[Espace des Droits de l'homme]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTL0061 24
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historique Espace des Droits de l'homme du Parc de la Tête-d'Or. Claude Mouchikhine, architecte ; 1989.
historique Le comité central de la Ligue des droits de l'homme vient de prononcer la dissolution de sa fédération du Rhône. Histoire de se décharger de la responsabilité d'une sombre ardoise de 800.000 francs laissée impayée par les responsables du Rhône. Epilogue ou peut-être seulement énième épisode de l'affaire du monument des Droits de l'homme érigé à Lyon en 1989. L'histoire avait pourtant bien commencée. Dans l'effervescence de la célébration du bicentenaire de la Révolution française, l'antenne départementale de la Ligue des droits de l'homme décide de construire un gigantesque mémorial des droits de l'homme à Lyon. L'idée séduit d'emblée Michel Noir, mais également nombre de personnalités, qui se retrouveront toutes le 10 décembre 1989, date anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme à l'ONU, au parc de la Tête-d'Or pour l'inauguration en grande pompe de l'Espace des droits de l'homme, Autour de cette construction monumentale composée de huit monolithes et d'une table en granit gris clair sur lesquels sont gravés les dix-sept articles et le préambule de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, on retrouve le maire de Lyon et Bernard Kouchner, mais aussi Harlem Désir, président de SOS-Racisme, Jean-Pierre Bloch, président de la Licra, le Cardinal Decourtray, ou encore le président polonais du comité d'Helsinki. La Ligue des droits de l'homme, initiatrice du projet, est seulement représentée par son responsable régional, Christian Melet. Les responsables nationaux brillent par leur absence. Histoire de montrer qu'ils n'ont pas été associés à un projet qu'ils n'approuvent pas. Coût de l'opération : 2,5 millions. Les problèmes arrivent avec la facture des établissement Rabeyrin d'Yssingeaux qui ont réalisé le monument. La Ligue des droits de l'homme du Rhône est dépassée par les événements. Elle comptait sur une souscription populaire qui se révèle peu généreuse. Les instances nationales rejettent toute responsabilité dans cette affaire. La Ligue du Rhône se retourne alors vers les collectivités locales. A Lyon, Michel Noir et son adjoint aux Droits de l'homme, Alain Jakubowitz, s'étaient engagés à fournir le lieu d'implantation du monument, ainsi qu'une subvention, En offrant un espace au parc de la Tête-d'Or ainsi que 300.000 francs, la municipalité a le sentiment d'avoir respecté ses engagements et précise "qu'il n'a jamais été question de faire de ce monument une opération Ville de Lyon". Elle consent cependant à un effort supplémentaire en votant une nouvelle subvention de 265.000 francs. Le Conseil général ainsi que d'autres municipalités de l'agglomération seront sollicités après coup, pour participer aux frais, mais "trouvent un peu dur de subventionner une opération qui a largement été récupérée par la Ville de Lyon et son maire". Le Conseil général finit quand même par accorder une aide de 168.827 francs. Toujours est-il que les subventions des uns et des autres ne parviendront pas à régler la note en totalité, laissant une ardoise de plus de 800.000 francs au tailleur de pierre. En désespoir de cause, les Etablissements Rabeyrin se tournent vers la justice. Et le tribunal des référés condamne, en juin 1990, la fédération du Rhône de la Ligue à payer 600.000 francs à titre de provision. Mais les caisses de la Ligue sont vides. Son responsable, Yannick Raveniaud est démissionnaire. Et la facture reste impayée. Rabeyrin finit par déposer son bilan. La liquidation judiciaire est prononcée le 5 juin 1992. Deux ans et demi après la fameuse inauguration, la Ligue nationale des droits de l'homme commence à se pencher sur l'affaire et décide de faire le ménage dans le Rhône. Pourquoi avoir tant attendu ? "On a pris le temps d'auditionner tout le monde", explique tranquillement Philippe Blain, de la Ligue nationale. Elle ne veut plus entendre parler des responsables départementaux de la ligue, à savoir Daniel Mussela et l'architecte du projet Claude Mouchikine, qui se sont faits étrangement silencieux pendant toute cette affaire. Mais on leur laisse l'entière responsabilité personnelle des suites financières et judiciaires de celle affaire. "Nous n'avons jamais été associés à ce projet et nous n'approuvons pas ce genre d'opération fastueuse et coûteuse. Nous préférons aller travailler sur le terrain, à Vaulx-en-velin. Nous ne nous serions jamais engagés sur de telles dépenses qui représentent les deux tiers de notre budget annuel de fonctionnement. Les droits de l'homme, c'est bien autre chose", explique-t-on encore à Paris où l'on s'emploie maintenant à restructurer l'antenne départementale. Pendant ce temps, au parc de la Tête-d'Or, les joggers comptent les tours en récitant le préambule de la Déclaration des droits de l'homme. Source : "Le monument coule de la Ligue" / Catherine Lagrange in Lyon Figaro, 30 juillet 1992, p.2.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP05437.

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