bâtiment. Lyon pavoise désormais dans des couleurs de guimauve, l'ocre le dispute au rosé pour donner à la métropole des allures de cité latine. Mieux, au fronton de certains immeubles exposés, le passant voit fleurir depuis quelques années de véritables fresques. A l'origine de ces réalisations, des sponsors et des artistes, qui font pour des motifs divers la promotion de cet art urbain : la peinture murale. Entre la façade en faux graffiti, façon métro new-yorkais ou mur de Berlin à la scène un peu folklorique, tous les genres co-existent : vignette BD géante, tableau fantastique et surréaliste, abstraction grand format... Instigateur de l'initiative pour la nouvelle fresque de 1008 mètres carrés qui s'étale à présent sur les immeubles no.12 et 14 à l'angle du boulevard des Canuts et de la rue Pelletier, le bureau de la société Avenir a déclenché les travaux en août 1987. Philippe Quiquandon officie au sein du staff Avenir. Pour lui, les ambitions d'un géant de l'affichage doivent concerner aussi bien les panneaux, que le support... d'où l'idée de s'attaquer aux murs eux-mêmes. Mots d'ordre : valorisation des espaces et intensification des aménagements propices à une meilleure intégration urbanistique de l'espace publicitaire. Quel meilleur sujet pour cette "plus grande fresque de France" que le folklore de la ville. Dans la bonne tradition croix-roussienne, on retrouve plusieurs personnages typiquement lyonnais issus des imaginaires populaires locales : Guignol, Gnafron, la mère Cotivet et le gendarme de service. Malgré la candidature de plusieurs cabinets d'architecture parisiens, la conception du projet a finalement été confiée à Gilbert Coudène, de la société Cité de la Création, à Oullins. Le choix définitif, établi en concertation avec les élus lyonnais a permis de départager plusieurs projets aux réelles qualités inventives et artistiques. Après plusieurs mois de travaux nécessitant un matériel très inhabituel, notamment l'échafaudage gigantesque et les protections de plastiques destinées à éviter les incidents pendant la réalisation, la fresque, achevée en octobre 1987, a enfin pu être inaugurée. Réalisée en trompe-l'oeil, la fresque respecte scrupuleusement les couleurs et les caractéristiques de l'architecture croix-roussienne. Les personnages sont des figurines en relief, dans des plaques de PVC. Posées sur tiges filetées et équipées de prises d'air, les personnages seront pivotants, comme des géants s'interpellant à leur fenêtre. Bois peint pour les personnages, murs peints et en bas des murs, six emplacements de panneaux publicitaires muraux fondus au décor, à deux mètres du sol. Pour en arriver là, il aura fallu une négociation entre la société Avenir et deux régies de co-propriétaires des immeubles concernés. Un accord facilité par la prise en charge des frais de ravalement (obligatoire tous les dix ans sur le secteur de la Croix-Rousse) par la société Avenir... Côté travaux, les écueils techniques auront exigé la présence permanente d'une équipe de dix intervenants, afin de conduire les diverses opérations de base. Après le "rattrapage" de l'ensemble de la maçonnerie de la façade, destiné à unifier la surface à peindre, les techniciens ont effectué le traçage des motifs, sur une quinzaine de jours. Avant l'application des couleurs [...], l'équipe du bâtiment a badigeonné une couche de pré-encollage, puis deux sous-couches et enfin deux épaisseurs de vynil acrylique sur lesquelles ont été fixées les figurines peintes et mobiles. Le budget consacré à cette opération d'envergure se monte à 500.000 francs, dont l'amortissement a été planifié sur une dizaine d'années. Une nouvelle ouverture sur le plan du marketing, mais aussi un "plus" pour les habitants du quartier qui retrouvent les personnages colorés de la culture populaire lyonnaise. Plusieurs municipalités voisines envisagent à leur tour la réalisation de fresques sur des immeubles situés en zone de fort passage. La Tout-du-Pin devrait prochainement consacrer un de ses murs à la peinture murale et Oullins, précurseur voici plusieurs années, semble décidé à continuer dans cette voie en élargissant son patrimoine "fresque". En plein réaménagement le quartier du boulevard des Canuts devient, grâce au décor de ces deux immeubles, un espace publicitaire de pointe. Source : "La pub trompe-l'oeil" / Pascaline Dussurget in Lyon Figaro, 7 décembre 1987.

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