La Bible de Salvador Dali

[L'Apocalypse]

La Bible de Salvador Dali
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0702 B01 02 522 00001
technique1 photographie négative : noir et blanc ; 6 x 6 cm
descriptionAu centre, au premier plan : Joseph Foret, éditeur d'art, discutant avec Louis Pradel. A ses côtés, son épouse Renée Foret (femme portant des lunettes).
historique[Le 11 juillet 1961], place des Terreaux, arrivait, escorté de la police motorisée, un camion Berliet d'un type inhabituel : ce 15 tonnes ne mesurait pas moins de dix mètres de long. A l'arrière, un panneau non moins singulier : "Prudence ! Je transporte une bibliothèque de 650 millions de francs ainsi que le livre le plus cher du monde". Les curieux eurent droit, alors, à un spectacle parfaitement orchestré : sept hommes portant sur un brancard le monstrueux ouvrage jusque dans l'atrium de l'Hôtel de Ville. A partir de 16h, et durant un couple d'heures, un choix d'invités privilégiés furent admis à contempler cette oeuvre phénoménale, présentée en piéces détachées : la couverture, enfermée dans une sphère de plexiglas, "l'ovocipède" (conçue par Salvador Dali), puis des pages fixées sur des panneaux, enrobées également de plexiglas. Ce livre arrivait précédé d'une publicité surprenante. Il n'était point une révélation par son contenu puisqu'il s'agissait de "l'Apocalypse". On comptait sur d'autres arguments pour frapper le public : "Le livre qui étonne le monde entier. Prix 100 millions. Poids actuel 210 kg." Nul n'ignore que l'éditeur de cet "ouvrage monument", M. Joseph Foret, eut l'idée de recourir pour l'illustrer, aux artistes les mieux placés, sinon toujours pour traduire le surnaturel, du moins pour susciter la curiosité des foules : Bernard Buffet, Leonor Fini, Foujita, Mathieu, Trémois, Zadkine... La couverture elle-même résume l'art un peu spécial de Salvador Dali : un mélange suspect de bronze et de pierres précieuses, où les symboles sacrés voisinent, on ne sait pourquoi, avec des fourchettes... M. Pradel n'avait pas voulu se dérober à ses devoirs de maître de maison. Il était présent à cette réception où M. Carteron, président du Conseil général, et de nombreux édiles lyonnais côtoyaient les notoriétés de la Publicité, de l'Edition et de la Presse. Devant les panneaux où s'étalaient le meilleur et le pire, les organisateurs avisés rappelaient que la même exposition, au musée d'art moderne de Paris, avait battu un autre record : celui des entrées de visiteurs. Idem dans la crypte du Sacré-Coeur de Montmartre. Deux heures seulement auront suffi à Lyon pour épuiser l'étrangeté de ce spectacle. Le 15 tonnes Berliet, toujours escorté de ses motards, reprenait, dès le soir, la route d'Aix-les-Bains, où, de cette manière, sera commémorée l'arrivée, en France, de la première presse exportée par Gutenberg, sur l'initiative du Savoyard Guillaume Fichet, et l'installation, à Chambéry, de la seconde presse de Gutenberg par un autre Savoyard, Anthelme Neyret, au début du XVIe siècle. Avant la fin de l'année, cette "Apocalypse" atteindra Tokyo... Les connaisseurs se penchèrent de préférence sur les parchemins eux-mêmes, fabriqués par le dernier "parcheminier" de France : Bodin-Joyeux de Levroux, dans l'Indre. Enfin, quelques amateurs d'art, plus ou moins rebelles aux exercices de Mathieu ou aux parodies de Bernard Buffet, s'attardèrent devant une gravure datée de 1631, extraite de la première "Apocalypse" imprimée à Lyon et illustrée par Jehan Duvet. Mais pourquoi "l'Apocalypse" ? Il est vrai que les monstres symboliques jouent un grand rôle dans le livre de saint Jean. Source : L'Echo-Liberté, 12 juillet 1961.
historiqueLa bible de Salvador Dali, présenté durant 2h à un nombre limité d'invité ce 11 juillet 1961, sera de nouveau exposé quelques mois plus tard à Lyon, au début de l'année 1962. "Ce chef-d'oeuvre de l'artisanat français exposé jusqu'au 22 janvier [1962] rue Saint-François-de-Sales sous l'égide de l'association Art et Charité est composé de peintures sur parchemins [...] Il a fallu trois ans à l'éditeur Joseph Foret pour réaliser ce livre qui pèse 210 kilos. La couverture est formée d'un bas relief en bronze crée par Salvador Dali [...] Louis Foret a fait appel à sept peintres illustres : Salvador Dali, Foujita, P.-Y. Trémois, Leonor Fini, Bernard Buffet, Mathieu et Zadkine. Le texte de l'Apocalypse a été transcrit en deux ans par Micheline Nicolas. [...] Sept écrivains : Jean Cocteau, Jean Rostand, Daniel Rops, Ernst Junger, Jean Giono, Jean Guilleton, E.-M. Cioran ont écrits des textes sur "L'Apocalypse et notre siècle", leurs manuscrits sont accompagnés d'illustrations de Roger Lersy, Ernst Fuchs, Michel Ciry. Source : L'Echo-Liberté, 16 janvier 1962.
note à l'exemplaireLe titre principal de la photographie reprend les annotations de Georges Vermard sur les pochettes de négatifs. Dans le cas contraire, il a été forgé par la Bibliothèque de Lyon et placé entre crochets.
note bibliographique"Dans l'atrium de l'Hôtel de Ville, le livre le plus lourd, le plus cher, sur un air d'apocalypse" in L'Echo-Liberté, 12 juillet 1961. - "Le livre qui étonne le monde entier : L'Apocalypse à nouveau à Lyon" in Dernière heure lyonnaise, 16 janvier 1961.

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